Les présidents de la Côte d’Ivoire, du Niger et de la Guinée, récemment élus dans des circonstances parfois douloureuses, sont les invités exceptionnels du sommet du G8 qui se tient à Deauville (France) les 26 et 27 mai.
Selon la présidence française du G8, ces trois ex-colonies de la France qui ont élu à leur tête Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Alpha Condé (Guinée) en novembre 2010 et Mahamadou Issoufou (Niger) en mars 2011, « ont des parcours démocratiques exemplaires ».
Ils retrouveront à Deauville d’autres dirigeants des pays africains à l’origine de la création du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) que sont l’Algérie, l’Egypte, l’Ethiopie, le Nigeria, le Sénégal et l’Afrique du Sud.
Les partenariats G8-pays arabes d’un côté, G8-Afrique de l’autre, seront au coeur de la deuxième journée du sommet qui « porte une double signature de l’hommage des pays du G8 aux démocraties émergentes, dans le monde arabe comme en Afrique », selon la présidence française.
« Pour la première fois, et c’est la novation de ce G8, nous avons réussi à négocier ensemble entre pays africains et pays du G8 la déclaration » qui sera publiée à l’issue de la rencontre, se félicite-t-elle.
« De plus en plus, dans ce partenariat, au-delà de l’aide publique qui reste indispensable, les pays africains demandent de l’investissement, de la formation, de la création d’entreprises », ajoute-t-elle.
Outre les questions économiques, dirigeants africains et occidentaux évoqueront les crises les plus graves du continent dont celles du Soudan, de la Somalie et du Zimbabwe. C’est la première fois que MM. Ouattara, Condé et Issoufou participeront à un tel sommet depuis leur élection.
Alassane Ouattara prend la tête d’un pays meurtri par plus de dix ans de crises politico-militaires, dont la plus grave vient de s’achever avec son investiture samedi à Yamoussoukro. Son prédécesseur Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2002, avait refusé de reconnaître la victoire de M. Ouattara au 2ème tour de la présidentielle du 28 novembre, entraînant la Côte d’Ivoire dans un nouveau cycle de violences qui, en près de cinq mois, ont fait quelque 3.000 morts.
Alassane Ouattara n’a pu accéder à la présidence que grâce au soutien militaire décisif de la France et de l’ONU qui a abouti à l’arrestation, le 11 avril à Abidjan, de M. Gbagbo, aujourd’hui en résidence surveillée.
« Le peuple s’est battu pour sa souveraineté, pour la légalité », « l’exemple de la Côte d’Ivoire est un signal très fort pour la démocratie », il montre « que l’Afrique entre dans une nouvelle phase, les gens ne veulent plus de dictatures », déclare Anne Ouloto, porte-parole de M. Ouattara.
En Guinée voisine, marquée par 50 ans de dictatures civiles et militaires, Alpha Condé est devenu le premier président démocratiquement élu le 7 novembre, à l’issue d’un processus électoral laborieux, également marqué par des violences politico-ethniques, d’ampleur moindre qu’en Côte d’Ivoire. Son adversaire malheureux, Cellou Dalein Diallo, qui avait reconnu sa défaite, dénonce aujourd’hui une dérive autoritaire du pouvoir de M. Condé, ce dont ce dernier se défend.
Quant au Nigérien Mahamadou Issoufou, il a été élu le 12 mars après une période de transition militaire née d’un coup d’Etat ayant renversé en février 2010 Mamadou Tandja qui, après dix ans de présidence, avait tout fait pour se maintenir au pouvoir.
En dépit d’importantes richesses minières, la Guinée et le Niger font partie des pays les plus pauvres au monde. La Côte d’Ivoire, elle, reste une puissance régionale mais la récente crise politique a porté un coup terrible à son économie.
Ces trois pays comptent sur l’aide des pays du G8 (près de 80% de la richesse mondiale), dont des ONG considèrent cependant qu’ils n’ont pas rempli leur engagement, pris en 2005, de doubler l’aide au développement de l’Afrique subsaharienne d’ici fin 2010.