Une délégation de cinéastes africains, conduite par le Secrétaire générale de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI), la sud-africaine Seipati Bulang Hopa, a rendu un dernier hommage à Charles Mensah, ancien président de ladite Fédération et par ailleurs ex- directeur général du Centre National du Cinéma Gabonais (CENACI) jusqu’en 2009, aujourd’hui Institut Gabonais de l’Image et du Son IGIS, décédé le 3 juin dernier des suites d’une courte maladie.
La délégation qui a été reçue à Libreville par le Directeur général de l’IGIS, Imunga Ivanga, s’est livrée à GABONEWS en indiquant qu’ « il était important » pour eux de rendre un dernier hommage à Charles Mensah. D’où leur présence à Libreville.
Ce cinéaste gabonais laisse un grand vide derrière lui, aujourd’hui, a-t-elle ajouté, « c’est pour nous une très grande perte parce que la dimension panafricaine et même mondiale de Charles Mensah dans le cinéma et dans les cinématographies africaine est immense. Mais je pense à juste titre que l’on ne se rend pas véritablement encore compte de l’impact de sa disparition, en tant qu’homme et en tant que cinéaste ».
Pour l’histoire, Seipati Bulang Hopa et le défunt Charles Mensah se sont rencontrés en 2006 alors que la Secrétaire général de la FEPACI venait d’être élue.
Les cinéastes se réunirent pour demander à Charles de se positionner à la présidence de la fédération alors qu’il n’était pas candidat. D’après certains membres de la délégation, il avait accepté pour de nombreuses raisons. Mais la plus importante, selon Balufu Bakupa-Kanyinda, cinéaste africain, par ailleurs, président de la Guilde (association des réalisateurs et producteurs africains résidants hors du continent NDLR), « c’est certainement parce qu’il était le seul capable d’accompagner une sœur dans cette tâche difficile. Il a accepté et durant ces 4 années, il a été au sommet, le mentor, l’ami de notre secrétaire général ».
« Nous voulions un président qui puisse accompagner notre Secrétaire général de façon plus claire, sans sexisme et intelligence. Nous voulions un président intelligent, élégant et généreux et Charles était la personne idéale », a-t-il ajouté.
De même, dira la secrétaire générale, «durant notre collaboration, j’ai découvert que Charles s’aimait lui-même car pour aimer les autres, il faut s’aimer d’abord et il voulait que tout le monde soit comme lui et c’était un homme ouvert ».
Aussi, Charles Mensah s’en va et laisse derrière lui un héritage notamment l’IGIS et la FEPACI. « Nous pensons également que cet héritage est resté dans de bonnes mains : ceux d’Imunga Ivanga. Le plus important est qu’il sache le transmettre à ceux qui viendront après nous. Cependant, nous sommes confiants parce que Imunga a les capacités de conduire cet héritage plus loin. Nous pensons que sa mémoire se doit d’être saluée à tout moment et je crois que nous le feront à chaque moment en tant qu’association ou fédération », a précisé Balufu Bakupa-Kanyinda.
Charles est l’une des personnalités africaines de premier plan. Il faisait partie des personnalités les plus importantes en Afrique. « Je pense donc qu’il est du devoir des autorités gabonaises de continuer à soutenir l’IGIS comme ils l’ont fait jusqu’ici, mais surtout de penser que la FEPACI a besoin de tous les gouvernements africains et principalement le gouvernement gabonais, car nous avons un nouveau président qui est jeune et qui aime le cinéma. Il se doit d’être présent à chaque fois que la FEPACI aura besoin de lui.
Aussi, il a tenu a souligné que l’on a souvent fait croire aux africains que leur problème était d’ordre économique, alors que le problème de l’Afrique c’est l’image. « Qu’elle image avons-nous de nous-même et ça, il n’y a que les cinéastes qui savent le faire. Quand on résoudra ce problème vous verrez que les problèmes de développement seront résolus », a-t-il conclu à son tour.
Pour sa part, le Directeur général de l’IGIS, Imunga Ivanga déclarera que « Charles Messah a eu pour action de faire naître et de faire grandir plusieurs d’entre nous. Je pense à Henri Joseph Koumba, à Roland Duboze, à Marcel Sandja, à moi-même (Imunga Ivanga NDLR), et à des jeunes comme Manouchka Labouba, Fernand Lepoko(…). Je pense que c’était une vocation pour lui, dans la mesure où, il n’a pas privilégié sa carrière, mais il s’était donné comme leitmotiv de faire éclore de nouveaux talents. Et pour cette raison, je pense que nous lui devons beaucoup ».
Grâce à lui, dira ensuite le successeur du défunt Charles à la tête de l’actuel IGIS, « le Gabon a pu avoir une représentation au plan africain et internationale à travers des co-productions ».
Ce qu’il faut retenir au moment où il décède, dans son action en étant président de la FEPACI, c’est que la fédération porte un projet de création d’un fond panafricain de financement du cinéma et de l’audiovisuel, pour permettre à ce que nous puissions avoir une plus grande autonomie dans la mesure où la plus part des fonds qui viennent soutenir nos productions viennent de l’occident », a conclu Imunga Ivanga.
Charles Mensah a été le coréalisateur d’Obali (1976), d’Ayouma (1977) et d’Ilombe (1978). Il a soutenu les longs métrages tels que les Couilles de l’éléphant de Imunga Ivanga, ou encore Orega qui a été entièrement financé par le CENACI sous sa direction.
Il a réalisé des films documentaires, produit et signé avec un collectif de réalisateurs gabonais une grande série télévisée à succès, L’Auberge du Salut (1994).
Hier encore, il a travaillait sur le film, le Collier de Makoko qui, à l’origine s’appelait, le Lion de Poubara
Charles Mensah s’est éteint le 3 juin dernier à l’âge de 64 ans après avoir passé plus de 25 ans à la tête du CENACI, il laisse une femme et des enfants.