Jean-Marie Bockel a exprimé, mercredi dernier à Paris, ses regrets de quitter le secrétariat d’Etat à la Coopération et à la Francophonie, tout en assurant être heureux d’avoir désormais à s’occuper des questions de Défense et des Anciens combattants dans le nouveau gouvernement français formé mardi soir, rapporte la PANA.
« Evidement, ce serait faire de la langue de bois que de voir que je ne regrette pas de quitter le travail que je fais à la Coopération », a-t-il dit, lors de la passation de pouvoir avec M. Alain Joyandet, nouveau secrétaire d’Etat français à la Coopération.
« Je voudrai dire que nous avons essayé, pendant les 9 mois passés à la Coopération, de renforcer l’efficacité de l’aide, de la bonne gouvernance en matière. Je pense qu’on a eu sur ce terrain un certain nombre de résultats », a-t-il expliqué.
Refusant de faire le lien entre son départ de la Coopération et l’agacement suscité par ses propos sur la Françafrique auprès de certains chefs d’Etat africains, M. Bockel a admis que les relations franco-africaines sont « un grand chantier » qu’il n’a pas eu le temps de poursuivre.
« Sur les relations avec l’Afrique notamment, nous avons un grand chantier. J’ai exprimé un certain nombre de souhaits. Je considère que le discours prononcé au Cap (Afrique du Sud) par le président Sarkozy sur l’Afrique est un grand discours, dans lequel je me retrouve pleinement », a assuré l’ancien secrétaire d’Etat français à la Coopération.
Selon le bimensuel La lettre du continent édité à Paris, Jean- Marie Bockel a dû quitter son portefeuille ministériel à la demande du président gabonais Omar Bongo Ondimba, qui n’avait guère apprécié ses critiques sur la gestion de la rente pétrolière par certains Etat africains.
Dans une charge très remarquée contre la Françafrique prononcée en janvier dernier, M. Bockel avait invité le président Sarkozy à ne pas plus « céder à un certain nombre de caprices (…) de certains pays qui ont (…) une rente pétrolière qu’ils ne consacrent pas aux investissements qu’ils nous demandent de financer ».
S’étant senti directement visé par ces propos, le gouvernement gabonais avait vivement réagi après un conseil des ministres extraordinaire, en qualifiant les propos de M. Bockel « d’inacceptables et de méprisants ».
« Si la France pense que l’Afrique lui coûte cher, il lui revient souverainement d’en tirer les conclusions sans être obligée de se justifier de façon aussi péremptoire », avait protesté le gouvernement gabonais, indiquant de que « le Gabon se réserve le droit de se tourner vers d’autres partenaires que la France ».
Le cabinet de l’ancien secrétaire d’Etat avait transmis mardi à la presse un important programme d’activités pour la Journée internationale de la Francophonie prévue ce jeudi, confirmant ainsi que M. Bockel ne s’était nullement préparé à quitter de ses fonctions à la Coopération.
« Je suis dans l’action. Je ne suis pas dans le commentaire. Le commentaire vous appartient », a-t-il déclaré mercredi à la PANA, en réponse à une question sur les raisons de son départ du secrétariat d’Etat à la Coopération.
Pour les observateurs des relations entre la France et l’Afrique, il ne fait aucun doute que Jean-Marie Bockel a été sacrifié sur l’autel de la Françafrique, plus de 26 ans après Jean-Pierre Cot, éphémère ministre de la Coopération de François Mitterrand.
Prenant ses distances avec son prédécesseur, M. Joyandet a déclaré, en prenant ses fonctions, qu’il ne fera que mettre en oeuvre, sous l’autorité de Bernard Kouchner, la politique de coopération définie par le président Nicolas Sarkozy.
« Le président de la République ayant tracé la voie, il ne me reste plus qu’à la suivre », a dit le nouveau secrétaire d’Etat là où son prédécesseur réclamait une accélération de la rupture dans les relations franco-africaines.
(Par Seidik Abba)