Ceci est un point de vue sur le changement intervenu à la présidence de la Commission de l’Union africaine.
En élisant le Gabonais Jean Ping à la tête de la commission panafricaine en remplacement du Malien Alpha Oumar Konaré (A.O.K.), poussé discrètement vers la sortie, le 10e sommet de l’UA tenu en son siège en début janvier 2008 vient de lever, s’en félicite-t-il, ce qu’il qualifie d’obstacle gênant sur son chemin : le chemin des manipulateurs en chef de constitutions, dans l’unique but de présider aux destinées de leur pays respectif à vie.
En effet, depuis l’annonce de la victoire controversée et à tout le moins frauduleuse de Faure Eyadema à l’élection présidentielle de 2005 au Togo au détriment de l’opposition de Gil Christ Olympio pourtant donnée vrai vainqueur du même scrutin ; deux masques en sont tombés curieusement mettant à nu étrangement deux clivages dans la famille des soi-disant « unionistes africains ».
Le premier clivage regroupe les partisans de l’alternance, de la transparence démocratique avec à sa tête M. Konaré président sortant. Celui-ci, conformément à ses attributions, s’investira à corps perdu dans une bataille diplomatique tous azimuts pour un rejet de ladite victoire de l’héritier de feu Gnassingbé Eyadema et pour une reconnaissance logique de celle de l’opposition par la communauté internationale. Le justicier de l’UA en sera illégalement disqualifié par le clivage des candidats à la présidence à vie avec à sa tête le président Bongo du Gabon. Ce dernier traitera le président Konaré « de grand bavard dérangeant ».
Il s’emploiera de plus à obtenir le transfert du dossier litigieux de la présidence de la commission à celle en exercice de l’UA ; laquelle était assurée par le président nigérian Obasanjo.
M. Konaré perdra ainsi sa première bataille diplomatique avant de l’avoir terminée. Rappelons que M. Bongo dirige le Gabon depuis 1967.
C’est pourquoi à l’orée de la fin de son mandat en mars 2008, le célèbre donneur de leçons de démocratie sera boudé, fustigé, voire banni par les révisionnistes de nos constitutions qui, rapidement, placeront leur homme à la tête de l’exécutif du système politique, Jean Ping.
Le Malien, en démocrate exemplaire, ne s’y accrochera pas quoique la charte de l’organisation l’y autorise.
A.O.K. est ex-président de la république du Mali. Il se retira du pouvoir conformément à la constitution de son pays.
N’empêche, le contesté exportateur d’alternance donnera un ultime coup de pied dans la fourmilière politique kenyane en déclarant solennellement à Addis Abeba : « On ne partage pas le pouvoir comme un gâteau. » au grand dam des fraudeurs professionnels réunis à l’occasion du 10e sommet.
En clair, l’expression du Malien signifie que le président sortant Kibaki, candidat malheureux à l’élection présidentielle, doit purement et simplement céder le fauteuil présidentiel à l’opposant Odinga, vainqueur.
M. Konaré connaîtra là encore un cinglant désavoeu puisqu’un accord sur le partage du pouvoir sera signé le 28 février 2008 sous les auspices de l’ex-secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, mandaté et téléguidé par les présidents à vie en herbe.
Selon les termes de l’accord, l’opposant Odinga devra se consoler d’un poste de Premier ministre tandis que le vaincu Kibaki continuera à régner sur un Kenya meurtri et frustré.
Comme dirait l’autre, un chef d’Etat africain sortant et candidat à sa propre succession ne perd jamais les élections que son Etat a organisées.
Tout compte fait, le Malien part d’Ethiopie la tête haute mais avec un bémol sur la conscience : le regret de n’avoir pas pu trouver, durant son mandat, preneur de son produit « made in Mali » : l’alternance.
L’infortuné exportateur laisse derrière lui une opposition africaine immature, orpheline, et déboussolée face à un Ping mandaté en coulisse pour faire le lit de la présidence à vie.