Le fondateur de l’Église Christ révélé aux nations soutient que l’ancien président du Gabon, Omar Bongo Ondimba, a financé la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
« Ce que j’ai dit dans ce livre, tout le monde le sait au Gabon, même si peu de personnes osent en parler ouvertement », se défend Mike Jocktane, joint au téléphone par J.A., une pointe d’hésitation dans la voix, comme dépassé par la tempête médiatique déclenchée par les propos qu’il a tenus dans Le Scandale des biens mal acquis. Enquête sur les milliards volés de la Françafrique, de Xavier Harel et Thomas Hofnung, paru le 24 novembre (éd. La Découverte). Il y affirme que le défunt président gabonais aurait contribué au financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Fondateur d’un église florissante
Né à Paris il y a trente-neuf ans, ce Myéné de Port-Gentil a grandi au Gabon avant de revenir dans les années 1990 à Melun, en banlieue parisienne, pour passer son baccalauréat. Quelques cours d’économie à l’université Paris-II, et le voilà qui plaque tout pour aller prêcher la bonne parole dans l’une de ces Églises évangéliques « réveillées », d’influence américaine, qui gagnent du terrain. Le Franco-Gabonais reprend des études de théologie en France puis aux États-Unis, à l’Institut biblique « Christ pour les nations », à Dallas (Texas), puis à l’université Oral Roberts (Oklahoma). Diplômé, il rentre au Gabon en 1996, où il fonde l’Église Christ révélé aux nations, devenue florissante, dont il est l’évêque et le « président directeur international ».
« Jocktane ? Connais pas ! » a réagi Robert Bourgi dans un communiqué. Pourtant, l’avocat franco-libanais, qui a revendiqué en septembre dernier un rôle central dans le financement occulte des partis politiques français, était un habitué du palais d’Omar Bongo Ondimba. Jocktane soutient le contraire : « Je l’ai rencontré deux fois », assure celui qui fut conseiller du chef de l’État gabonais de 2005 à 2009 puis directeur adjoint de son cabinet en janvier 2009. Depuis, Jocktane est sorti des cercles du pouvoir pour devenir numéro deux de la campagne présidentielle d’André Mba Obame. Il ne décolère pas de la suspension de son salaire de fonctionnaire sitôt son ralliement à l’opposition rendu public et s’est coupé de Pascaline Bongo, dont il était proche. Dans un communiqué du 23 novembre, cette dernière « dément formellement les propos sans fondement ni connexion avec la réalité » de Jocktane selon lesquels son père aurait contribué au financement de la campagne de Sarkozy.