La chaîne de télévision gabonaise « TV+ » et le journal « Échos du nord » ont été suspendus provisoirement selon un communiqué du Conseil national de la communication (CNC) daté du 4 janvier. Cette décision fait suite à la diffusion par ces médias des « vœux à la nation » en janvier 2011 de l’opposant André Mba Obame qui s’était autoproclamé président.
La décision de suspendre la chaîne de télévision gabonaise « TV+ » de l’opposant André Mba Obame et le journal Échos du nord a été officialisée par un communiqué de presse du Conseil national de la communication (CNC) paru le 4 janvier : « le conseil a décidé du retrait provisoire de l’autorisation d’émettre de la chaîne de télévision TV+ pour une durée de trois mois et l’interdiction provisoire de paraître de deux mois à l’encontre du journal Échos du nord ».
« Atteinte à l’ordre public »
Le 1er janvier 2011, TV+ avait émis les vœux de l’autoproclamé président André Mba Obame, dit « AMO », suivi par les Échos du nord le lendemain. Selon le CNC, dans la mesure où « une cérémonie de présentation de vœux au peuple gabonais est un acte républicain qui ne peut être posé que par (…) le chef de l’État », ces deux diffusions étaient « de nature à porter atteinte à l’ordre public ».
« Le CNC rappelle que TV+ est coutumier du fait (…) le 25 janvier 2011, cette chaîne avait aussi diffusé en direct la « prestation » de serment de M. André Mba Obame », qui revendiquait, un an et demi après, la victoire à la présidentielle de 2009 remportée par Ali Bongo Ondimba. Il accusait par ailleurs ce dernier d’avoir commis un « coup d’État électoral ».
« Confiscation des médias »
Dans ses vœux, M. Mba Obame contestait la victoire d’Ali Bongo Odimba à l’élection présidentielle de 2009 et affirmait : « vous (les Gabonais) m’avez clairement et librement désigné pour diriger notre pays (…) La libération de notre pays est proche ». Des paroles qui ont entraîné la dissolution de son parti, l’Union nationale (UN), en janvier 2011 par les autorités gabonaises.
Les déboires de TV+ remontent à 2009, pendant l’élection présidentielle. La chaîne privée avait cessé d’émettre suite à un « sabotage », selon son directeur Franck Nguema. Même scénario en décembre dernier, pendant les législatives, lorsque l’émetteur de la chaîne a été mitraillé dans des circonstances encore non élucidées.
« Nous subissons tous la confiscation des médias d’État par un seul clan (…) et le sabotage des médias privés pour empêcher que la vérité n’éclate », a déclaré l’opposant.
Plus de fermeté
Le 4 janvier se tenait la cérémonie des voeux présidentiels aux divers organismes publics. Le président Bongo a interpellé le CNC à qui il a demandé plus de fermeté : « Au regard de nombreux dérapages quotidiens dont une certaine presse s’est fait la spécialité depuis plusieurs mois, il est permis de s’interroger : pourquoi l’organe régulateur n’est-il pas en mesure d’appliquer les textes en vigueur ? Si (…) je reste attaché à l’exercice de la liberté d’expression, j’en appelle toutefois à une action plus vigoureuse (…) face aux errements constatés ».
(Avec AFP)