Le chef de l’Armée syrienne libre (ASL), qui regroupe les militaires dissidents, a appelé jeudi 5 janvier la Ligue arabe à reconnaître l' »échec » de la mission de ses observateurs en Syrie. Le colonel faisait référence au comité ministériel arabe qui se réunit dimanche pour entendre le rapport du chef de la mission des observateurs, de plus en plus décriée par l’opposition, le régime ayant poursuivi sa répression sanglante malgré leur présence sur le terrain.
Mais en dépit des critiques émanant même de ses propres rangs sur le travail de ses observateurs en Syrie, la Ligue arabe n’écourtera pas leur mission, a assuré le représentant d’un Etat membre de l’organisation.
Le chef de l’ASL a également réclamé le transfert du dossier de la crise à l’ONU. Plusieurs pays, dont le Qatar, plaident pour que l’ONU aide concrètement les observateurs arabes en Syrie à mieux accomplir leur mission. Le colonel Riad Assaad, basé en Turquie, avait d’abord indiqué qu’il souhaitait le retrait des observateurs, avant de se rétracter. Le militaire rebelle a affirmé à l’Agence France-Presse être à la tête de 40 000 déserteurs qui mènent régulièrement des attaques contre des postes des forces de l’ordre syriennes.
UNE DÉLÉGATION DEPUIS LE 26 DÉCEMBRE
Après plus de neuf mois de répression sanglante, une première délégation composée de cinquante observateurs arabes et dirigée par le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha Al-Dabi est arrivée le 26 décembre en Syrie, dans le cadre d’un plan de sortie de crise de la Ligue arabe, signé par Damas. Ce plan prévoit la fin des violences, le retrait de l’armée des villes et la libération des manifestants arrêtés. Les observateurs se sont rendus dans plusieurs villes, notamment des foyers de la contestation, dont la répression a fait, selon l’ONU, plus de 5 000 morts.
Pour sa part, Paris encourage la Ligue arabe à « recourir à tous les moyens susceptibles de renforcer la mission » des observateurs en Syrie, en jugeant que « toutes les contributions (…) sont utiles, notamment celle des Nations unies », a déclaré jeudi le ministère des affaires étrangères.
AIDE FINANCIÈRE DE L’IRAK ET DE L’IRAN
Mahmoud Souleimane Haj Hamad, qui était l’inspecteur financier auprès du chef du gouvernement et avait aussi en charge le ministère de la défense, a annoncé avoir fait défection et a affirmé que le régime de Damas recevait une « aide financière » de l’Irak et de l’Iran pour sa répression des manifestations, rapporte jeudi le site Internet de la télévision Al-Jazira du Qatar.
Mahmoud Souleimane Haj Hamad a ajouté que Damas avait dépensé deux milliards de livres syriennes (40 millions de dollars) pour payer les miliciens qui répriment les manifestants aux côtés des forces de sécurité et de l’armée.
Dans une déclaration à la télévision Al-Arabiya, M. Haj Hamad a affirmé que de nombreux responsables syriens désiraient faire défection mais qu’ils avaient « peur » des services de sécurité. « Les responsables du gouvernement vivent tous dans une sorte de prison et personne ne peut se déplacer sans être accompagné par des hommes des services de sécurité. Tout un chacun veut faire défection mais a peur pour sa famille », a-t-il dit.
552 détenus impliqués dans les « événements » libérés selon l’agence de presse officielle
Les autorités syriennes ont libéré 552 détenus « impliqués » dans le soulèvement populaire contre le régime du président Bachar Al-Assad, a rapporté jeudi l’agence officielle Sana. L’agence a précisé qu’ils étaient « impliqués dans les derniers événements » et n’avaient « pas de sang sur les mains ».
LEMONDE.FR avec AFP