La question nucléaire iranienne et la possibilité d’une guerre dans les prochains mois entre Israël et ses alliés et l’Iran et les siens est devenue la question internationale la plus brûlante, bien loin devant la sanglante guerre civile syrienne et le chaos qui s’installe en Egypte. Et face à cette montée des périls, l’administration Bush semble en quelque sorte prise au piège, entre son désir d’empêcher la République islamique de se doter d’une arme nucléaire et celui de ne pas se retrouver malgré elle emportée dans un conflit dont nul le connaît les implications et l’issue. A Téhéran et à Jérusalem la réthorique guerrière semble de plus en plus l’emporter sur toute autre considération.
Pour le régime discrédité des Mollahs, sa capacité à fanfaronner et résister aux pressions occidentales est sans doute le meilleur moyen de conserver le pouvoir et pour Benjamin Netanyahou, faire face à ce qui est considéré en Israël comme une menace existentielle, est aussi le meilleur atout pour ne pas perdre son poste menacé de Premier ministre.
Le Grand Ayatollah Ali Khamenei a à nouveau mis en garde contre le fait que toute attaque contre le programme nucléaire iranien serait coûteuse pour les Etats-Unis. Cela intervient après de nouvelles menaces israéliennes contre les sites nucléaires de la République islamique et surtout les déclarations du Secrétaire américain à la défense Leon Panetta jugeant vraisemblable une attaque israélienne à partir du printemps.
A quoi rime la tentative de solution négociée poursuivie par la Maison Blanche et les sanctions si de toute façon Israël ne leur accorde pas le moindre crédit et considère que la seule option qui lui reste est de bombarder? C’est la question que se pose la chaîne de télévision américaine CBS en s’interrogeant sur les limites de l’influence américaine sur Israël.
Le grand spécialiste des questions de défense de CBS, John Miller, explique que la question posée aujourd’hui par Conseil national de sécurité américain est de savoir «si nous serons avertis avec un jour d’avance, une semaine d’avance ou deux heures à l’avance?» Et il estime que la réponse la plus probable est… deux heures, «parce qu’Israël ne veut pas donner beaucoup de temps aux pressions américaines pour s’exercer». Bob Schieffer, principal correspondant de CBS à Washington, estime que l’administration Obama cherche aujourd’hui à faire comprendre à Téhéran que sa capacité à contrôler le gouvernement israélien est limitée et qu’il ne s’agit pas seulement de la vieille technique «du bon et du méchant».
Sur la radio publique américaine NPR, le journaliste israélien Ronen Bergman apporte un autre élément de compréhension au drame en train de se jouer. Il n’a pas de doutes sur le fait qu’Israël va attaquer l’Iran dans les prochains mois et explique pouquoi Netanyahou le fera avec ou contre l’assentiment de Washington.
«Du point de vue israélien, une bombe nucléaire iranienne est une menace existentielle, la menace est imminente, presque imminente… En comparant les conséquences possibles, y compris des attaques de missiles contre les villes israélienne et des attaques terroristes contre des cibles juives et israéliennes dans le monde, pour tragiques qu’elles soient, elles ne sont pas au niveau d’un Iran disposant d’un arsenal nucléaire. Ils vont faire un choix et ce sera celui d’envoyer les bombardiers. Israël est un pays qui souffre d’un traumatisme lié au passé et fera tout pour empêcher un nouvel holocauste… Quand vous mettez tout cela ensemble, vous parvenez au fait qu’Israël fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher l’Iran d’obtenir des capacités nucléaires».