A 35 ans, Daniel Cousin ne semble pas prêt de raccrocher. Le buteur et capitaine du Gabon tente de digérer l’élimination des Panthères en quarts de finale de la CAN 2012 pour repartir de plus belle. Entretien exclusif avec Afrik-Foot où l’ancien Lensois évoque le bonheur du peuple gabonais, sa déception et des incompréhension tactiques avec Gernot Rohr, le sélectionneur.
(de notre envoyé spécial à Libreville)
Afrik-Foot : Daniel, quelques heures après ce quart perdu face au Mali (1-1, 5-4 tab), comment vous-sentez vous ?
Daniel Cousin : On digère la déception. On est bien obligés : la réalité, c’est que la compétition est terminée. Il faut donc passer à autre chose. La CAN 2013 approche. On a fait de bonnes choses, on a réalisé un beau parcours et, surtout, on fait parler du Gabon en bien. Au final, il y a pas mal de points positifs.
Qu’est-ce qui prédomine à l’heure actuelle : la déception de l’élimination ou la satisfaction d’avoir donné une belle image du football gabonais ?
Un peu des deux… C’est sûr, on est déçus d’avoir été éliminés. On l’avait dit : notre objectif, c’était d’atteindre au moins les demi-finales. Il y avait une grosse attente. Les gens étaient fiers de nous, on voulait leur en donner plus, les faire rêver encore…
Vous avez eu des retours des gens dans la rue ?
Évidemment. Très vite, une fois arrivé à l’hôtel, les gens sont venus nous féliciter, nous dire qu’on leur avait fait plaisir. Bien sûr, il y a toujours des mécontents mais j’ai l’impression que c’est plus positif que négatif.
Pour revenir au match, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
On a manqué de fraîcheur. Je pense qu’on a fait quelques erreurs. On prend un but qu’on ne doit pas prendre… Ensuite, il y a certains choix où, pour moi, il y a un point d’interrogations. Il y avait des joueurs frais sur le banc, qui n’ont pas été utilisés contre la Tunisie… Des joueurs comme N’Guéma, Méyé ou Mbanangoye Zita qui a marqué le coup franc contre le Maroc (3-2) et qui n’est entré qu’en prolongation. En entrant plus tôt, il aurait pu nous apporter de la fraicheur…
Et vous ? Vous êtes sorti à la 60e minute…
J’ai entendu que le coach avait dit que c’était moi qui avait demandé à sortir. C’est faux. Ce n’est pas moi. J’étais prêt à faire tout le match. Après avoir enchaîné les matches, c’est sûr, je n’étais plus à 100%. Mais, même à 50, 60 ou 70%, j’aurais pu apporter quelque chose à l’équipe. Je pouvais tenir tout le match. On aurait souffert, comme face au Maroc ou à la Tunisie… C’est dommage, surtout qu’on menait 1-0.
Des nouvelles de Pierre-Emerick Aubameyang ?
C’est fini… Pierre-Emerick a beaucoup pleuré, on a beaucoup pleuré… Mais on tenté de le rassurer. C’est le meilleur joueur gabonais du moment, c’est grâce à lui si on en est là, il n’a rien à se reprocher. Il a raté son penalty, bon, ça peut arriver à tout le monde. C’est une loterie, ça aurait pu aller dans un sens ou dans l’autre.
Quel est votre avenir ?
J’ai envie de continuer. J’ai envie de raccrocher après ma 36e année. J’ai 35 ans demain (mardi, NDLR). J’ai envie de faire ma dernière CAN en Afrique du Sud. Les éliminatoires débutent en juin et j’espère être présent. Mon souci principal, maintenant, c’est de retrouver un bon club en Europe.
Justement, où en êtes-vous contractuellement parlant ?
J’étais sous contrat jusqu’à fin janvier. Je suis maintenant sur le marché. J’ai quelques contacts en Grèce, mais cela ne me tente pas trop. Ou en Angleterre. Mais rien de concret. Je ne refuse rien mais je préfèrerai rentrer en France. Cela fait des années que je suis parti…
Les supporters des Panthères ont passé une triste soirée dimanche. Ils se sont lamentés, ont gémi et pleuré après l’élimination du Gabon de la CAN, battu (5-4) par le Mali à l’épreuve des tirs aux but. Libreville ressemblait à une ville en deuil après cette rencontre, les dieux du football ayant abandonné Pierre Emerick Aubameyang et ses coéquipiers.
Les supporters des Panthères sont en euphorie quand Eric Mouloungui ouvre la marque pour le Gabon. Ils jubilent et lancent des cris de joie partout dans les quartiers de Libreville. Mais l’euphorie n’a pas duré. Le calme est revenu rapidement dans la ville avec l’égalisation du Mali (1-1) par Diabaté à 7 minute de la fin du temps règlementaire.
Dans les bars et les salons, où les supporters suivaient la rencontre devant le petit écran, l’on observe un silence de mort. Aucun joueur n’arrive à libérer l’équipe nationale et ce jusqu’à la fin des prolongations. L’enthousiasme des premières rencontres commence à faire place à l’angoisse et au doute. Les Maliens semblent avoir trouvé la solution à l’équation gabonaise. Ils ont nivelé le match et fermé leur boutique.
Quand Pierre Emerick Aubameyang rate son coup au cours de l’épreuve des tirs au but, les supporters commencent à lancer des cris de désespoir. Leur douleur atteint son comble au coup de sifflet final de la rencontre. Certains supporters se jettent au sol en pleurant, tandis que d’autres maudissent Pierre Emerick Aubameyang et le coach Gernot Rohr, qui selon eux sont les principaux responsables du faux pas des Panthères.
« C’est triste. Nos joueurs n’ont pas démérité. Nous sommes très déçus. Le coach n’aurait pas du faire sortir Daniel Cousin et l’absence de Stéphane Nguéma nous a également pénalisé. En plus Pierre Emerick Aubameyang n’était pas à son meilleur niveau ce soir », a lancé un supporter de l’équipe nationale, sa tête entre les deux mains.
Les Maliens de la ville n’ont pas fêté la victoire de leur équipe. Ils ont fermé leurs magasins et leurs maisons d’habitation, craignant les débordements de colère des supporters de l’équipe nationale. Il y a eu quelques bagarres de la rues entre les supporters des deux camps, après le match, mais sans blessures ni autres conséquences majeures.
Rappelons qu’en 1996, l’équipe nationale du Gabon a été également éliminée en quarts de finale, toujours à l’épreuve des tirs aux buts.