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Syrie: les négociations échouent à Homs

Les négociations de la Croix-Rouge et du Croissant rouge syrien avec les autorités et les opposants syriens ont échoué, empêchant toute évacuation du quartier rebelle de Baba Amr pilonné samedi pour le 22e jour, au lendemain d’un appel international à cesser les violences.

Les violences en Syrie ont fait samedi 94 morts, dont 68 civils, selon un dernier bilan communiqué samedi soir par l’Obervatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Vendredi, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant rouge arabe syrien (CRAS) étaient parvenus pour la première fois à faire sortir des blessés, mais samedi, les évacuations, notamment des deux journalistes blessés et des corps de leurs confrères tués, ont été à nouveau retardées.

«Les négociations (…) n’ont pas abouti à des résultats concrets aujourd’hui. Il n’y aura donc pas, malheureusement, d’évacuation d’urgence aujourd’hui», a affirmé le porte-parole du CICR à Damas Saleh Dabbakeh.

Une journaliste étrangère impliquée dans ces négociations a affirmé à l’AFP qu’à deux reprises les ambulances étaient arrivées à Baba Amr mais avaient été bloquées par des membres de l’Armée syrienne libre (ASL).

Selon elle, l’ASL, qui regroupe les déserteurs, a accusé le régime d’avoir arrêté neuf blessés évacués la veille, le CICR a alors enquêté et «cela était totalement faux».

Les négociations doivent toutefois reprendre pour évacuer les dépouilles de la reporter américaine Marie Colvin et du photographe français Rémi Ochlik, tués mercredi dans un bombardement, ainsi que la journaliste française Edith Bouvier et le photographe britannique Paul Conroy, blessés dans la même attaque.

A ce propos, le Sunday Times a annoncé que Marie Colvin avait été tuée alors qu’elle tentait de récupérer ses chaussures pour prendre la fuite. Avec d’autres journalistes, elle avait laissé, comme le veut la coutume, ses chaussures à l’entrée du bâtiment abritant le centre de presse improvisé des rebelles dans la ville insurgée.

Réunis vendredi à Tunis, la soixantaine de ministres des Affaires étrangères du groupe des «Amis de la Syrie», boycotté par Moscou et Pékin, a appelé à l’arrêt immédiat des violences et à de nouvelles sanctions en Syrie, mais a temporisé sur le déploiement d’une force Arabes-ONU de maintien de la paix.

Et si la Tunisie et le Qatar ont plaidé pour une «force arabe», dans le cadre de la Ligue arabe, la France a estimé qu’elle devrait auparavant obtenir «le feu vert» du Conseil de sécurité de l’ONU.

Téhéran, absent à Tunis et principal allié régional de Damas, a réaffirmé son opposition à une intervention militaire, assurant ne pas envoyer d’armes ni intervenir militairement en Syrie contrairement à ce qu’affirment les Occidentaux.

Les «Amis de la Syrie» ont par ailleurs reconnu le Conseil national syrien (CNS, opposition) comme «un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique», s’engageant à fournir «un soutien effectif» à l’opposition, tandis que l’Arabie saoudite approuvait l’idée de l’armer.

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a jugé la réunion «totalement satisfaisante», mais la Chine s’est félicitée qu’elle ait surtout permis de «rejeter toute intervention étrangère»

Dans la première réaction officielle, le ministre de l’Information Adnane Mahmoud a raillé la réunion «des amis de Washington et des ennemis de la Syrie».

Malgré les violences ininterrompues, le régime a maintenu le référendum de dimanche sur une nouvelle Constitution, qui supprime la prééminence du parti Baas mais maintient de très larges prérogatives au chef de l’Etat. L’opposition a appelé au boycottage.

«Où êtes-vous, la conférence des Amis de la Syrie? Ici Baba Amr est bombardé pour le 22e jour consécutif comme si vous n’existiez pas», a lancé un homme dans une vidéo montrant une explosion diffusée samedi sur YouTube.

Dans la province de Homs, six civils, dont un adolescent de 14 ans, ont été abattus à Talbisseh, un enfant a été tué par un sniper à Houlé et un homme à péri à Rastane, selon l’OSDH.

Ailleurs, les forces de sécurité ont tué neuf civils dans la province de Deraa, berceau de la contestation dans le sud, et six personnes à Azaz, dans l’agglomération d’Alep (nord), en marge de combats contre des déserteurs qui ont tué 16 soldats à travers le pays, a ajouté l’OSDH.

A Alep même, la police a tiré sur les 4 000 participants aux funérailles d’un civil tué vendredi, selon des militants joints par l’AFP.

Et huit civils sont morts lorsque l’armée a pris d’assaut plusieurs villages de la province de Hama (centre), selon l’OSDH.

Au total, les violences ont fait au moins 7 600 morts en 11 mois de révolte contre le régime de Bachar al-Assad, selon l’OSDH.

«J’ai vu la souffrance inutile, la cruauté, la méchanceté, la souffrance des enfants, des familles, c’est insupportable, c’est honteux, les gens meurent et on (la communauté internationale) ne fait rien», a raconté vendredi soir à Paris le Pr Jacques Bérès, un chirurgien humanitaire de retour de Homs.

La ville a subi «de gros dégâts, ce n’est pas tout à fait Berlin lors de la seconde Guerre mondiale, ce n’est pas encore Beyrouth, mais ça va le devenir», a-t-il ajouté, insistant sur les pénuries d’eau et d’électricité. «C’est comme dans un film de guerre, un film lourd avec du sang partout».

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