La relation privilégiée qu’entretenait Oussama Ben Laden avec sa plus jeune épouse n’aurait pas été du goût de sa femme la plus âgée. © MBC / AFP
Un ex-général pakistanais affirme que l’ex-chef d’al-Qaida a été livré aux Américains par une de ses épouses, jalouse.
Même mort, Oussama Ben Laden continue à faire parler de lui. Il faut dire que l’opacité qui entoure les circonstances de son décès attise tous les fantasmes. Dix jours après la destruction de la maison dans laquelle se cachait l’ex-chef d’al-Qaïda, à Abbottabad, dans le nord du Pakistan, à l’heure où la justice pakistanaise annonce l’inculpation de ses trois veuves pour entrée illégale dans le pays, un ancien général pakistanais vient de faire une étonnante révélation. D’après Shaukat Qadir, général de brigade à la retraite interrogé par l’AFP, Oussama Ben Laden aurait été livré aux Américains par une de ses femmes.
Après avoir mené l’enquête pendant près de huit mois auprès des services secrets pakistanais et de militants d’al-Qaida, qui lui ont permis de consulter les retranscriptions des interrogatoires des épouses et d’accéder à plusieurs reprises à la résidence d’Abbottabad, l’ex-général de 64 ans en est arrivé à la conclusion que la plus âgée des femmes de Ben Laden, la Saoudienne Khairiah Saber, aurait trahi son mari par jalousie envers la plus jeune des épouses. Si ces allégations sont pour l’instant impossibles à vérifier, elles ont le mérite d’apporter des détails inédits sur la vie de l’ex-homme le plus recherché de la planète.
C’est en 2005, soit quatre ans après les attentats du 11 Septembre – et l’invasion américaine de l’Afghanistan -, qu’al-Qaida décide de cacher à Abbottabad son leader, après plusieurs années de cavale dans le nord du Pakistan. Oussama Ben Laden s’installe dans la grande villa, construite pour l’occasion, avec deux de ses femmes et huit de ses enfants, âgés de 3 à 24 ans. Au total, ce sont 28 personnes qui vivent « en bonne harmonie » et en quasi-autosuffisance dans la grande demeure entourée d’un grand jardin.
Jalousie maladive
D’après Associated Press, Oussama Ben Laden dort dans une chambre au troisième et dernier étage, en compagnie de la plus jeune de ses compagnes, la Yéménite Amal Ahmed Abdel-Fatah al-Sada, 29 ans. Au même étage vit son autre femme, la Saoudienne Seeham Saber, dont la chambre à coucher sert aussi de bureau informatique. Mais cette parfaite idylle, qui durera six ans, est soudain bouleversée au printemps 2011. La villa voit débarquer la troisième femme de Ben Laden, la Saoudienne Khairiah Saber, qu’il avait épousée à la fin des années 80. Mais le 11 Septembre avait scellé leur séparation forcée. La Saoudienne s’était réfugiée en Iran, où elle avait été assignée à domicile jusqu’à fin 2010. Elle aurait ensuite passé plusieurs mois dans un camp d’al-Qaida en Afghanistan.
« C’est Khairiah qui a trahi Oussama », affirme à l’AFP Shaukat Qadir. « Et c’est également ce que pense Amal, qui l’a dit aux enquêteurs », ajoute-t-il. Logée au second étage, celle qui est connue pour sa jalousie maladive – les agents pakistanais la trouveront même « intimidante » – éveille rapidement les soupçons de Khalid, fils aîné d’Oussama et de Seeham Saber. D’après Amal, « Khalid ne cessait de lui demander pourquoi elle était venue, et ce qu’elle voulait d’Oussama ». Finalement, elle lui glissa un jour : « Je dois faire une dernière chose pour mon mari. » Affolé, le fils en avise immédiatement son père. Or, malgré ses 54 ans, Ben Laden est déjà sénile, considérablement affaibli par une maladie des reins, raconte Associated Press. Le chef d’al-Qaida paraît fataliste. « Que ce qui doit arriver arrive », se contente-t-il alors de répondre.
« Déficience mentale »
Sentant son heure bientôt arrivée, l’ennemi public numéro un n’en oublie pas pour autant ses épouses. « Il a alors tenté de persuader ses deux autres femmes de fuir, mais elles ont voulu rester avec lui », affirme l’ex-général pakistanais à l’AFP. Selon lui, c’est l’interception par les Américains d’une communication téléphonique de Khairiah qui va finir de convaincre ces derniers de la présence à Abbotabbad de Ben Laden. La suite de l’explication est pour le moins farfelue. D’après Shaukat Qadir, c’est le numéro deux de l’organisation terroriste, l’Égyptien Ayman Al-Zawahiri, qui, se rendant compte de la « déficience mentale » de Ben Laden, aurait chargé la Saoudienne d’orienter les Américains vers Abbottabad pour mieux l’éliminer.
Étrangement, l’ex-général pakistanais disculpe l’armée de son pays, pourtant accusée par les États-Unis d’avoir fermé les yeux pendant des années sur la cachette de Ben Laden. Côté américain, on dément totalement les conclusions de Shaukat Qadir. D’après Washington, c’est Abu Ahmed al-Kuwaiti, un messager de Ben Laden qui vivait au premier étage avec sa femme et ses quatre enfants, qui aurait malgré lui conduit les Américains à Abbottabab, après avoir été pisté grâce son portable. C’est ensuite une fausse campagne de vaccination contre l’hépatite B qui aurait permis aux Américains de localiser définitivement Ben Laden, comme le révélait en juillet dernier le Guardian.
Si l’origine de la capture de Ben Laden reste encore un mystère, son issue, elle, ne souffre d’aucune contestation. Le 2 mai 2011, un commando de l’unité d’élite des Navy Seals américains, héliporté durant la nuit, a pénétré dans la villa, abattant Oussama Ben Laden, qui se trouvait au troisième étage. Son fils Khalid a également été tué dans l’attaque. Quant à la jeune Amal, l’objet de la jalousie folle de Khairiah Saber, elle a été blessée par balle.