Le président Barack Obama, venu parler de commerce au sommet des Amériques en Colombie, a été interpellé samedi par ses voisins du Sud sur des sujets controversés comme l’absence de Cuba ou l’inefficité de la lutte anti-drogue.
Le ton des débats qui ont été ouverts dans le port caribéen de Carthagène, a été donné dès l’ouverture par son hôte colombien Juan Manuel Santos qui a jugé « inacceptable » l’idée d’un prochain « sommet sans Cuba ».
« L’isolement, l’indifférence ont démontré désormais leur inefficacité. Dans le monde d’aujourd’hui, cet anachronisme n’est pas justifié », a affirmé M. Santos, dont le discours a été vivement applaudi.
Le sommet réunit pendant deux jours une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation des Etats américains (OEA) dans cette station touristique, placée sous la surveillance de 17.000 agents des services de sécurité.
Consacré à l’intégration régionale et le développement économique, l’ordre du jour a été bousculé par des thèmes plus conflictuels, à commencer par la question de l’île communiste de Cuba.
Les pays latino-américains réclament unanimenent le retour à l’OEA et ses sommets de Cuba qui n’a jamais réintégré l’organisation depuis son exclusion en 1962, au plus fort de la guerre froide.
Le président socialiste d’Equateur Rafael Correa a même boycotté en guise de solidarité le sommet, auquel sont aussi absents un autre leader de gauche, le dirigeant vénézuélien Hugo Chavez, affaibli par son cancer, et son homologue du Nicaragua Daniel Ortega.
La question épineuse de Cuba, tout comme celle du soutien à la revendication de l’Argentine sur l’archipel des Malouines, trente ans après le conflit perdu contre la Grande-Bretagne, pourrait priver le sommet d’une déclaration finale, comme lors de la précédente édition en 2009.
Les dirigeants sud-américains ont aussi agité une autre pomme de discorde, dénonçant l’échec de la politique anti-drogue des Etats-Unis, premier consommateur mondial de cocaïne, qui a investi 8 milliards de dollars dans la région depuis 2000 pour combattre ce trafic.
Une réunion des pays d’Amérique centrale, endeuillés par 20.000 morts liés aux cartels de la drogue l’an dernier, s’est tenue dans la matinée mais n’a pas permis de dégager un « consensus », tout en plaidant pour des « mesures alternatives », selon le président hondurien Porfirio Lobo.
Barack Obama a répété samedi être ouvert à l’idée d’un « débat » sur la façon de mieux lutter contre le trafic de drogue en provenance d’Amérique du Sud, mais il a écarté la proposition controversée d’une dépénalisation de la cocaïne.
« A titre personnel, et c’est (aussi) la position de mon administration, la dépénalisation n’est pas la solution », a insisté le président américain qui a tenté de ne pas froisser l’électorat hispanique, à sept mois de la présidentielle aux Etats-Unis où il brigue un second mandat.
M. Obama a tenté de mettre l’accent sur les relations commerciales de son pays avec l’Amérique latine qui absorbe 40% des exportations américaines.
« Le commerce entre les Etats-Unis et l’Amérique latine, l’Amérique centrale et les Caraïbes a crû de 46% depuis que j’ai pris mes fonctions », a-t-il plaidé au cours d’un forum économique précédant les travaux du sommet.
« Souvent, dans la presse, l’attention pour des sommets comme celui-ci se porte sur les controverses, parfois ces controverses datent d’une époque où je n’étais pas né », a ajouté M. Obama, né en 1961, deux ans après la prise de pouvoir des castristes à Cuba.
Un sommet qui n’a pas non plus échappé à un avertissement adressé aux Etats-Unis par la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, qui a appelé à établir une relation d' »égal à égal » avec l’Amérique latine, où la moitié de la population, soit 250 millions d’habitants, vivent dans la pauvreté.