L’Afrique noire est une terre de violence et de sauvagerie. Elle est minée par le sida et la corruption. Ses habitants ne connaissent que le tribalisme. Ils sont tous polygames, leurs femmes font trop d’enfants. Qui n’a entendu, en Europe, déclamer ce genre `d » évidences » ? Il n’est pas question de nier les difficultés qu’affrontent les pays subsahariens. Malgré les progrès récents, le processus démocratique reste un peu partout fragile. Des conflits très meurtriers subsistent. La pauvreté, le chômagé, les bidonvilles, dont monnaie courante. Tout cela est vrai, certes, mais réduire la vie de toute une région à des situations extrêmes, occulter ce qui marche pour ne retenir que ce qui cloche est de la désinformation pure et simple. » Les clichés partent de faits établis pour s’élargir à des constructions imaginaires ou mal étayées. Si les lieux communs contiennent souvent une part de vérité, tout le problème vient de leur généralisation. » C’est en partant de ce constat que George Courade, directeur de recherches à lInstitut de recherche pour le développement (IRD), professeur associé à l’université de Paris-I, a souhaité offrir une plus juste du continent. Résultat : un livre collectif au a associé une trentaine d’universitaires et qui, à la lec révèle passionnant*. Si elles expriment une part de la vérité, les idées traduisent surtout les peurs, les fantasmes, les igno de ceux qui les énoncent. En France, par exemple, qu pense à l’Afrique, c’est l’Afrique francophone. L’agric ce sont les villages du Sahel, ceux où s’activent les ONG, où l’on meurt de faim. Comment s’étonner dès lors q images de tout un continent soit aussi schématique. L’ouvrage de Georges Couarde traite d’une cinqua d’idées reçues. Nous en avons retenu dix, particulier significatives, sur lesquelles nous apportons notre écl propre.
MD
1. Le tribalisme explique tous les conflits
Pendant le génocide rwandais de 1994, lorsque les images des massacres ont fait le tour du monde, certaines bonnes consciences occidentales se sont indignées en voyant les tueurs se servir de machettes plutôt que d’armes modernes. C’était une réprobation non pas de l’acte de tuer, mais de la manière. Comme si on pouvait rechercher un degré d’humanité dans l’horreur. L’indignation véhiculait également une vision du monde réduisant les Africains à une irrationalité telle qu’ils passent leur temps à s’entre-tuer empetêtrés dans des logiques d’un autre âge qui mène à des conflits ethniques, tribaux où s’expriment leurs instincts primitifs, pardon, premiers. Il ne peut s’agir, donc, que d’un accès de sauvagerie, de barbarie. Si l’on en croit certains prétendus spécialistes, l’Afrique est un vaste champ de bataille dévasté par des guerres sans sans fin. En regardant les choses de plus près, l’on se rend compte que toute l’Afrique ne s’est pas embrasée et que les conflits armés touchent des pays bien précis, presque de manière récurrente. L’alarmisme ambiant voudrait faire oublier que la formation des nations s’est toujours faite, à travers l’Histoire, dans le sang. Les nations africaines, en pleine constitution, peuvent-elles évoluer autrement en s’inspirant simplement de l’expérience des autres, vieille de plusieurs siècles ? S’étonner de la persistance des conflits n Afrique, vouloir que ce continent soit plus sage que ne ont été les autres au cours de leur évolution, n’est-ce pas vouloir dire qu’il ne fait pas partie de cette humanité dont la marche est caractérisée par le meilleur et par le pire ? Les bien-pensants, dans leurs expertises, sont devenus myopes au point de voir dans tout soubresaut sur le continent un retour aux temps de la barbarie. Toute guerre civile est ethnique, tribale. Cela sous-entend que les Africains, aujourd’hui comme hier, sont incapables de penser le politique. Ceux qui prennent les armes ne cherchent qu’à défendre leurs tribus. Il n’y aurait, donc, aucune préoccupation idéologique, politique, sociale, économique, Aucune revendication digne d’intérêt. L’Afrique nje serait qu’une superposition de tribus et ethnies irrémédiablement hostiles les unes envers les autres, ne cherchant qu’à s’entre-tuer à la moindre occasion, prisonnières des ténèbres des origines.
Les conflits en Afrique, comme partout, sont nés de frustrations, d’espoirs déçus face à l’impéritie de dirigeants incapables de répondre aux aspirations du plus grand nombre. Ce ne sont pas des ethnies, des tribus qui s’arment pour se défendre, mais des groupes déterminés à prendre le pouvoir. Que ceux qui cherchent à changer le monde se transforment ensuite en bandits, en criminels, c’est une autre histoire. Au départ, au-delà de toutes les ambitions, il y a d’abord une démarche politique. Les dérives ethniques ou tribales que l’on peut constater parfois sont le fait d’hommes politiques qui jouent sur la fibre identitaire. Peut-on sérieusement attribuer le qualificatif ethnique à l’irrédentisme fréquent dans la Corne de l’Afrique ? À la crise ivoirienne ? Aux guerres civiles en République démocratique du Congo, au Burundi, au Liberia, en Sierra Leone, en Angola ou au Mozambique ? Quelles étaient les ethnies en présence ? La guerre du Biafra fut-elle une opposition des Ibos contre un État fédéral nigérian ou contre les autres composantes ethniques du pays ? Des atrocités ont été commises dans beaucoup de conflits. En Sierra Leone, les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) ont coupé des bras et des jambes à des civils. Mais faut-il considérer de tels actes comme une particularité africaine, quand on sait que l’horreur est le propre de toute guerre, quels que soient les moyens utilisés ? Ceux qui accusent l’Afrique d’être singulièrement belliqueues devraient plutôt se rappeler que toute l’Histoire de l’humanité n’est qu’une longue série de massacres. Le sang versé a fini par amener les peuples à rechercher les vertus de la paix.
M Tshitenge Lubabu M. K.
2. Elle n’est pas prête pour la démocratie »
C’est une antienne, un refrain que certains fredonnent régulièrement depuis des années par ignorance ou peut-être par condescendance. Par lassitude aussi du hold-up récurrent des urnes ou des éternels conflits postélectoraux, des partis politiques aux contours ethniques et régionalistes qui se grippent ou des opposants qui se vendent au plus offrant. Par méfiance à l’égard de tous ceux qui restent dans leur fauteuil au prix d’accommodements avec la Constitution ou des courtisans qui les y exhortent. Par refus d’une démocratie financée de l’extérieur qui renouvelle si peu ses élites et sa pratique qu’elle passe pour une greffe qui ne peut pas prendre. Ce serait donc une affaire entendue : » l’Afrique n’est pas prête pour la démocratie « , et ce quasi culturellement. Elle s’y serait laissé entraîner au mieux par mimétisme, au pire contrainte et forcée à coups de trique de bonne gouvernante politique, économique, judiciaire. Sans être pour autant arrivée à rentrer dans le rang. Moussa Traoré au Mali, Maaouiya Ould Taya en Mauritanie, Ange-Félix Patassé en Centrafrique et, auparavant, la plupart des pères de la nation « , de Félix HouphouëtBoigny à Amadou Ahidjo, de Sékou Touré à Dawda Jawara, de Daniel arap Moi à l’inénarrable Dr Hastings Kamuzu Banda du Malawi… Il y a encore Robert Mugabe au Zimbabwe, Mélès Zenawi en Éthiopie, Issayas Afewerki en Érythrée, Yoweri Museveni en Ouganda, Idriss Déby Itno au Tchad, Lansana Conté en Guinée, Yahya Jammeh en Gambie… à qui nul ne songerait, naturellement, à donner les clés de la maison-démocratie : Stephen Smith écrit dans Négrologie.
Certes, entre 1990 et 2000, quatorze chefs d’État ont quitté le pouvoir à la suite d’une défaite dans les urnes, contre un seul au cours des trente années précédentes ; cependant, à la fin 2002, encore vingt et un des cinquante- Urne renversée par… une bourrasque à Kampala en février 2006. trois chefs d’État africains exerçaient leur fonction depuis plus de quinze ans, trois d’entre eux – outre le Togolais Eyadéma, le Gabonais Omar Bongo Ondimba et le Libyen Mouammar Kaddafi – étant au pouvoir depuis plus de trente ans. L’Afrique, avec le monde arabe, reste le Jurassic Park des « dinosaures »… » Pour autant, l’Afrique de la démocratie n’est pas née à la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, et la fin de la guerre froide. Elle n’a pas davantage complètement rompu puis renoué totalement avec elle à l’aube des années 1990. A la veille des indépendances, la compétition politique ouverte a existé un peu partout sur le continent : entre Léopold Sédar Senghor et Lamine Guèye au Sénégal, Modibo Keita et FilyDabo Sissoko au Mali, Hamani Diori et Zodi Ikhia au Niger, Patrice Lumumba et Joseph Kasavubu au Congo… C’était là, peu ou prou, l’illustration de la réalité d’une certaine pratique démocratique. Et celle-ci aurait sans doute continué à exister et à développer, au lieu d’être devenue ce kit qu’on a du mal moins que ce ne soit de la mauvaise volonté – à monter. Qu’on la perçoive comme un ressort ou un ensemble de principes, la démocratie ne peut pas être totalement étrangère aux Africains. Il y manque, hélas, la prime qui va avec l’amélioration des conditions de vie, le sel dont elle se nourrit, car la seule renaissance à la liberté ne suffit pas. Sinon, sans remonter au matin du monde, qui peut dire que le continent, à aucun moment et nulle part, n’a forgé une histoire et connu une culture propices à la démocratie ? Celle-ci fait partie de son patrimoine. Il l’a seulement exploitée à sa manière, dont on peut légitiment se demander si elle est bonne ou mauvaise. Voilà la question qui se pose et à laquelle la classe politique, les dirigeants en tête, n’apporte pas toujours, loin s’en faut, une réponse appropriée. Certains se sont au contraire, évertués à dilapider l’héritage, si modeste soit-il. Les tenants, hier, du parti unique sont devenus aujourd’hui, ceux qui le perpétuent après l’avoir habillé aux couleurs du pluralisme politique. Les opposants qui accèdent au pouvoir se comportent souvent comme ceux qu’ils dénonçaient la veille encore. Et c’est ce poker menteur qui entretient l’idée – reçue – que » l’Afrique n’est pas prête pour la démocratie « .
M Elimaae Fall
3. « Iln’y apas d’entrepreneurs »
Y a-t-il des entrepreneurs en Afrique ? Ne posez jamais cette questionAux étudiants de l’Institut africain du management (IAM) de Dakar, vous risqueriez de les froisser. Et si les futurs businessmen du continent sont désormais formés en Afrique, leurs aînés n’ont pas attendu les années 2000 pour devenir de véritables patrons. En Afrique du Sud, les golden boys de l’ère Mbeki ont su profiter de la politique de Black Economic Empowerment pour constituer une véritable élite économique. Patrice Motsepe, qui préside la compagnie minière Harmony, Cyril Ramaphosa, qui tient la barre de Shanduka Group, et Tokyo Sexwale, qui dirige Mvelaphanda Holding, sont présents dans tous 1 secteurs d’activité – depuis l’extraction minière jusqu’à haute finance en passant par le commerce et les médias – pèsent plusieurs milliards de dollars. Au-delà de la réussite exemplaire de ces capitaines d’industrie d’envergure internationale, force est de constater q chaque pays compte un certain nombre d’hommes d’affaires qui, avec un capital de départ parfois modeste, sont paru nus à s’imposer dans leur catégorie. En Afrique de l’Ouest on trouve leur origine dans les réseaux marchands qui o su prospérer en marge des grandes filières de l’économie coloniale. ….
source: l’avenir quotidien
Tres bon developement de la situation desastreuse et catastrophique a laquelle est livrée l’afrique par la faute de ses dirigeants qui se servent au lieu de servir le peuple. Quelle honte et quel retard cela engendrera et a deja engendré. On ne saurait y rester longtemps dans ce canevas là sans reagir. trop c’est trop, l’afrique doit bouger et les anciens , les vieux qui n’ont plus de projets d’avenir mais plutot des souvenirs doivent laisser la place a de nouveaux hommes qui ont des idées a mettre en place et une nouvelle politique de developement à enclancher.