Une fois encore, les salariés de Plysorol se trouvent confrontés à une interminable attente.
MAGENTA (Marne). Après avoir investi plus de 10 millions dans Plysorol, son actionnaire déclare la cessation de paiement. Hier à Magenta, l’usine était à l’arrêt malgré un carnet de commandes rempli.
LA situation est inquiétante, mais pas désespérée. La nouvelle a tout de même fait l’effet d’une bombe sur les salariés de l’usine de fabrication de contreplaqué Plysorol, à Magenta. Hier matin, les quelque 94 employés du site marnais ont appris que l’entreprise engageait une procédure de cessation de paiement.
« Ça fait drôle, parce qu’on nous demandait ces derniers jours encore de faire des heures supplémentaires », déplorent-ils, massés dans la cour de l’usine, à l’arrêt pour la journée. Tous croyaient pourtant que les mauvais jours étaient derrière eux depuis la reprise des trois sites français de Plysorol international il y a environ dix-huit mois par l’industriel libanais Ghassan Bitar. Un répit de courte durée pour ces salariés qui ont dû affronter deux dépôts de bilan et de multiples péripéties ces quatre dernières années. Le précédent repreneur de l’entreprise, l’industriel chinois Guohua Zhang, avait notamment tenté de détourner les actifs de Plysorol au Gabon il y a deux ans, soit environ 600 000 hectares de forêt.
3 sites, 3 situations
« Ce qui est incroyable, c’est que nous avons tout ici pour travailler et pour sauver tous nos emplois. Le carnet de commandes de Plysorol à Magenta est plein ! » déplore Marie-Christine Malet, secrétaire du comité central d’entreprise. Pourquoi alors une telle situation ? En premier lieu, parce que les trois sites n’affichent pas tous une aussi bonne santé. En particulier celui de Lisieux, siège de la société, qui n’a jamais retrouvé une réelle activité depuis la reprise. « Le problème, détaille Me Ludovic Doutreleau, avocat de l’actionnaire, c’est que Ghassan Bitar a financé les dettes à hauteur de 7 millions d’euros, et apporté entre 3 et 4 millions d’euros via ses filiales en un an et demi. Les pertes ont ainsi été absorbées, mais il ne peut pas continuer de cette manière. »
Une audience devrait donc avoir lieu au tribunal de commerce de Lisieux dans les prochains jours. Parallèlement à cela, un plan de continuation est en cours d’élaboration. Il faudra donc s’attendre à une réorganisation, soit en terme d’effectifs, ou bien en ce qui concerne le périmètre du groupe.
Dans ce cadre, l’usine de Magenta n’est pas celle qui a le plus à craindre au vu de son activité. Le 3e site de Fontenay-le-Comte, en Vendée, aurait d’ailleurs un bon carnet de commande également. Quoi qu’il arrive, le plan de continuation devrait être révélé dans de brefs délais afin de « rassurer les clients » de la société, poursuit Me Doutreleau.
« Toutes les commandes seront livrées en temps et en heure, grâce aux larges stocks dont nous disposons, précisait hier soir Ghassan Bitar dans un communiqué. J’ai confiance dans l’avenir des activités françaises du groupe […] Nos produits haut de gamme sont attendus, et la spécificité Plysorol n’est pas près de disparaître. » Difficile d’en savoir davantage pour le moment. Une nouvelle longue attente commence pour les salariés, une fois encore au centre d’un triste feuilleton qui n’en finit pas de rebondir.
Julienne GUIHARD-AUGENDRE
Source: L’Union L’Ardenais