spot_imgspot_img

France Législatives : Ségolène Royal se trouve en mauvaise posture

Au second tour, Ségolène Royal sera confrontée au socialiste dissident Olivier Falorini / AFP
LA ROCHELLE, envoyé spécial. Dès dimanche soir, elle rappelé son ambition : être présidente de l’Assemblée nationale. Mais elle a pour cela une obligation : être élue dimanche prochain députée de la première circonscription de Charente-Maritime. Or rien n’est moins sûr.

Bien qu’arrivée en tête au premier tour avec 32,03 % des voix, Ségolène Royal n’est en effet pas du tout certaine de l’emporter le 17 juin face au dissident socialiste Olivier Falorni, arrivé deuxième avec 28,91 % des suffrages exprimés.
Pour la présidente de la région Poitou-Charente, le résultat de dimanche est une très mauvaise surprise. Pour elle, le scénario idéal aurait été une triangulaire. C’est ce qu’envisageaient les sondages. Dans une étude réalisée du 2 au 4 juin, l’IFOP la plaçait largement en tête du premier tour avec 36 %, loin devant Olivier Falorni (22%) et la candidate de l’UMP, Sally Chadjaa (21,5%). Une telle configuration aurait assuré à Ségolène Royal une victoire au second tour.

Or la triangulaire n’aura pas lieu. Avec 19,47 % des suffrages exprimés mais seulement 11,7 % des inscrits au lieu des 12,5 % nécessaires pour se maintenir au second tour, Sally Chadjaa doit s’effacer. Ne restent donc en lice que Ségolène Royal et Olivier Falorni. Deux candidats socialistes. L’officielle et le dissident. Celle qui a été imposée par le PS pour le représenter et celui qui a refusé la décision de son parti au point de s’en faire exclure. C’est ce duel fratricide que les 98 753 électeurs de la circonscription auront à arbitrer dimanche prochain.

Ségolène Royal, pour l’emporter, entend se référer à ce qu’elle appelle « les lois républicaines et les lois de la gauche », à savoir le « rassemblement » des candidats de gauche autour de celui – de celle en l’occurrence – arrivé en tête au premier tour. « Je tends la main sans rancune au candidat dissident », annonçait-elle dès l’annonce des résultats.

L’ARBITRAGE DE LA DROITE

Quelques minutes plus tard, croisant son adversaire dans les salons de la préfecture de Charente-Maritime, elle tenta de joindre le geste à la parole : « Olivier, Olivier… » L’intéressé fit d’abord mine de ne pas l’entendre, avant de finalement lui serrer la main. Je te salue, parce que sinon on va dire que… », lui dit alors Ségolène Royal. Mais elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase car l’autre avait déjà tourné les talons pour rejoindre des journalistes et leur expliquer sa position.

Celle-ci est claire : « Il est hors de question que je retire ma candidature », a répété plusieurs fois Olivier Falorni au cours de la soirée. L’argument des « lois républicaines » le fait bondir : « La première loi républicaine est de respecter les règles de la démocratie : or le PS les a bafouées en empêchant les militants de choisir leur candidat comme partout ailleurs et en parachutant quelqu’un qui se sert de la circonscription comme d’un trampoline pour monter au perchoir. » Pour Olivier Falorni, « la candidature unique, c’était valable sous Napoléon III mais pas sous la Ve République ». Donc oui, il ira « au bout de sa démarche », assurant qu’il résistera à « toutes les pressions », y compris si elles viennent de l’Elysée.

Pour l’emporter, Olivier Falorni aura toutefois besoin du soutien d’une partie des électeurs de la droite. Beaucoup ont déjà voté pour lui au premier tour, notamment dans les quartiers bourgeois de la circonscription où la candidate de l’UMP a obtenu des résultats moins importants qu’escomptés. Cette dernière appelle à « voter blanc » au second tour, car elle ne voit « pas de différences » entre « les deux candidats socialistes ».

Mais certains, à droite, semblent avoir pour priorité de faire battre Ségolène Royal. C’est en tous cas ainsi que tout le monde a compris le sens du tweet publié par Dominique Bussereau à l’annonce de la candidature d’Olivier Falorni : « Un élu et un responsable politique courageux », avait dit le président UMP du conseil général de Charente-Maritime…

Pour gagner, Ségolène Royal compte quant à elle sur une mobilisation accrue au second tour, notamment dans les quartiers populaires, où elle a obtenu de meilleurs scores que son concurrent. « Il y a des réserves de voix de ce côté-là », assurait en fin de soirée Maxime Bono, maire de la Rochelle et député sortant, qui soutient sa candidature. Devant une quarantaine de militants rassemblés au siège de la fédération socialiste du département, qu’Olivier Falorni a dirigée pendant plusieurs années, Ségolène Royal commençait à roder un peu avant minuit ses arguments pour le second tour : « Il faut mobiliser sur l’avenir de La Rochelle, que ma candidature est une chance pour ici… Il ne faut pas entretenir la confusion… » Mais les traits tirés et le regard sombre parlaient d’eux-mêmes. Quelques minutes avant, Maxime Bono le reconnaissait : « Ce soir la confusion est totale. »

Thomas Wieder

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES