C’est une série de perquisitions sans précédent. Les autorités russes ont procédé ce lundi à des descentes de police au domicile d’une dizaine de leaders de l’opposition à Moscou, à la veille d’une manifestation mardi dans la capitale contre le président Vladimir Poutine. Et ces problèmes internes ont des conséquences internationales : les Etats-Unis ont fait part ce lundi soir de leur préoccupation «par ce qui ressemble fort à du harcèlement visant des figures de l’opposition russe», selon les mots de Victoria Nuland, porte-parole du département d’Etat.
Les perquisitions, une dizaine au total, ont frappé notamment le blogueur anti-corruption Alexeï Navalny, le leader du Front de gauche Sergueï Oudaltsov ou la présentatrice vedette de la télévision Xénia Sobtchak. La police a également pris position devant le domicile de Boris Nemtsov, ancien vice-Premier ministre du président Boris Eltsine, qui s’est révélé ne pas être chez lui. «Il se cache actuellement pour échapper aux enquêteurs», selon Vladimir Markine, le porte-parole du comité d’enquête, qui a assuré qu’un million d’euros avait été saisi pendant ces opérations.
Les personnes visées par ces perquisitions seront interrogées demain mardi
«Tout cela est une tentative de torpiller la manifestation de demain (mardi. ndlr) et de faire en sorte que moins de gens y participent», a dénoncé l’opposant Ilia Ponomarev, du mouvement Pour les Droits de l’homme. «Les perquisitions chez les opposants à la veille du 12 juin, de même que la nouvelle loi (sur les manifestations) témoignent du renforcement des radicaux au sein du pouvoir», a regretté l’ancien ministre russe des Finances Alexeï Koudrine, cité par l’agence de presse Itar-Tass.
Quelle est l’explication des autorités ? Le comité d’enquête a indiqué que ces opérations sont liées à une enquête en cours sur la manifestation de l’opposition du 6 mai qui s’était terminée par «des désordres massifs». Toutes les personnes visées par les perquisitions lundi sont convoquées mardi pour interrogatoire au comité d’enquête, a précisé le Comité d’enquête.
Réélu en mars dernier pour un troisième mandat présidentiel, après ceux effectués de 2000 à 2008 suivis par un intermède de quatre ans au poste de Premier ministre, Vladimir Poutine est confronté à une contestation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir. Les premières grandes manifestations ont commencé en décembre dernier, après la victoire du parti de Vladimir Poutine aux législatives au cours desquelles l’opposition avait dénoncé des fraudes massives.