Les dix-neuf étudiants de l’Université Omar Bongo (UOB) de Libreville détenus depuis lundi seront présentés au procureur jeudi, selon une source estudiantine.
« Nous passerons finalement demain (jeudi) » devant le procureur a déclaré l’étudiant Lionel Ella Engonga interpellé lundi puis relâché pour raison de santé.
« Ils disent que nous sommes instrumentalisés », a déclaré à l’AFP Edvin Ballack Ondo, interpellé lundi puis hospitalisé mardi après un malaise. Ces deux étudiants sont les seuls des 21 interpellés lundi à avoir été libérés.
« La première question qu’on nous pose est: +tu es de quelle ethnie?+. Quand tu dis +fang+ . Les gendarmes disent: +il y a une main noire+ » a-t-il précisé.
L’ethnie fang a la majorité relative (entre 30 et 35%) mais est souvent considérée comme proche de l’opposition par le pouvoir aux mains d’éthnies minoritaires depuis l’accession au pouvoir d’Omar Bongo en 1967, même si le Premier ministre a toujours été un Fang depuis cette date.
Le principal opposant André Mba Obame, ancien baron du régime passé à l’opposition à la mort d’Omar Bongo, est fang, à l’image d’une grande partie de sympathisants de son parti l’Union nationale.
« On peut garder un étudiant pendant près de 30 minutes juste pour le pousser à dire ce qui n’est pas vrai (…) en nous giflant, juste pour entendre que c’est André Mba Obame qui est derrière nous » a-t-il poursuivi.
Lundi, ces étudiants ont été interpellés alors qu’ils essayaient de faire cesser les cours à l’UOB. Un étudiant témoin, Célestin Mito-Mito a affirmé que « certains des étudiants arrêtés se sont eux-mêmes constitués prisonnier ».
Ils ont entamé une grève de la faim mardi pour dénoncer leurs conditions de détention. L’affaire fait grand bruit avec la publication par des membres de l’opposition et de la société civile sur les réseaux sociaux des photos des étudiants, confinés à une dizaine dans des petites cellules.
Le mouvement de grève entamé par les étudiants de l’UOB en janvier pour réclamer des bourses et la suppression de la limite d’âge (27 ans) pour les obtenir, donne lieu depuis janvier à des heurts réguliers avec les forces de l’ordre.