A la veille du Sommet du G20 au Mexique et du Sommet Rio+20 au Brésil, plus de 600 décideurs économiques, financiers et politiques se sont réunis du 8 au 10 juin à Libreville, au Gabon, à l’occasion de la première édition du New York Forum AFRICA.
Le New York Forum AFRICA a formulé des propositions concrètes dans cinq domaines fondamentaux.
En l’espace de 30 heures de débats et de réunions de groupes de travail, les participants au New York Forum AFRICA ont débattu des questions clés qui se posent à propos du continent africain : la réalité du décollage de l’Afrique, les différents modèles économiques pouvant y prospérer, l’intégration régionale, les ressources naturelles, l’agriculture, l’innovation et l’entrepreneuriat, le capital humain, les relations entre l’Afrique et les Etats-Unis et la Chine, l’équation énergétique, les investissements étrangers, les impératifs de sécurité et de gouvernance, et le rôle de la prochaine génération de décideurs politiques et économiques de ce continent et de la diaspora africaine.
Nombre d’idées et d’initiatives ont commencé à germer au New York Forum AFRICA mais les participants ont aussi formulé des propositions concrètes dans cinq domaines fondamentaux :
Les petites et moyennes entreprises.
Les PME sont le levier d’une économie prospère et le moteur de la création d’emplois. Dans la plupart des pays africains, il faudrait être beaucoup plus attentif au rôle des PME et à celui des entrepreneurs qui les créent.
– Les PME sont le « secteur intermédiaire manquant » pour les établissements financiers. Des approches et méthodes novatrices sont nécessaires pour évaluer les risques de crédit.
– Les nouveaux grands programmes d’investissement doivent être dotés d’un volet prévoyant l’investissement dans les PME ou la collaboration avec elles.
– Mettre en place un site spécifique de financement participatif pour les PME africaines.
– A l’instar des villes « jumelées » à travers le monde, les grandes entreprises devraient se doter de programmes « entreprises sœurs » pour nouer des relations avec des PME et leur servir de mentors.
– Instituer une Coupe d’Afrique des Nations pour les PME, qui aurait vocation à recenser et récompenser les réalisations de PME africaines.
– Mettre en place et promouvoir des dispositifs de formation et de mentorat pour PME.
L’intégration régionale.
Chacun s’accorde à reconnaitre l’importance d’une plus grande intégration régionale en Afrique afin de défendre les intérêts du continent d’une voix plus claire et plus assurée, d’encourager la libre circulation des capitaux, d’ouvrir les marchés du travail et d’harmoniser et abaisser les barrières douanières. Mais les progrès sont encore hésitants dans la plupart des pays africains.
– Lancer des projets régionaux d’infrastructures tant pour créer un cadre intégré de croissance que pour faciliter les liaisons entre pays.
– Accélérer les initiatives visant à faciliter la délivrance des visas, en particulier pour les ressortissants d’autres pays africains.
– Ouvrir la concurrence dans le transport aérien sur le continent africain pour élargir l’offre de transport et d’en abaisser le coût.
– A l’instar du programme européen Erasmus, créer le premier programme africain d’échange d’étudiants pour promouvoir l’intégration socioculturelle.
– Inviter les dirigeants du secteur privé à proposer des plans de réduction concertée des pesanteurs réglementaires et des obstacles au commerce.
L’Afrique et le reste du monde.
L’essor des économies africaines doit avoir pour corollaire une présence plus affirmée du continent dans les grandes institutions politiques et économiques. Pour sa part, l’Afrique doit s’efforcer d’améliorer son image à l’international.
– L’Afrique, dans les circonstances qui lui sont propres, est une terre propice à l’entreprise. Les entreprises peuvent y saisir des opportunités et y trouver des partenaires.
– Chaque pays africain doit continuer à affirmer son identité auprès des investisseurs mondiaux. L’Afrique peut aussi se mettre en valeur collectivement, en particulier dans le tourisme.
– Mise en place un programme d’accueil pour chefs d’entreprise internationaux qui seraient invités à accompagner sur place un homologue africain pendant quelques jours, et vice versa.
La coopération public/privé et l’efficacité de ce binôme.
Il y a un secteur privé émergent dans bien des pays africains mais il est trop souvent négligé dans les débats politiques. L’Etat doit continuer à assumer son rôle stratégique mais il faut que le secteur privé lui soit associé dans un partenariat inclusif.
– A l’échelon national, mettre en place des instances ouvertes et transparentes de concertation entre la puissance publique et les entreprises pour que ces dernières puissent faire entendre leur voix.
– Faire émerger plus d’organisations professionnelles panafricaines.
– Partout où il y a instabilité et insécurité, les gouvernements doivent comprendre que le meilleur partenaire pour instaurer la confiance et la sécurité est le secteur privé.
– Il y a pénurie de technocrates compétents. Mettre en place des programmes de formation ciblés, tant localement qu’en partenariat avec des institutions reconnues mondialement.
Entreprises et gouvernements doivent travailler ensemble sur les chaînes d’approvisionnement dans de nombreux secteurs. Objectif : s’approvisionner et fabriquer en Afrique si des chaînes d’approvisionnement et de distribution y étaient mises en place.
Le développement durable.
L’Afrique a la possibilité de se frayer une voie différente de celle des autres continents en matière environnementale et économique. Ses immenses ressources en énergies renouvelables, en particulier les énergies hydrauliques et solaires, sont fondamentales pour combler l’écart entre l’offre et la demande d’énergie. Et une approche durable est indispensable face au rythme et à l’ampleur de l’urbanisation.
– Pour certaines technologies vertes, l’Afrique peut faire bien plus que rattraper son retard, elle peut être leader.
– Les grandes métropoles africaines devraient prendre l’engagement de planter un arbre devant chaque bâtiment public.
– Dans l’agriculture, l’Afrique doit privilégier des modèles locaux durables au lieu d’importer des méthodes et normes d’autres continents.
Assimiler la notion de chaîne de valeur mondiale dans les zones rurales pour que l’agriculture ait sa juste place dans les économies rurales.
Même si ces propositions sont le reflet du travail et des efforts considérables qui restent à accomplir, la tonalité dominante du New York Forum AFRICA était optimiste et résolument tournée vers l’avenir.
La communauté qui s’est constituée autour du New York Forum AFRICA est très motivée et résolue à accompagner le développement des économies africaines et à contribuer à animer et guider ce développement. Elle entend également faire mieux comprendre à ses homologues et amis d’autres continents les possibilités extraordinaires qu’offre aujourd’hui un partenariat avec l’Afrique.