Des opposants ont manifesté jeudi pour réclamer la fin de la « Françafrique », avant le rendez-vous du président gabonais à l’Elysée
C’est une visite officielle scrutée de près. Le président François Hollande recevait jeudi à l’Elysée son homologue gabonais Ali Bongo. Fils du défunt Omar Bongo, à la tête du pays depuis l’indépendance, le président du Gabon, élu en 2009, est le symbole de la « Françafrique ».
« François Hollande a promis de mettre fin à ce système de relations de type mafieux, qui défend les intérêts de groupes (entreprises, partis politiques), hors des cadres de la République. Mais ce n’est pas le premier président à le dire », explique Régis Essono. Ce citoyen gabonais, en France depuis dix-huit ans, participait à une manifestation d’opposants jeudi midi à Paris.
« Des milliards détournés »
Une poignée de militants gabonais, de membres de « Survie » et « Sauvons les riches » avaient prévu de se rendre devant le 51 rue de l’Université, un hôtel particulier de 150 millions d’euros acheté avec de l’argent public gabonais, et géré par une société immobilière liée à la famille Bongo. Mais des policiers leur ont barré la route. « Ces biens mal acquis représentent des milliards détournés au détriment des Gabonais. Ils n’ont pas pu transiter par la France sans des complicités de l’Etat », dénonce Julien Bayou, chargé de campagne de Avaaz, un organe de mobilisation citoyenne qui a recueilli 62 000 signatures contre la venue d’Ali Bongo.
« Imaginez la misère généralisée au Gabon, les femmes qui n’ont pas accès aux services de santé, les enfants entassés à 100 par salle de classe alors que la famille Bongo pille systématiquement les citoyens ! » s’insurge quant à lui Georges Mpaga, porte-parole du collectif « Ça suffit comme ça », principal mouvement d’opposition de la société civile gabonaise.
La France est le premier partenaire commercial du Gabon. Plusieurs entreprises, comme Total, Boloré ou Rougier y ont des intérêts industriels.