Les représentants des partis politiques de l’opposition, les membres de la société civile et la diaspora gabonaise de France ont tenu, du 30 juin au 3 juillet dernier, une rencontre dite de Paris visant à trouver des solutions pour sortir le Gabon de ce qu’ils pensent être un crise de trois ans. La synthèse de ces travaux est suivie d’un chronogramme détaillé dont les voies et moyens de déroulement n’ont pas été indiqués.
Les représentants des partis politiques de l’opposition, les membres de la société civile et de la diaspora gabonaise de France ont organisé à Paris du 30 juin au 3 juillet des «ateliers de la transition». La présence de Zacharie Myboto, Jean Eyéghé Ndong et André Mba Obame ainsi que celle de Mme Mengue M’Eyaà, présidente du conseil exécutif du Mouvement civique du Gabon, avaient été très remarquée à ces travaux. Il a été annoncé que la synthèse des débats et les propositions des différents ateliers allaient être rendues publiques à la veille de la réception du président Ali Bongo par le président français, François Hollande.
Largement diffusé sur les réseaux internet gabonais, le rapport de ces travaux pourrait, selon eux, se révéler être un important outil de travail pour l’apaisement du climat sociopolitique gabonais. Il aurait essaimé le milieu diplomatique concerné par la “crise” dans laquelle le Gabon est plongé depuis 3 ans. Épais d’une dizaine de pages, le rapport de ces «ateliers de la transition» comporte deux chapitres : «Contexte et Justification» et «Sortir de la Crise». On note, en introduction du document qu’«en dépit de ce contexte de crise, et au-delà des considérations partisanes, la société civile, à travers un mémorandum, la diaspora gabonaise de France par une proposition de concertation commune à Paris, et les représentants des partis politiques de l’opposition, en soutien à ces projets, ont mené une réflexion pour rechercher ensemble les causes profondes de cette situation et y apporter les réponses idoines pour instaurer la paix et la stabilité du pays.» Un noble dessein.
Le gros du document est un rappel chronologique méticuleusement daté qui retrace les principaux évènements politiques survenus au Gabon, depuis l’élection présidentielle anticipée du 30 août 2009 jusqu’aux élections législatives de décembre 2011 qui ont donné au parti au pouvoir une majorité extravagante à l’Assemblée nationale.
Pour sortir de la crise politique gabonaise, le mémorandum demande «à la France qui connaît parfaitement cette situation de concourir, notamment avec le Nations unies, à la mise en œuvre de cette démarche gage de paix, de stabilité et de développement harmonieux, équilibré et équitable de notre pays». Et d’inviter chaque «citoyen gabonais (à) s’engager dans le combat en faveur de la restauration des valeurs républicaines et démocratiques dans un sursaut patriotique national.»
Quelque peu impératif, le texte indique qu’«il doit être mis fin sans délai et par tous les moyens au processus de monarchisation en cours au Gabon. A cette fin et pour respecter le caractère pacifique du peuple gabonais, priorité doit être donné à une initiative impliquant toutes les gabonaises et tous les gabonais à travers une Conférence nationale souveraine.» Pour ce faire, ils proposent un chronogramme dont nous ne saurons faire l’économie. Il se présente tel que suit :
Juillet-Août 2012
Préparatifs de la Conférence nationale souveraine.
Dissolution de l’Assemblée Nationale.
Réhabilitation de l’Union Nationale.
Réhabilitation de tous les fonctionnaires et étudiants victimes de suspension arbitraire de salaires et de bourses pour des questions d’ordre politique.
Abandon de toutes les tracasseries et poursuites judiciaires à caractère politique en cours au Gabon.
Restauration de la couverture nationale de TV+ et restitution de son matériel confisqué à ce jour par la garde présidentielle.
Septembre 2012
Tenue de la Conférence nationale souveraine à Libreville avec une facilitation internationale de haut niveau.
Octobre 2012-Décembre 2013 : Période de transition
Mise en place des institutions de transition issues de la Conférence nationale souveraine.
Adoption d’un nouveau code électoral.
Introduction concertée de la biométrie.
Adoption par référendum de la nouvelle constitution.
Élections générales (présidentielle, législative, locale et sénatoriale).
31 Décembre 2013
Fin de la période de transition.
1er Janvier 2014
Entrée en fonction des nouvelles institutions de la République.»
Hormis le fait que ce groupe de personnalités dispose de peu d’éléments concrets pour justifier de leur représentativité au Gabon, on se demande bien de quels moyens dispose l’opposition et les associations ayant travaillé à ce mémorandum pour faire aboutir un tel calendrier, surtout qu’il n’a jamais été discuté avec le pouvoir.