Le débat en cours au Gabon sur les mérites de l’un ou l’autre des projets citoyens actuellement en considération—« concertation nationale » ou « conférence nationale » ?—me pousse aujourd’hui à y apporter une lecture qui donnera aux uns et aux autres une base plus saine et moins floue à partir de laquelle chacun pourra, selon sa sensibilité et en toute objectivité, se faire une meilleure idée des enjeux auxquels le pays devra faire face en fonction de l’option choisie. Je parle donc ici d’une analyse froide de la situation, analyse qui ne s’accommodera que de la rigueur non partisane d’une exploration intellectuelle du débat national en gestation.
Pour clarifier ce débat pour le plus grand nombre, il suffit d’en évaluer les ultimes finalités et, surtout, de soupeser ce que chacune des options suppose comme processus.
A. CONCERTATION NATIONALE
L’option de la « concertation nationale » a toujours été, il faut le dire, l’échappatoire par laquelle le régime des Bongo a pu, depuis 1990, dérouter les aspirations démocratiques du peuple gabonais. A chaque fois que ce régime a été acculé à l’obligation de négocier une sortie de crise, il a sorti de son chapeau le petit lapin de la « concertation nationale » : Il le fit en 1989/1990 quand le MORENA du (jadis) Père Paul Mba Abessole accula, dans le cadre d’une médiation française, le régime des Bongo à l’ouverture démocratique. Le modèle de « sortie de crise » qui fut alors négocié entre le MORENA et le régime d’Omar Bongo fut le RSDG (Rassemblement Social-Démocrate Gabonais), c’est-à-dire un avorton d’ouverture qui prévoyait que le Gabon resterait sous le régime du parti unique RSDG, mais avec des tendances et débats pluralistes à l’intérieur. Ce n’est que grâce aux soulèvements étudiants couplés aux revendications multisectorielles et manifestations de rue de la période 1989/1990 que le régime céda pour accepter une conférence nationale que l’opposition, par naïveté, manqua de rendre « souveraine ». Le résultat fut, néanmoins, le ralliement de Paul Mba Abessole aux idéaux de la conférence nationale au moment où les Gabonais assemblés rejetèrent le RSDG pour exiger, à la place, un multipartisme débridé. Son fameux « le RSDG est désormais caduque » lâché en pleine conférence nationale fut le glas qui sonna la fin des prétentions monopartistes du régime des Bongo. Ce qui avait rendu cette finalité possible fut que toutes les composantes de la société gabonaise, y compris les syndicats, avaient politisé leur discours, exigeant la « conférence nationale » et ne donnant de choix à Omar Bongo qu’entre un départ immédiat du pouvoir ou la réforme démocratique.
Le régime des Bongo avait cependant appris sa leçon. Il avait remarqué que l’élite politique gabonaise avait une assez naïve tendance aux compromis et aux raccourcis politiques, qu’ils ne seraient jamais capables de réellement organiser la confrontation politique directe et que, donc, le régime disposerait toujours d’une marge de manœuvre pour « faire semblant » d’évoluer là où, en réalité, il s’évertuerait à reculer et à ramener progressivement le pays au monopartisme de fait, donc à une situation de « RSDG » où opposition et régime joueraient le jeu des apparences sans toutefois faire bouger le curseur de la démocratisation. Le modèle de « sortie de crise » et de « négociation » sur lequel le régime finit par jeter son dévolu devint, ainsi, celui de la « concertation nationale ». Il l’utilisa d’ailleurs avec dextérité dans les 22 années qui suivirent pour désamorcer les crises politiques que traversa le pays. C’est ainsi qu’en 1994, on vit se négocier non seulement une « Paix des Braves » proposée par feu le Maître Agondjo Okawé, leader du PGP (Parti Gabonais du Progrès), mais aussi, sous médiation française, les « Accords de Paris », c’est-à-dire la sorte de « concertation nationale » via les élites politiques qui vit le pouvoir des Bongo se renforcer devant une opposition ayant vite fait d’oublier ses revendications en échange du franc électoral et de quelques aménagements de partage du pouvoir. Les accords d’Arambo de 2006 virent le même ballet de « concertations » de l’élite politique nationale accoucher d’une souris démocratique. Depuis, le débat politique tourne en rond au Gabon. On fait semblant d’avancer, puis on recule, puis on se remet à négocier ce qu’on croyait pourtant acquis, et bis repetita.
On passera ainsi rapidement sur les multiples autres tractations pré-électorales et post-électorales par lesquelles régime et opposition se seront souvent « entendus », sans que ces accords ne trouvent quelque percée démocratique que ce soit dans les urnes. Bien au contraire, entre 1990 et 2009, le régime était parvenu à vider le système politique gabonais de toute la substance démocratique et consensuelle née de la conférence nationale. Le contentieux électoral qui opposa par la suite l’opposition au régime d’Ali Bongo dès septembre 2009 ne produisit pas mieux. L’ébauche de « concertation nationale » amorcée autour du projet de « biométrisation » du fichier électoral proposé par Pierre Mamboundou, et ce en amont des élections législatives de 2011, accoucha rapidement d’une souris quand Ali Bongo, conscient de la faiblesse de son opposition, rompit les termes de l’accord sur la biométrie pourtant conclut devant la nation. Il laissa sa belle-mère de la Cour constitutionnelle faire la basse besogne de renvoyer aux calendes grecques un processus pourtant essentiel à la transparence du vote. L’élection législative de 2011 se tint donc sans biométrie et sans transparence, ajoutant ainsi une crise supplémentaire à la longue lignée de contentieux électoraux jamais résolus depuis 1990.
C’est dire, à la fin, que le modèle de la « concertation nationale » que privilégie le régime bongoïste a toujours eu tendance à avantager ce régime dès lors que ce type de processus convivial a toujours supposé une « sortie de crise » en demi-teinte par laquelle le régime Bongo/PDG proposait, en lieu et place de la démocratisation sans fards attendue par les Gabonais, des processus tronqués qui menaient immanquablement à:
1) un partage déséquilibré du pouvoir et des avantages entre régime et opposition qui ne produisait en échange aucune avancée démocratique ni au niveau des institutions ni au niveau de la pratique ;
2) une « illusion de démocratisation », donc une ouverture au rabais qui avait tôt fait de replonger le Gabon dans les mêmes travers de la dictature, de la mauvaise gestion, de la corruption politique et des arbitraires, prolongeant ainsi cruellement l’agonie d’un peuple qui voudrait bien qu’un jour la démocratie devienne un banal acquis et que la pacification qui en aurait résulté libère enfin les énergies devant se concentrer sur le développement optimal du pays dans le contexte d’un Etat de droit qui soit irréprochable.
Dès lors, donc, que, en 2012, le régime d’Ali Bongo pressentit un contexte international défavorable au cas où François Hollande se retrouverait élu président de France au détriment de Nicolas Sarkozy, il anticipa sur l’évolution des choses en proposant de sa propre initiative, et ceci dès la prise de fonction de Raymond Ndong Sima comme nouveau Premier ministre, une énième « concertation nationale » à l’élite politique nationale. Ndong Sima avait non seulement confirmé ce processus les 12 avril et 10 juillet courants, mais aussi commencé entre les deux dates un début de concertation avortée avec des leaders de l’opposition en mai et juin 2012. Il est cependant facile de deviner que, là encore, il s’agit pour le régime d’inviter l’élite politique gabonaise à un autre processus en trompe-l’œil qui n’a pour autre objectif que le contournement de la « conférence nationale souveraine » demandée par l’opposition.
Que peut-on, donc, attendre de concret dans le cadre d’une « sortie de crise » basée sur l’option d’une « concertation nationale » entre le régime des Bongo et l’élite politique de l’opposition ? Simplement que, redoutant le spectre d’une « conférence nationale souveraine » en bonne et due forme, le régime des Bongo n’aura aucun mal à concéder, dans le cadre d’une « concertation nationale », les aspects cosmétiques de la réforme si cela peut lui assurer la survie au pouvoir. Sachant que les négociations basées sur le modèle de la « concertation nationale » n’impliquent généralement que l’élite politique, le régime sait que ce type d’accords loin de l’ire et du regard du peuple tourne toujours à son avantage une fois le saupoudrage habituel effectué et les velléités insurrectionnelles de cette élite apaisées. On peut ainsi anticiper qu’Ali Bongo, pour désamorcer la « bombe » d’une potentielle insurrection du peuple, acceptera facilement :
1) l’introduction de la biométrie : Ceci ne sera cependant pas une nouvelle concession puisque ceci était plus ou moins acquis ; le Ministre de l’Intérieur Jean François Ndongou avait déjà en effet affirmé, en février 2012, que la biométrie serait présente lors des élections locales prévues pour 2013. Mais tout le monde sait que pour être crédible, la biométrie ne peut s’introduire en isolé des autres éléments accompagnateurs qui font la biométrie intégrale (recensement général de la population, généralisation de l’outil informatique et de l’outil statistique, maîtrise des flux migratoires, maîtrise des naissances et des décès, etc., et ce avant même que de procéder à l’établissement des documents relatifs) ;
2) La révision du fichier électoral : mais comme dans le cas de la biométrie, une telle révision, en isolé, du ficher électoral ne garantit rien puisque ne reposant sur aucun socle statistique viable.
3) Départ de Madeleine Mborantsuo de la Cour constitutionnelle: ici, comme dans les deux cas précédents, ce ne sera que du cosmétique car le socle même qui permettait à Mborantsuo ses manipulations et ses arbitraires juridiques en faveur des Bongo ne sera pas pour autant évincé ;
4) La réhabilitation de l’Union Nationale et son corollaire de rétablissements des salaires et professions suspendues par le régime des Bongo au lendemain de la proclamation du gouvernement parallèle d’André Mba Obame : Ceci devrait suffire à en amadouer plus d’un et à donner l’illusion d’une décrispation qui donnera à l’opposition le prétexte de « sortie de crise » dont elle a besoin pour se redonner un minimum de crédibilité ; elle criera « victoire » alors même que, sur le fond, le contexte démocratique n’aura pas bougé d’un iota ;
5) La parité au sein de la Commission électorale et des bureaux de vote : cette mesure cosmétique, même quand elle garantirait la possession des procès-verbaux aux opposants, n’empêchera cependant pas le régime de proclamer comme à son habitude des résultats autres que ceux sortis des urnes. On reviendra donc au point de départ, c’est-à-dire sur 22 années additionnelles de contentieux électoraux à n’en plus finir.
6) Le partage du pouvoir : eh, pourquoi pas, diront certains. On peut prédire ici quelques bouleversements qui verront des membres de l’opposition se constituer ministres d’un régime de complicités sous prétexte d’ouverture et de décrispation de la crise politique nationale. Et le tour, bien sûr, sera joué. Comme d’habitude.
Autrement dit, tout le manège consistera, sur la base de ce modèle de « concertation nationale » n’impliquant que l’élite politique et le régime, à déboucher sur, non pas la prise de pouvoir par l’opposition, mais le partage du pouvoir avec le régime des Bongo. On prétendra ainsi sauver la « démocratie gabonaise », sauver « la paix » dans ce royaume d’exceptionnelle stabilité qu’est le Gabon, confortant ainsi l’héritage de « paix » légué par le « grand homme » Omar Bongo. Sur l’essentiel (révision de la constitution, réforme de la Cour constitutionnelle, indépendance de la Commission électorale, réduction des pouvoirs du président de la République, anticipation de l’élection présidentielle, etc.), cependant, le régime ne bougera pas.
B. CONFERENCE NATIONALE SOUVERAINE
La « conférence nationale souveraine », par contre, est, en l’état actuel des choses, à la fois le projet le plus salutaire pour le Gabon, mais aussi le plus irréaliste, voire « utopique ». Salutaire parce que, en fin de compte, c’est le seul projet qui répondrait valablement à toutes les problématiques qui immobilisent l’évolution du Gabon depuis 45 ans, et ce si et seulement si la nation tout entière s’accordait sur ce modèle. Autrement dit, une conférence nationale assurerait non seulement une « sortie de crise » négociée par le biais d’un consensus national impliquant directement toutes les portions du peuple sans exclusive, mais serait aussi la seule option pacifique qui restât aux Gabonais, en dehors du miracle de Jésus-Christ. Cependant, l’option d’une conférence nationale souveraine au Gabon demeure aussi l’option la plus irréaliste, voire « utopique » parce que trop tributaire de la bonne volonté du régime Bongo/PDG. En d’autres termes, elle supposerait que, sans pression de la rue, les Bongo se plieraient, sans y être forcés, au jeu de la sanction populaire qui, en ces temps de ras-le-bol généralisé, ne manquera pas de s’abattre sur la conférence nationale et de la transformer en un véritable procès contre les Bongo. Sauf naïveté habituelle des conférenciers, bien évidemment. Mais si les leçons de 1990 ont été bien apprises, on ne voit pas comment une conférence nationale au Gabon pourrait se terminer sans proclamation d’évincement immédiat des Bongo et la tenue immédiate, donc anticipée, d’élections générales au Gabon.
Or, l’éventualité de voir ce régime céder sans résister est maigre, voire utopique car les Bongo et leurs acolytes n’ont jamais su ce que c’est que l’intérêt supérieur de la nation. Ils biaiseront donc, jongleront et rouleront dans la farine toute la nation autant qu’ils pourront. A la fin, ils ne reculeront que si, en face, se profile un contre-pouvoir oppositionnel fort, sûr de lui et intraitable qui les poussera à la sortie par le pouvoir démocratique de la rue.
Il convient donc, à cette jonction, de clarifier le débat sur la conférence nationale souveraine. L’option d’une « conférence nationale souveraine » pour le Gabon n’est pas, en soi, une mauvaise option. C’est probablement la seule qui puisse accorder tous les Gabonais puisque fédératrice et porteuse de consensus national et de paix durable. Il convient ainsi de saluer ceux qui, à Paris, ont commencé ce débat, puisque c’est bien grâce à la réunion de Paris du 30 juin que, au moins, ce débat est possible aujourd’hui. Dans ce contexte, personne au Gabon, et encore moins le BDP-Modwoam, ne peut et ne doit s’opposer à l’idée d’une conférence nationale souveraine. C’est une idée centrale au débat national qui doit être mené et c’est le passage obligé du Gabon si notre pays veut se doter d’institutions démocratiques irréprochables. D’ailleurs, le mouvement « Bongo Doit Partir – Mouvement des Descendants de Wongo, Okwêrêt, Akoma Mba et Mumbina » (BDP-Modwoam), à l’époque de sa création en décembre 1998 sous le nom de « BDP-Gabon Nouveau », en avait déjà appelé à ce processus comme la seule voie pacifique à même de rendre la souveraineté nationale au peuple. En février et mai 2009, lors des travaux de Gabonais réunis au sein de la Coalition du Refus et de Salut National à Paris, puis à Bruxelles, le BDP-Gabon Nouveau avait également posé la conférence nationale souveraine comme la seule manière pacifique qu’avaient les Gabonais de sortir de leur crise politique tout en se donnant une destinée réellement démocratique. Au moment encore de sa transformation en parti politique le 15 janvier 2012, le BDP devenu BDP-Modwoam avait élaboré une charte obligataire et militante qui, en son Article 13, positionne clairement la conférence nationale comme un outil dont l’aboutissement supposerait « la suspension des institutions existantes et de leurs pouvoirs et prérogatives avec effet immédiat de ne préserver, au travers d’un Collège de Transition, que la capacité de l’Etat à gérer les affaires courantes en matière de services, et engager immédiatement le pays dans un processus de réforme démocratique qui devra obligatoirement non seulement passer par un consensus national que seule une Conférence Nationale souveraine est capable de garantir, mais aussi s’articuler sur la nécessité d’une Constitution nouvelle qui traduira dans la réalité l’avènement d’une démocratie sans fards au Gabon, notamment par le retour au système électoral à deux tours, la limitation des pouvoirs du Président de la République et le renforcement de ceux du Premier ministre et du Parlement, la décentralisation politique et économique des provinces, le renforcement dans la Constitution du droit et de l’obligation à l’éducation de tous les enfants gabonais jusqu’à l’âge de 15 ou 16 ans, y compris le rétablissement de la gratuité totale de l’éducation au Gabon depuis le Primaire jusqu’à l’Université, tout cela conformément au modèle constitutionnel déjà proposé par le BDP-Modwoam et des Gabonais de la Diaspora suite aux travaux de Bruxelles en 2009; ce processus devrait prendre au maximum trois mois et se conclure par de nouvelles élections démocratiques générales (présidentielles, législatives, locales, etc.) tenues immédiatement après que les conditions de biométrie et d’identification statistique sont mises en place conformément à l’alinéa précédent. »
C’est dire que l’idée d’une conférence nationale souveraine a toujours fait partie, sur le plan purement théorique, de la panoplie d’actions proposées par le BDP comme voie suprême de pacification politique du Gabon. Mais la théorie demeure la théorie. Encore faut-il être capable, par la suite, de jauger cette théorie à la lumière de la réalité politique nationale. Autrement dit, c’est là que s’arrête, à notre niveau, le « fantasme » d’une conférence nationale souveraine au Gabon, sauf si on veut être mu par une aspiration purement « utopique » coupée de la réalité du contexte politique actuel du Gabon. Autant le BDP-Modwoam se satisfait de voir une partie de l’opposition se rallier à une revendication inscrite depuis 1998 dans nos recommandations politiques, autant il demeure une fondamentale divergence entre nous et le reste de l’opposition quant à comment rendre possible une conférence nationale souveraine au Gabon.
C. LE DEBAT
Pour clarifier un peu plus ce débat, mais aussi la position qui est celle du BDP-Modwoam, cadrons concrètement les enjeux, les processus et les finalités du changement au Gabon et regardons d’un œil plus scientifique, réaliste et objectif les possibilités de changement offertes aux Gabonais.
C.1./ CHANGEMENT PACIFIQUE
Comme seule possibilité de changement pacifique au Gabon, il n’y a que l’option de la Conférence Nationale Souveraine, sauf si l’on croit au miracle de Jésus-Christ comme option supplémentaire. Or, cette option reste hautement utopique parce que trop tributaire de la bonne ou mauvaise volonté du régime Bongo/PDG. On ne voit tout simplement pas comment ce régime va accepter le principe d’une conférence nationale sans y être forcé à partir de la rue.
C.2./ CHANGEMENT INSURRECTIONNEL
En dehors de la conférence nationale comme voie royale (mais utopique) d’un règlement pacifique et consensuel de la crise politique gabonaise, il ne reste que des voies violentes ou, si l’on veut, insurrectionnelles.
Autrement dit :
1) Que les partisans d’André Mba Obame décident de pousser la revendication électoraliste d’André Mba Obame jusqu’au bout de sa logique, cette voie ne peut être que celle d’une prise de pouvoir par le moyen de l’insurrection populaire ou armée ; cela veut donc dire en termes clairs que André Mba Obame ne peut devenir président du Gabon que s’il organise l’insurrection en vue de sa prise de pouvoir.
2) Que le peuple se soulève spontanément comme en Tunisie ou en Egypte par le hasard d’un déclic insurrectionnel qui mettrait le héros du moment au pouvoir, cette option est, encore une fois, une option de violence dont l’intensité, les sacrifices, la durée et la douleur dépendront amplement de la résistance du régime des Bongo ;
3) Que la France décide elle-même de faire un coup d’Etat à Ali Bongo pour mettre au pouvoir André Mba Obame ou quelqu’un d’autre, cette voie est, comme les deux premières, obligatoirement violente, tout dépendant, encore une fois, du type de résistance que le régime des Bongo opposerait aux Français et/ou au peuple, dans ce cas ;
MAIS, et c’est ici que mon analyse prend tout son sens, si on ajoute à ces trois possibilités l’option de la conférence nationale souveraine elle-même, on voit, en réalité, que même cette option devra se transformer en option insurrectionnelle car on ne voit simplement pas comment le régime Bongo/PDG va accepter une conférence nationale souveraine au Gabon sans y être forcé par une pression implacable de la rue.
Du coup, on se rend bien vite compte qu’il n’y a, en réalité, au Gabon, aucune option pacifique. La conférence nationale souveraine elle-même, à cause de la résistance attendue et prévisible des Bongo, devra être conquise dans la rue par le peuple associé à son élite politique. Sans cela, autant dire que les Bongo auront encore de beaux jours devant eux. On voit donc bien ici que le pouvoir ne pourra changer de mains au Gabon que par le biais d’une procédure insurrectionnelle en bonne et due forme, la « conférence nationale souveraine » elle-même devant aussi être vue comme un outil insurrectionnel.
Ceci nous ramène donc au point de départ de la théorie et de l’idéologie politique du BDP-Modwoam. Comme nous l’avons souvent dit, il n’y a aucun moyen arithmétique, statistique, sociologique ou politique par lequel un Bongo pourrait gagner une élection libre et transparente au Gabon. La seule manière pour ce régime de se maintenir au pouvoir consiste donc tout simplement à frauder et, donc, à s’imposer par force de dictature. Dès lors, le changement au Gabon ne peut se concevoir ni par les urnes, ni par le bon vouloir des Bongo, et encore moins par le miracle de Jésus-Christ.
Dès lors, donc, que les Bongo ne cèderont jamais volontairement ni la démocratie ni le pouvoir, le corollaire le plus immédiat est que le changement et/ou la « conférence nationale souveraine » au Gabon ne seront possibles que par le biais de l’insurrection (on peut mettre toutes les nuances et dimensions que l’on veut dans ce mot).
Voilà pourquoi, pour faire de l’outil de la « conférence nationale souveraine » un outil réaliste et non un outil utopique, il faut la resituer dans la réalité de ce que l’on sait des Bongo. Dès lors que tout Gabonais avec le cerveau bien positionné se rendrait compte qu’Ali Bongo, comme son père en 1989/1990, n’acceptera jamais le principe d’une conférence nationale sans y être forcé, on retombe automatiquement au point zéro, c’est-à-dire au point de départ : il faudra tout simplement, qu’on le veuille ou pas, procéder par des moyens insurrectionnels si les Gabonais veulent obtenir cette conférence nationale.
Du coup, aucune contorsion verbale, aucune théorie du changement, aucune vue de l’esprit ne doit plus, dès lors, éloigner les Gabonais d’une simple réalité : pour obtenir la « conférence nationale souveraine » ou pour changer Gabon, même par le biais d’une « conférence nationale souveraine », il faut passer, au préalable, par une la voie insurrectionnelle. Il n’y a aucune autre voie, sauf celle d’un miracle où Ali Bongo, frappé par la grâce divine, se lèverait un beau matin transfiguré, pour dire aux Gabomais : « Je vous ai compris, je me retire en vous laissant la démocratie ». Mais ce serait là une attente, justement, que je qualifierais d’attente « utopique ». Les Bongo savent qu’une « conférence nationale souveraine » leur serait fatale car elle porte en elle les sédiments de la transparence électorale et de la démocratie, choses qui seraient inévitablement fatales aux Bongo. Ils ne laisseront donc pas la conférence nationale souveraine se tenir sans résistance.
Pour l’opposition, donc, il sera encore une fois question de savoir le « plan B » prévu pour forcer les Bongo à l’option de la conférence nationale. Le tout n’est pas de « souhaiter » la conférence. Ce que les Gabonais attendent de voir, ce sont les mécanismes insurrectionnels prévus par l’opposition pour imposer cette option aux Bongo.
Voilà pourquoi mon opinion a toujours été que tôt ou tard, l’insurrection se passera au Gabon. Parce qu’elle est un passage obligé pour tous ceux qui aspirent au changement radical au Gabon, elle ne peut être évitée. C’est une voie par laquelle tout le monde doit passer, qu’il s’agisse du BDP-Modwoam ou des autres composantes de l’opposition gabonaise unie ou dispersée. Ce n’est donc qu’une question de temps et je mets au défi qui que ce soit de me démontrer le contraire.
En attendant, donc, ce moment, ma recommandation à l’opposition active sur le territoire national et, partant, au peuple Gabonais, est de rejeter toute démarche de l’Etat/PDG qui consisterait à contourner l’impératif d’une « conférence nationale souveraine » par le subterfuge d’une « concertation nationale » qui n’a aucun sens au moment où les Gabonais veulent une remise à plat définitive du système politique gabonais.
Il faut donc tout simplement mettre les Bongo et le régime Bongo/PDG devant la réalité suivante : vu que la « concertation nationale » reste leur seule possibilité de s’accrocher au pouvoir par les habituelles compromissions, et vu que les Gabonais dans leur écrasante majorité refusent ce galvaudage de la souveraineté du peuple, l’impératif de leur départ est inéluctable et incontournable. Dès lors, ils n’ont que deux choix : partir et partir. Ils peuvent choisir de partir honorablement par le biais d’élections libres découlant de la « conférence nationale souveraine » que le peuple réclame et, donc, de laisser derrière eux un pays en paix réconcilié avec lui-même, ou choisir de partir dans l’humiliation d’une fin de pouvoir obtenue par l’insurrection du peuple. Il leur faut savoir qu’il n’y a pas un seul coin du monde où les Bongo et leurs complices pourront aller se cacher sans encourir le courroux du peuple gabonais s’ils forcent justement ce peuple à devoir recourir à une insurrection pour les chasser du pouvoir.
Voilà, cher peuple, chers compatriotes, où, à mon humble avis, se trouvent les vrais enjeux du débat actuel au Gabon. A chacun donc de se déterminer en fonction de sa sensibilité tout en se rappelant ce que j’ai dit ici : les voies de l’insurrection, au Gabon, sont incontournables. Et ces voies ne passent pas par la France, les USA ou la planète Mars. Elles passent par ce que les Gabonais sont prêts à faire eux-mêmes pour prendre le contrôle de leur destinée.
Le peuple gabonais et, partant, l’opposition, doivent, donc, rejeter le projet de « concertation nationale » proposé par le régime des Bongo et préparer le Gabon à une insurrection qui établira la « conférence nationale souveraine » comme la seule option pour une démocratisation sans fards du Gabon. Il n’y a pas d’autres voies. Il n’y aura pas de conférence nationale souveraine au Gabon sans insurrection.
Dr. Daniel Mengara
Président, BDP-Modwoam
P.O. Box 3216 TCB
West Orange, NJ 07052
Tél./Fax : 973-447-9763
Voir aussi la vidéo: « Dr. Daniel Mengara: “Le Débat sur le changement au Gabon doit désormais être clarifié” (Vidéo)
oui une insurrection au gabon mais par qui? que le bas peuple du gabon qui croule dans la misère se fasse tuer dans la rue pendant que les leaders de l’opposition qui seront les principaux bénéficiaires de cette révolte et leurs familles vivent en europe avec l’argent sorti du pays. le peuple est prêt à se battre à condition que les leaders qui seront aux affaires après prouvent également qu’il sont prêt à risquer leur vie pour ce peuple en descendant dans le rue qui à devenir martire.
Voilà que je trouve une personne qui puisse m’inspiré après la disparition de Pierre MAMBOUNDOU.cher maître Daniel,je suis d’avis avec vous.il est temps que les homme ayant des initiatives se lèvent et marche vers la libération du peuple Gabonais.voici ma proposition que le BDP puisse faire une sorte visite de travail Dans les pays ou les gabonais sont en masse.afin de mettre en place des comité de réflexion parallèle.pour préparer toute la diaspora.il faut que tout Gabonais vivant à l’étranger ou au pays sache la nécessité de faire partir les Bongo.j’attend une réaction d’un membre du BDP.merci
Docteur
Je suis totalement d’accord avec tes propositions. J’invite tout le monde a lire les propositions du docteur. Toute la verite est la !