Régulièrement controversés, critiqués, accusés de trahir l’“esprit olympique”, les Jeux d’été n’en demeurent pas moins la plus grande compétition sportive au monde. Et pas seulement dans l’esprit des nations triomphantes. Pourtant, Le Gabon, qui dépense sans compter ses milliards pour des attractions parfois confidentielles, n’a, semble-t-il, pas les moyens de diffuser les épreuves sportives durant ces mois de vacances. Pas les moyens, ou pas la volonté ?
« L’important c’est de participer ». Cette petite phrase de Pierre Frédy, alias baron Pierre de Coubertin et rénovateur des Jeux olympiques modernes en 1896, était souvent accompagnée d’une de ses idées fortes : « L’olympisme, c’est avant tout le sport pour tous, et non seulement le sport spectacle! » Aujourd’hui, grâce à lui, pas un athlète ne peut imaginer plus grande victoire que de remporter une médaille olympique. Ces mêmes Jeux ont inspiré des générations de sportifs depuis leur plus jeune âge, les poussant à vaincre l’adversité et les blessures pour participer un jour aux « Jeux », la seule compétition où l’honneur de gagner devance celui de s’enrichir. Et bien ces champions dans quelques années ne seront pas gabonais. Aucun, cette année, ne pourra rêver devant sa télévision, le cœur palpitant au gré des séries, puis des demi-finales. Personne ne sentira l’excitation monter durant les longues minutes qui précèdent une finale du 100 m ou du javelot. Personne en fait, ne va suivre ces Jeux olympiques autrement que par la lecture désincarnée des pages sport de L’union ou les résumés ânonnés du journal de 20 heures de Gabon Télévision.
Visiblement, le Gabon (qui en fait ? Nous n’en savons rien) n’a pas jugé utile de payer les droits pour diffuser l’intégralité des Jeux olympiques.
Même les plus fortunés devront se contenter des commentaires insipides et parfois stupides du staff sportif de France 2, mais leur plaisir, déjà bien entamé par les digressions sans intérêt de ces animateurs, restera frustré par l’absence de la plupart des grandes finales. Ces dernières se déroulent en soirée depuis quelques années sur demande des grandes chaînes de télévision américaines. A partir de 20 heures, France 2 passe le relai à France 3 pour pouvoir diffuser ses séries TV. Sauf que les nouveaux bouquets satellites de Canal ne proposent plus France 3 depuis le début du mois de juillet et aucune autre chaîne ne semble avoir obtenu les droits de diffusion. Les Gabonais seront donc privés de Jeux olympiques cette année.
Gabon Télévision a tout de même obtenu un tout petit espace de liberté, avec la possibilité de diffuser en direct les exploits des sportifs nationaux. Las, son équipe de tournage est encore coincée au Cameroun dans l’attente d’un visa. On a pu voir les matchs de l’équipe de football du Gabon, éliminée, quelques combats de boxe, perdus. Restent le judo ce 2 août, l’athlétisme à partir du 3 août et le Taekwando le 11 août. Si Ruddy Zang Milama parvient, comme la logique le voudrait, en finale du 100 mètres dames, alors verra-t-on une finale d’athlétisme à la télévision. A condition que la SEEG ne choisisse pas cet instant pour effectuer un délestage. Restent les sites Internet, pour ceux qui ont la chance et les moyens de disposer d’une connexion. Sur Youtube, vous pourrez retrouver l’intégralité des épreuves, ou presque, qui vous tiennent à cœur. C’est hélas infiniment moins convivial qu’une famille réunie au salon autour du téléviseur et qui partage l’émotion du direct.
Ignorés et pillés par leurs fédérations tout au long de l’année, privés d’infrastructures nationales leur permettant de s’entraîner dans de bonnes conditions, méprisés par leur dirigeants pour n’être que des « petits jeunes » et abandonnés en cas de blessures, les athlètes gabonais n’auront plus comme choix que de saisir les opportunités offertes par leurs pays d’accueil. De la France au Quatar, les tentations de défendre une nation qui apprécie leurs efforts sont légions. Une nation prête à payer les droits télé pour les Jeux olympiques afin de faire honneurs à ses sportifs et d’offrir à ses citoyens l’un des plus exaltant exemple de dépassement de soi et de fair-play.
Le Gabon nous a offert le spectacle d’ouverture de ces Jeux, ne vous inquiétez pas, vous verrez sans doute aussi celui de clôture.
Rappelons ce que sont les principes fondamentaux de l’Olympisme (extraits de la Charte olympique)
L’Olympisme est une philosophie de vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques fondamentaux universels.
Le but de l’Olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’homme, en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine.
La pratique du sport est un droit de l’homme. Chaque individu doit avoir la possibilité de faire du sport sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique, qui exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play. […]
Toute forme de discrimination à l’égard d’un pays ou d’une personne fondée sur des considérations de race, de religion, de politique, de sexe ou autres est incompatible avec l’appartenance au Mouvement olympique.
Autant de belles idées dont le Gabon devrait parfois s’inspirer.