Moins de 24 heures après sa spectaculaire arrivée sur Mars, le robot Curiosity a déjà régalé la Nasa de superbes images de sa descente vers la planète rouge et du paysage environnant, alors que les scientifiques le préparent patiemment pour sa mission. Après l’excitation, la joie et le soulagement de voir Curiosity se poser sans encombre sur le sol martien, lundi à 7 h 32 (heure de Paris), les équipes du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de Pasadena (Californie) se sont immédiatement remises au travail pour vérifier que leur robot était en ordre de marche.
Après une première série de tests concluants sur les instruments scientifiques embarqués, les ingénieurs s’apprêtaient à vérifier, dans la nuit de lundi à mardi, l’état des outils de communication de Curiosity. « C’est le matin sur Mars » et le soleil va bientôt se lever, a précisé lundi à 16 heures locales (mardi à 1 heure du matin en France) Jennifer Trosper, l’une des responsables de la mission Mars Science Laboratoy (MSL) au JPL. « Quand Curiosity va se réveiller, nous allons vérifier ses capacités de communication directe avec la Terre », assurées par deux antennes, a-t-elle ajouté, précisant que Curiosity est également capable de communiquer à travers le relais des sondes en orbite autour de la planète rouge.
« Exercices de tests »
La première journée martienne – appelée Sol 1 – sera aussi l’occasion de poursuivre « les exercices de tests sur plusieurs outils », a-t-elle dit. Mais le plus impressionnant, moins de 24 heures après l’arrivée du robot sur Mars, est la série de photos parvenues jusqu’à la Terre. Au premier cliché de l’ombre portée du robot sur le sol de la planète rouge, est venue s’ajouter lundi une splendide image panoramique du mont Sharp, en face duquel s’est posé Curiosity. Le cliché montre une vaste étendue plate couverte de galets, de laquelle s’élève la masse blanche du mont Sharp, une montagne de 5 000 mètres d’altitude sur laquelle Curiosity est censé grimper d’ici un an pour analyser ses roches, dont certaines remontent à un milliard d’années.
Joy Crisp, l’une des scientifiques en chef de la mission, a précisé qu’il était trop tôt pour savoir si la couleur blanche du mont Sharp était due à la neige, en raison du traitement du cliché en noir et blanc, qui pourrait avoir altéré les couleurs réelles. La Nasa a également présenté une animation des dernières minutes de la descente de Curiosity sur Mars et de son atterrissage, en mettant bout à bout les centaines de photos prises par un appareil fixé sous le robot. Dans cette impressionnante animation, visible sur le site de la Nasa, on voit très clairement le détachement du bouclier thermique, puis la descente vertigineuse du vaisseau et le nuage de poussière provoqué par les rétrofusées avant l’atterrissage.
Exploit technologique
Des images haute définition de la descente, d’une qualité 8 fois supérieure à celles dévoilées lundi, devraient être disponibles dans une quinzaine jours. Curiosity, un robot de 900 kilos et de la taille d’une petite voiture, a coûté 2,5 milliards de dollars à la Nasa et devrait permettre de découvrir si l’environnement de Mars a un jour été propice au développement de la vie. Le succès de son atterrissage est déjà une victoire en soi pour la Nasa, qui n’avait jamais envoyé un robot aussi lourd et perfectionné sur une autre planète. Si tout continue à bien se passer, le robot viendra s’ajouter à la liste des missions martiennes américaines réussies, après Viking 1 et 2 (1976), Pathfinder (1997), Mars Exploration Rovers (2004) ou Phoenix (2008).
Son arrivée lundi a été accueillie par une explosion de joie des employés du JPL et avec fierté par les autorités américaines, le président américain Barack Obama saluant immédiatement « un exploit technologique sans précédent ». De nombreux pays ont apporté leur savoir-faire à Curiosity, notamment la France, le Canada, la Finlande, l’Espagne, la Russie et l’Allemagne.