Le dirigeant gabonais Ali Bongo, qui a durci le ton après une manifestation violente cette semaine, a présidé vendredi les cérémonies de la fête nationale dans une atmosphère tendue, l’opposition promettant de poursuivre sa mobilisation.
Selon l’opposition, les violences de la manifestation de mercredi soir ont fait un mort, une jeune femme asthmatique ayant mal réagi aux gaz lacrymogènes. Pour le pouvoir, il s’agit d’une mort naturelle.
Vendredi, la parade militaire prévue pour la fête du 17 août s’est déroulée sans aucun incident sous les yeux du président gabonais. Sans doute pour montrer la cohésion du régime, de nombreuses personnalités politiques dont le Premier ministre Raymond Ndong Sima, la présidente du Sénat ancienne présidente intérimaire Rose-Francine Rogombé ou la présidente de la Cour constitutionnelle Marie-Madeleine Mborantsuo étaient présents.
Dans le défilé figuraient les forces anti-émeute ainsi que les hommes encagoulés de la police judiciaire qui ont participé à la dispersion des manifestants mercredi.
Jeudi, sur le bord de mer de Libreville, des sources sécuritaires gabonaises avaient dit craindre « l’infiltration » de militants radicaux du parti dissous l’Union nationale (UN) de l’opposant André Mba Obame et la zone avait été placée pendant la nuit sous haute protection.
Dans la soirée de jeudi, lors de son traditionnel discours télévisé, le président Ali Bongo avait prévenu qu’il ne laisserait pas « la chienlit s’installer au Gabon. Force doit rester à la loi et force restera à la loi ».
« Je ne vais pas laisser notre pays entre les mains de ceux qui, après avoir été aux affaires et s’être illustrés par la trahison, la manipulation, l’enrichissement personnel, l’intolérance et le mépris des populations, veulent aujourd’hui casser et détruire le Gabon », a-t-il ajouté.
Il s’agissait d’une allusion claire au leader de l’UN, ancien baron du régime passé dans l’opposition à la mort du président Omar Bongo en 2009, revenu au Gabon après 14 mois d’absence le 11 août.
Il a aussi balayé l’idée d’une « conférence nationale » réclamée par l’UN. En 1990, la conférence nationale avait débouché sur le multipartisme, puis une nouvelle Constitution en 1991.
Ali Bongo a répondu par la négative en citant un discours de son père Omar: « Depuis 1990, nous consacrons beaucoup trop de temps à la politique. Cette étape était nécessaire dans le renforcement du processus de construction nationale (…) Désormais, trêve de joutes politiciennes ».
Toutefois, Zacharie Myboto, président de l’UN estimait mercredi que les refus répétés de la présidence « ne le concernaient pas ».
« En 1989, Omar Bongo disait que tant qu’il serait là, il n’y aurait pas de multipartisme. Quatre mois après, le peuple lui imposait le multipartisme. Lorsqu’un peuple est décidé, il finit toujours par l’emporter », a-t-il déclaré.
« La crise est là, elle est politique, sociale, économique et culturelle. Ce n’est pas par la force ou la violence que nous résoudrons la crise mais par un rencontre entre les Gabonais (…) Les gens sont prêts à continuer ce combat », a-t-il déclaré.
Mercredi, des affrontements entre forces de l’ordre et groupuscules avaient éclaté avant l’heure prévue de la manifestation lancée par l’UN sans autorisation. Le cortège constituée de 2 à 3.000 personnes avait été violemment dispersé.
M. Mba Obame avait contesté la victoire d’Ali Bongo à la présidentielle 2009. Il s’était autoproclamé président en 2011, avant de se réfugier plus d’un mois dans une agence onusienne de Libreville. L’UN avait alors été dissoute.