Depuis quelques semaines, c’est la branle-bas de combat à la mairie de Libreville où Jean-François Ntoutoume Emane organise réunions sur réunions autour des six maires arrondissements accompagnés d’experts, pour mieux étudier le projet de l’adressage de la capitale gabonaise.
Pour entrer inéluctablement dans l’ère de la modernité, la ville de Libreville, principale porte d’entrée et de sortie du pays, qui pêchait par l’absence notable de dénomination planifiée de ses artères périphériques comme de ses rues secondaires, va enfin se doter d’un plan d’adressage.
En organisant ces réunions, il s’agit de mettre sur pied ce projet qui permet de localiser un lieu sur le terrain: une rue, une habitation, une administration, etc. Le principe consiste à partir d’un système de carte, on mentionne le numéro et la dénomination d’un emplacement précis afin de faciliter son repérage par ceux qui désirent s’y rendre, en particulier ceux qui assurent la sécurité à Libreville comme les pompiers ou les ambulances.
C’est donc désormais la priorité affichée du Conseil municipal qui siège depuis 2007 et dont le mandat tire à sa fin, et on se demande pourquoi une réalisation aussi importante et nécessaire n’a pas été entreprise un peu plus tôt.
Si le maire de la commune de Libreville reconnaît que ce projet avait déjà été entamé, à de nombreuses reprises, par ses prédécesseurs, il fustige néanmoins le manque d’esprit de continuité dans les affaires publiques. Les rues des quartiers du premier arrondissement, exemple qu’il a pris pour soutenir son propos, portent des noms, tandis que les domiciles arborent des numéros. «Malheureusement, chez nous, il n’y a pas l’esprit de continuité», avait-il regretté pendant l’une de ces réunions avant de souligner que «nous devons donner les indications les plus nobles à nos rues et à nos concessions».
«L’initiative est très bonne. J’ai été dans des pays moins riches que le nôtre, mais j’ai vu qu’ils ont mené une politique d’urbanisation qui fait que si vous avez quelqu’un qui doit arriver chez vous, seul le nom ou le numéro de votre rue et de votre maison suffisent pour l’amener devant votre porte. Nous sommes très en retard au Gabon et ce sont des choses qu’il faut corriger. L’initiative doit donc aller jusqu’à son terme», a déclaré un ancien étudiant gabonais en côte d’Ivoire et au Bénin, qui craint que ce ressaisissement des autorités municipales ne soit qu’un chant de cygne qui ne voit pas le jour avant la prochaine échéance municipale.
Le projet, d’après Jean-François Ntoutoume Emane, est appuyé par l’Association internationale des maires francophones (AIMF) qui apporte des financements et assure la réalisation des études techniques. Cette association avait d’ailleurs, dans le cadre de cette coopération, fait venir, il y a quelques semaines à Libreville, Florence Vianney, urbaniste, architecte, géographe et experte de la Banque mondiale pour une visite d’inspection de dix jours. Le résultat de l’étude préliminaire de faisabilité avait été présenté par Alixe Sougou, directrice de l’urbanisme à la mairie de Libreville.
Ce projet, indispensable et urgent, a peu de chances pourtant, selon la plupart des observateurs, d’aller à son terme dans les délais impartis. Ils invoquent le fait qu’avant le 17 août 2010, les carrefours importants de la capitale avaient été dotés de monuments, inaugurés en grandes pompes par le maire en personne, alors que d’autres, à l’instar de celui du Rond point de Nzeng Ayong étaient loin d’être achevés, faute de financements. En outre, jusqu’ici, on attend toujours, comme prévu, les noms de ces monuments qui devaient être validés en Conseil des ministres. Il y a donc fort à parier que ce sera le prochain conseil municipal élu qui devra s’atteler de nouveau à cette tâche, et si possible avant la fin de son mandat. En attendant, les librevillois continueront à indiquer une adresse par « le troisième portail à gauche après le tailleur qui fait le coin ».