Après 4 ans d’aller-retour devant le tribunal, la justice s’est définitivement prononcée sur le sort Plysorol. L’inévitable s’est produit le 6 septembre avec la mise en liquidation de l’ex-leader européen du contreplaqué, Plysorol, qui exploitait des forêts au Gabon. Cette décision va entraîner la disparition de 277 emplois en France.
«Le tribunal de commerce de Lisieux (Ouest de la France) vient de prononcer la mort de Plysorol International. Il vient de prononcer sa liquidation judiciaire», a déclaré Me Philippe Brun, l’avocat du comité central d’entreprise de la société, à la sortie de l’audience à huis clos. «Les salariés français devraient recevoir leur lettre de licenciement au plus tard le 15 octobre», a-t-il précisé.
La direction de l’ex-leader européen du contreplaqué Plysorol avait annoncé le 5 septembre la fermeture de ses trois sites en France. Plysorol était convoité de longue date pour ses forêts gabonaises, pourvoyeuses d’okoumé, la matière première du contreplaqué. Ces droits ont été acquis après la seconde guerre mondiale par la société Leroy, ancêtre de Plysorol.
Le groupe Bitar, dirigé par le Libano-Ghanéen Ghassan Bitar, avait racheté Plysorol en 2010. Mais, selon Me Brun, Ghassan Bitar avait transféré, en février 2012, les droits d’exploitation des forêts gabonaises à une autre société de l’industriel libanais-ghanéen, John Bitar Gabon. Selon un rapport d’expertise ordonné en juillet par le tribunal de commerce de Lisieux, l’avocat dit y voir «la preuve qu’il y a eu spoliation des forêts gabonaises» par M. Bitar à l’encontre de qui il a réclamé des sanctions pénales, dénonçant les «tours de passe-passe».
Mais pour le procureur de la République de Lisieux, Bruno Dieudonné, les choses ne sont pas si claires. Il y a certes «effectivement des petites zones d’ombres concernant les échanges entre M. Bitar et le gouvernement gabonais» mais «pour l’heure il n’est pas question de poursuivre le Libano-Ghanéen».
En mars 2009, la société avait déjà été rachetée par le Chinois Guohua Zhang, qui avait déposé le bilan un an plus tard avant de faire l’objet d’une enquête préliminaire pour abus de bien sociaux. Le jugement d’octobre 2010, qui autorisait la reprise de Plysorol par M. Bitar, interdisait pourtant toute cession d’actifs.
«Nous avons affaire à un véritable patron voyou qui est venu piller les richesses de la société avant de laisser 280 personnes sur le carreau», s’est emportée Marie-Christine Malet, secrétaire du comité central d’entreprise de Plysorol. Mais selon le parquet de Lisieux, «la responsabilité de M. Bitar dans le transfert d’actifs n’est pas clairement établie».