« Je demande au Gouvernement et au Parlement de légiférer dans les meilleurs délais afin qu’une place plus importante soit réservée aux femmes et aux jeunes », a dit le Chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès le mercredi 12 septembre dernier à Libreville.
Ali Bongo Ondimba souhaite une répartition équitable, envisagée à hauteur 30%, tant pour les 18-35 ans que pour les femmes, sur les listes de candidature aux élections locales et au sein des exécutifs locaux. Une volonté exprimée au plus haut niveau d’impulser un souffle nouveau dans la vie politique et le pouvoir décentralisé, au plus près des attentes quotidiennes des populations. Ainsi, la proximité efficiente remplacera, à terme, les vieilles baronnies. « N’est-il pas normal, pour un pays qui veut se développer, de faire appel à des nouvelles énergies, de donner sa chance à une nouvelle génération ? Nous devons apprendre à passer le témoin, à faire en sorte que d’autres talents émergent ».
La marche en avant
Cette idée que le Président entend rapidement voir mise en œuvre aura l’effet de rompre avec « une géopolitique, sortie de son contexte, » qui a renforcé des « roitelets » locaux – parfois appelés ‘doyens politiques’ de la ville, voire de la province – en position de favoriser ou de bloquer les initiatives : « Aujourd’hui nous devons opérer une rupture. Rupture avec ce qui n’a pas bien fonctionné, rupture avec ces vingt dernières années de marche à reculons ». Le Président a clairement signifié le refus des Gabonais à des palabres politiciennes stériles, des grandes messes inutiles qui ont contribué à gangréné la vie politique ces vingt dernières années : « de l’avis des observateurs tant au Gabon qu’à l’étranger, l’hyper-politisation de notre société et nos multiples incohérences ont été un frein à son développement pourtant bien engagé ».
Changer de rythme
Ali Bongo Ondimba de marteler : « nous avons passé beaucoup de temps à ne faire que de la politique, au détriment du développement économique et social de notre pays et du bien être de ses populations. Ces mêmes populations ont été transformées en spectatrices impuissantes de leur destin, alors que les hommes politiques allaient et venaient, de négociations en arrangements, souvent guidés par des appétits personnels ». Le Président, qui a marqué son opposition à cette conception tropicale de la gestion des affaires publiques, se demande pourquoi la politique en Afrique se résume « uniquement à des grandes messes où tout le monde doit trouver son compte » ?
Même si ces anciennes méthodes ont été nécessaires pour bâtir et consolider le lien social à une époque, Ali Bongo Ondimba appelle à juste tire à tourner la page car, poursuit-il, ce type de système a malheureusement « permis la mise en place d’une gestion féodale des élites qui a eu pour conséquence de fragiliser l’Etat et paralyser, par endroit, l’action publique ».
Plus que jamais l’esprit de responsabilité doit s’imposer, engageant un pacte social régénéré au diapason des exigences d’une société en route vers l’émergence économique. En appelant au renouvellement des élites, en fixant le tempo de l’action, en invitant la représentation nationale à prendre sa part dans la mise en œuvre de réformes, en interpellant chaque Gabonais à prendre son destin en main, le président de la République signe son appel à la rupture fondatrice.