Malgré les mesures d’urgence prises par le ministre du Commerce pour retirer et détruire le lait chinois contaminé importé sur le marché gabonais, des stocks ont été retrouvés chez des particuliers dans un quartier de Libreville, qui auraient été acquis par un réseau d’assistance sociale. Le ministre du Commerce a insisté sur la destruction des stocks saisis pour prévenir le déversement des stocks contaminés vers le marché parallèle.
Le scandale du lait chinois contaminé est loin de s’estomper, avec la découverte en début de semaine de stocks contenant de la mélamine chez des particuliers d’un quartier de la capitale. Pourtant, le ministre du Commerce, Paul Biyoghe Mba, avait officiellement exigé le 19 septembre la saisie et la destruction de tous les stocks de lait contaminés présents ou prêts à entrer sur le marché gabonais.
Les produits contaminés à la mélamine ont été repérés au quartier Rio, à Libreville, où une famille aurait acquis une importante quantité du lait chinois contaminé via un réseau d’assistance aux personnes économiquement faibles.
«En rentrant chez moi, je trouve 8 boîtes de lait alors je demande aux enfants qui a amené ce lait. Les enfants m’ont affirmé que c’était ma belle sœur qui avait apporté ces 8 boîtes de lait. On m’a fait comprendre que c’est un des centres sociaux de Libreville qui lui avait donné» a témoigné Vincent Mofouma.
«Je ne l’ai pas dit à ma femme mais lorsque ma fille aînée est passée à la maison, elle a vu ces boîtes et elle a sursauté» a ajouté monsieur Mofouma.
Deux sociétés chinoises, qui commercialisent les marques Yashili et Suncare, ont confirmé le 19 septembre dernier l’exportation de lait en poudre contaminé à la mélamine vers cinq pays, à savoir le Bangladesh, le Yémen, le Gabon, le Burundi et la Birmanie.
Ce lait aurait été «malheureusement exporté vers le Gabon» avait indiqué le ministre du Commerce le même jour dans un communiqué public. Il avait également assuré que ce produit «a été retiré de la vente» qu’était «interdite l’importation de lait» auprès des entreprises chinoises incriminées jusqu’à nouvel ordre.
Ce scandale sur la qualité sanitaire des produits alimentaires chinois devrait porter atteinte aux parts de marché de ces entreprises sur le marché gabonais. Les consommateurs gabonais se sont unanimement plaints de la mauvaise qualité des produits chinois mais reconnaissent cependant leur mérite d’avoir introduit la concurrence dans un marché autrefois réservé aux entreprises occidentales, ce qui a permis une chute des prix significative et générale sur les produits alimentaires.
L’adjonction de la substance chimique destinée à faire apparaître un taux plus élevé en protéine du lait a tué quatre nourrissons et rendu 6244 enfants malades en Chine, selon le dernier bilan officiel. Le premier décès remonte au mois de mai et l’inquiétude s’est emparée de nombreux parents qui ont afflué dans les hôpitaux pour faire examiner leur enfant. L’Organisation mondiale de la santé a demandé à Pékin des explications sur le fait qu’il avait fallu des mois avant que ne soit mis au jour le scandale.
Deux des nourrissons décédés se trouvaient dans la province du Gansu, dans le nord-ouest de la Chine. Il s’agissait d’un garçon de cinq mois décédé le 1er mai après que sa famille ait refusé de continuer le traitement et d’une fille de huit mois dont la famille avait refusé une opération et l’avait fait sortir de l’hôpital le 22 juillet ; elle était décédée le jour même. Les deux enfants avaient consommé du lait en poudre fabriqué par Sanlu et souffraient de problèmes rénaux.