A la faveur d’une conférence de presse sans propos liminaire, le 27 septembre 2012, le Premier ministre gabonais s’est livré au feu nourri des journalistes sur les thèmes de la régularisation des fonctionnaires, de la vie chère, de la rentrée des classes et du logement. Si on en a appris sur le premier, les questions de la presse n’ont pas permis à Ndong Sima de sortir des lieux communs sur les autres thèmes.
Le Premier ministre Raymond Ndong Sima a déjeuné avec la presse locale, le 27 octobre à Libreville. Sa communication, qui a évité la politique politicienne, notamment le fâcheux sujet de la conférence nationale, a porté sur la situation socioprofessionnelle des agents de la Fonction publique, la vie chère, la rentrée scolaire et l’habitat.
Les échanges, sans propos liminaire d’orientation, ont amené Raymond Ndong Sima, à rappeler que la mission qui lui a échu au moment de sa nomination comme chef du gouvernement était celle d’accélérer la croissance. Ce qui en suppose la maîtrise de leviers parmi lesquels l’administration est de prime importance. Mais celle-ci s’étant retrouvée bloquée pour diverses raisons, il était absolument nécessaire de mettre à jour la situation administrative des fonctionnaires. 47000 dossiers ont ainsi été régularisés par les équipes de la Fonction publique. Ce qui induit le paiement d’arriérés se chiffrant entre 180 et 200 milliards de francs CFA et couvrant les 25 dernières années.
Ainsi, depuis six mois environ, le gouvernement travaillait sur la régularisation de ces situations administratives. Au finish, des discussions ont été engagées, au niveau des ministères de l’Économie et du Budget, visant à trouver les fonds nécessaires au payement de tous ces rappels de solde. Ceux-ci représentent 180 à 200 milliards de francs CFA, soit près de 50% de la masse salariale habituelle de la Fonction publique dont le montant varie entre 420 à 430 milliards de francs CFA. Il est en effet important et urgent de régulariser cette situation afin de pouvoir tirer le meilleur des agents de l’État, paramètre des plus importants pour obtenir l’accélération de la croissance visée. L’équipement, l’informatisation, les moyens de communication et la mise en place d’autres commodités de travail sont en cours ou envisagés dans la plupart des administrations.
Le problème de la «vie chère», qui fait qu’un grand nombre de Gabonais font de plus en plus difficilement face aux dépenses élémentaires, a également occupé une place de choix dans la communication de Raymond Ndong Sima. A ce sujet, le Premier ministre a resitué les choses, indiquant que la tendance est mondiale et que le Gabon ne saurait y échapper. Au sujet de l’inflation qui frappe les denrées alimentaires, le Premier ministre s’est notamment référé à une annonce de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO, qui indique que les «prix alimentaires mondiaux ont atteint un nouveau pic historique». Le Gabon qui importe l’essentiel de ses denrées alimentaire ne peut qu’en subir le contrecoup.
Raymond Ndong Sima a rappelé que pour pallier cette situation, le gouvernement «subventionne massivement l’économie», à l’instar de produits pétroliers à la pompe (essence, gasoil, pétrole lampant) qui ont reçu une péréquation de 143 milliards de francs CFA pour la seule année 2011. L’autre solution, a indiqué Ndong Sima, consiste à augmenter l’offre de produits sur le marché en produisant localement. À cet effet, depuis l’année dernière, un projet est à l’étude qui a été lancé par le gouvernement sur cinq sites qui seront présentés au public dans un proche avenir. En attendant, les mesures d’exonération fiscale sur les produits essentiels, récemment adoptés par le gouvernement, devront être respectées. Ici l’effort de l’État consiste donc au renoncement à certaines recettes fiscales
Les préoccupations des journalistes sur la rentrée des classes, imminente, ont conduit Raymond Ndong Sima à rappeler l’amélioration des résultats scolaires durant les trois dernières années, notamment à l’examen du baccalauréat. Des succès qui ont entrainé une explosion de la population scolaire (environ 7000 nouveaux élèves en 6e) et estudiantine (12000 nouveaux bacheliers). Toutes choses qui, par voie de conséquence, ont induit à un déficit des structures d’accueil dans ce secteur et qui expliquent que le retardement de la suppression du concours d’entrée en 6e, en attendant l’effort du gouvernement pour l’augmentation du nombre de salles de classes.
Le Premier ministre a, par ailleurs, expliqué la pénurie des transports par les difficultés rencontrées sur le réseau routier. Notamment le retard pris dans l’achèvement des échangeurs de Nzeng-Ayong et de Lalala, mais aussi la structure du réseau routier urbain qui ne facilite pas la rotation des véhicules de transport en commun, notamment les bus, et oblige les taximen à saucissonner les trajets. Des projets sont à l’étude ou en cours de lancement visant y remédier. A l’instar du projet de la route 2×2 voies devant traverser le quartier Glass, dans le 4e arrondissement de Libreville, récemment inspectée par le président de la République.
La communication de Ndong Sima aura été une véritable leçon de choses qui lui a permis à partir de cas concrets déclinés ou déplorés par les journalistes, d’expliciter les tenant et aboutissants des sujets sus développés mais également sur le foncier et les 5000 logements toujours attendus, où les progrès en cours ont été déclinés, même s’ils ne sont pas visibles du grand public. Une bonne partie de l’assistance a cependant regretté que l’actualité politique du pays ait été écartée du menu.