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Un avortement tourne au drame

Une jeune gabonaise, Prisca Edwige Moutombi, 21 ans, enceinte de trois mois, est décédée le mardi le 2 octobre 2012 à l’hôpital d’instruction des Armées de Libreville. On parle d’un avortement qui aurait mal tourné.

La jeune fille qui habitait le quartier Cité de la Caisse dans le 6e arrondissement de Libreville, selon ses sœurs, citées par le quotidien Gabon Matin qui a relayé l’information le 3 octobre, s’était rendue matinalement dans une clinique de la place, le 28 septembre dernier. A ce qu’il semble, la défunte avait rejoint dans cette structure sanitaire son compagnon, Roland Blin Mouguengui Ambounda, un agent en service à la gendarmerie de Gros Bouquet. Elle avait alors reçu une injection. De retour au domicile familial, soutient l’un des membres de sa famille, les effets secondaires de cette injection, dans la nuit, n’ont pas permis à l’infortunée de trouver le sommeil. Elle se tordait de douleur puis ont commencé les saignements.

La santé de la jeune dame se dégradant visiblement et l’hémorragie ne semblant pas s’arrêter, la famille s’est résolue à amener Prisca Edwige à la clinique où elle avait été soignée. Là encore, on lui a administré d’autres produits.

Interpellé, le compagnon de mademoiselle Moutombi a avoué qu’ils avaient procédé à l’avortement de l’enfant que portait sa compagne. Pourtant, relève le quotidien, la réceptionniste de la clinique a nié avoir reçu cette jeune dame avant que son mensonge ne soit mis à jour par le registre dans lequel sont répertoriés les patients. C’est donc en voulant se débarrasser de sa grossesse dans une de ces structures sanitaires de fortune qui poussent comme des champignons à Libreville que mademoiselle Moutombi a trouvé la mort.

Quelle peut bien être la part de responsabilité de la clinique dans cette affaire ? Qu’en est-il de celle du compagnon et même de la famille ? Les parents de la jeune dame ont porté plainte contre le sieur Mouguengui et contre la clinique en attendant de connaître avec certitude le motif réel du décès de leur fille.

Ce décès soulève le problème des structures médicales privées qui naissent dans le pays et parfois sans aucune garantie de qualité ou de compétence. Certains affichent clairement comme ambition unique la recherche du gain ce qui conduit inéluctablement à des césariennes inutiles, à des avortements, à des prescriptions fantaisistes dans le seul et unique but de se faire de l’argent le plus rapidement possible. Le problème des avortements clandestins, meurtriers et inacceptables, est aussi à l’ordre du jour d’un tel fait divers. Tout comme la prohibition, l’interdiction de l’avortement est inefficace, sauf pour les maffias et les charlatans. Elle est aussi responsable directement de la mort de centaines de femmes au Gabon chaque année, de l’abandon de nouveaux nés dans des conditions sordides et de nombreux drames familiaux. Un sujet, avec ceux du planning familial et du contrôle des naissances, que certains considèrent comme tabou, poussés en cela par les irréductibles de diverses religions, alors qu’un contrôle et une gestion correcte de cet acte difficile permettrait d’éviter bien des catastrophes. Si la croyance en un dieu ou en une morale religieuse est un droit indiscutable, il est difficile d’accepter qu’elle doive imposer ses préceptes dogmatiques à ceux qui ne se sentent pas concerné ou qui font d’autres choix personnels.

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