L’UFA enterre l’UFC
La scission qui se profilait au sein de l’Union des forces du changement (UFC) vient d’être entériné par les responsables des partis qui constituent l’aile dure de ce mouvement, conduits par Jules Aristide Bourdes Ogoulinguendé. Le jeudi 13 décembre 2012, au siège du Centre pour la démocratie et la justice (CDJ), les dirigeants de ces formations politiques ont décidé de se démarquer et de rompre avec l’amalgame né des deux UFC. Ainsi a été créée l’Union des forces pour l’Alternance (UFA).
Unie et combative en 2010, l’opposition gabonaise semble aujourd’hui chercher un second souffle © D.R.
Au final, toutes les prédictions qui avaient été faites sur l’inévitable dislocation de l’Union des forces du changement, dont l’idée avait été lancée dans un élan d’union lors du forum de Mouila, se sont avérées justifiées. Dès les premiers moments de cette coalition, notamment lors du meeting de septembre à Rio auquel le ministère de l’Intérieur interdisait aux leaders de l’Union nationale (UN, dissous) le droit à la prise de parole, les observateurs relevaient déjà que l’unité affichée à Mouila n’était que de façade. Le président de l’Union pour la nouvelle République (UPNR), Louis Gaston Mayila, avait d’ailleurs donné le ton. Il s’était opposé à la prise de parole de ces responsables de l’UN, appuyant le point de vue du ministère de l’Intérieur, ce qui avait été sanctionné par certains de ses pairs.
L’Homme de Yombi ne s’est pas arrêté à ce niveau. Il a continué à se répandre dans des déclarations qui ont courroucé ses compagnons. Pour lui, l’UN, dont la réhabilitation figure dans les revendications des assises de Mouila, est un «enfant mort». Ce qui implique que «les parents doivent faire son deuil et s’occuper des autres, vivants». Implicitement, il indiquait qu’il n’y aura pas de réhabilitation de l’UN. Ce fût-là la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il sera exclu de ce groupe dont il réclame la paternité avec quelques autres dirigeants acquis à sa cause lors d’une concertation au siège du CDJ, où il échappa de peu, sinon à un lynchage, du moins à une échauffourée.
Son exclusion et cette situation intenables l’avaient conduit à se désolidariser de ses détracteurs et à déposer au ministère de l’Intérieur une demande de récépissé en vue de la reconnaissance légale de l’UFC. Et le ministère de l’Intérieur s’était empressé, semble-t-il, d’y répondre favorablement.
Après la signature de la charte par les autres membres de l’UFC que sont le CDJ-CCDG-EPI-MORENA Unioniste-PDN-PGP-PSD-UPG-URDP, elle avait été déposée pour reconnaissance auprès du ministère de l’Intérieur, «En l’espèce, je vous informe que les responsables d’autres partis membres de l’UFC m’ont saisi pour les mêmes fins le 5 novembre 2012 et que la reconnaissance juridique de ce regroupement politique leur a du reste été accordée le 26 novembre 2012… En conséquence, il me parait juridiquement inopportun de délivrer une autorisation de déclaration à une autre entité portant la même dénomination ; sauf avis contraire des instances juridictionnelles saisies à cet effet par vos soins.», indique la lettre du ministre de l’Intérieur adressée en guise de réponse.
Le bloc l’UFC qui a décidé de changer de dénomination déclare ne pas être dupe. «Nous ne sommes pas dupes et nous comprenons parfaitement le lien désormais clair entre le pouvoir et cette frange de l’UFC dont certains membres sont par ailleurs signataires de la charte de la majorité républicaine pour l’émergence (…) En réponse à cette félonie, nous opposons à cette Union Factice Complice du pouvoir (UFC) une Union des Forces pour l’Alternance (UFA) conformément à la déclaration de Mouila», ont-ils déclaré.