Les agents de la radio panafricaine, Africa n°1, sont entrés en grève illimitée le mercredi 19 décembre 2012. L’objectif est désormais de mettre la pression pour que leur dossier de revendications, s’articulant notamment autour du paiement des quatre derniers mois de salaire et des arriérés de salaire antérieurs, soit pris en considération à l’orée des fêtes de fin d’année.
Les agents de la radio panafricaine, Africa n°1, sont entrés en grève illimitée – Désiré Dzonteu/gabonreview.com
Ceux qui connaissaient le siège de la radio panafricaine à Libreville auraient été certainement frappés par le décor atypique de ce mercredi. Sur les grilles de la barrière, on peut y lire des banderolles sur lesquels sont mentionnées «Africa n°1 en grève».
Les passants s’arrêtent un moment devant ces messages avant de continuer leur chemin. A l’entrée, le car de transport du personnel a été placé de façon à empêcher les véhicules d’entrer dans ce lieu de grande fréquentation. Un petit passage donne encore l’opportunité aux personnels et autres visiteurs de se rendre dans la station.
La présidente du Syca, Blandine Mengue – © Désiré Dzonteu/GR
Devant l’entrée principale du bâtiment abritant les services du tam-tam de l’Afrique, le personnel a déployé des amplificateurs pour diffuser des musiques révolutionnaires et revendicatives afin d’attirer l’attention sur leur cas. Quelques agents assis sous la véranda reçoivent et renseignent sur la situation qui prévaut actuellement à la radio panafricaine. Parmi ces grèvistes figure la présidente du Syndicat des communicateurs d’Africa n°1 (Syca), Blandine Mengue. Elle se fait un devoir d’expliquer, sous le regard de ses collègues qui acquiescent régulièrement de la tête, le motif de leur mécontentement. «Je suis fatiguée de dire les même choses», se plaint-elle avec une pointe d’humour avant de se soumettre encore à l’entretien avec d’autres journalistes.
«Ce qui arrive aujourd’hui était inéluctable. Quand des agents, dans une seule année font des périodes de six à sept mois sans salaire, quand ils ont deux mois de salaire payés après cette crise et qu’ils entrent à nouveau dans une crise de cinq mois sans salaire, il arrive ce qui arrive aujourd’hui», déclare-t-elle pour planter le décor.
Selon elle, un préavis de grève avait été déposé auprès des autorités en charge du dossier le 10 décembre dernier. Aucune réponse ne leur étant parvenue à la date buttoir du 17 décembre 2012 ils ont déclenché cette grève qui paralyse désormais le fonctionnement de la radio.
«Nous réclamons, d’abord et avant tout, l’arrêt du processus de redressement judiciaire. L’administrateur judiciaire nous a dit lui-même qu’Africa n°1 était la première expérience de redressement judiciaire au Gabon. Comme elle a été la première expérience, je crois que les autorités ont vu les limites de cette expérience puisqu’elle n’a rien apporté à Africa n°1. Au contraire. Elle a même aggravé les problèmes d’Africa n°1. Je crois que c’est une expérience qui n’a pas été probante. Nous demandons l’arrêt immédiat du processus de redressement judiciaire», a-t-elle plaidé avant de poursuivre : «nous demandons le paiement de nos cinq mois d’arriérés de salaire, nous revendiquons le paiement de nos quatre ans d’arriérés sur salaire, nous demandons l’apurement de notre dette sociale. Il faut que les cotisations des agents d’Africa n°1 soient reversées à la CNSS, il faut que les impôts soient reversés, il faut que nos créanciers stratégiques soient payés. La SEEG, juste au début de la grève, a déposé un préavis de coupure parce que nous lui devons plus de 800 millions et nous avons notre ligne Eutelsat qui n’est pas payée. Et sans Eutelsat, nous ne pouvons pas diffuser…».
Un appel lancé au gouvernement, et particulièrement au président de la République, Ali Bongo Ondimba, pour que cette situation puisse se résoudre. «Il faut que le gouvernement, et le chef de l’État en tête, repensent l’avenir d’Africa n°1», a-t-elle dit en déclarant que les agents d’Africa n°1 ne savent pas à quel niveau du ministère de la communication est en train de se traiter ce dossier.
Le collectif est déterminé à aller jusqu’au bout, a-t-elle précisé. La grève va durer ce que durera l’évolution du traitement du dossier. De ce fait, pour le moment, le service minimum est assuré de 7 heures à 22 heures. Mais il pourrait très vite s’arrêter si rien n’est fait.
A ce qui semble, le personnel d’Africa n°1 serait divisé sur cette affaire, d’aucuns affirmant que certains veulent se servir de ce mouvement pour régler d’autres problèmes. Quoi qu’il en soit, le Tam-tam de l’Afrique a du plomb dans l’aile.
Le Conseil national de la communication (CNC) s’est dit, lors de sa séance plénière ordinaire du 14 décembre dernier, préoccupé par la situation lamentable dans laquelle vivent en ce moment la radio panafricaine Africa n°1 et son personnel privé de salaire depuis le mois d’août 2012. Aussi, le Conseil avait attiré l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité de trouver une solution urgente à cette préoccupation.