Presque dix ans après l’assassinat du musicien gabonais, auteur-compositeur, la famille n’a toujours pas obtenu un «vrai» verdict. Elle est donc revenue auprès du tribunal de Libreville pour tenter d’obtenir des éclairages sur ce drame survenu le 14 septembre 2003.
Ce rebondissement dans cette affaire, présentée comme un assassinat maquillé en accident sur le chemin de fer de la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag), est rapporté par le journal La Démocratie dans sa dernière parution. Dans un article, de nombreuses questions sont posées qui essaient de creuser pour comprendre pourquoi et comment ce dossier peine à trouver un épilogue. Une conclusion qui donnerait la possibilité à la famille de l’artiste de faire le deuil de ce dernier.
Le dossier serait mis sous le coude par certaines personnes «bien intentionnées» du tribunal qui n’ont pas intérêt à ce que la vérité éclate sur cette affaire. D’où ces interrogations : «pourquoi les magistrats qui ont instruit ce dossier ne l’ont pas fait aboutir, alors qu’ils sont couverts par la loi ? Auraient-ils reçu des injonctions de l’extérieur, alors que la loi leur confère une totale indépendance ? Qu’est-ce qui les a empêchés d’instruire cette affaire avec sérénité et diligence ? Pourquoi Me Fabien Méré, avocat commis par la famille de l’illustre disparu, qui a pourtant perçu d’importants honoraires, s’est-il abstenu de mettre la pression sur les magistrats en charge dudit dossier ? Et pourquoi s’est –il tu durant toutes ces années, lui, le défenseur des droits de l’Homme, à travers sa structure Légitime défense ?».
«Dix ans après, l’affaire Egniga n’a toujours pas connu son épilogue. Dix ans après, sa famille n’a toujours pas fait son deuil». Et le journaliste de se demander : «avec la réouverture des débats, la justice va-t-elle se saisir de cette perche à elle tendue pour essayer de redorer son blason ?»
Si la famille a décidé de revenir à la charge au tribunal, explique La Démocratie, c’est juste parce que depuis que cet acte a été perpétré, «le Tribunal de grande instance saisie par la famille du défunt n’a pas daigné faire aboutir l’instruction du dossier». Le dossier a même été retiré des mains des gendarmes qui procédaient à l’enquête pour le remettre à la police judiciaire. De même, explique encore le journal, «les personnes arrêtées par les gendarmes lors de l’enquête préliminaire furent libérées et les gendarmes enquêteurs furent mutés à l’intérieur du pays. Quant au dossier, ordre fut donné par on ne sait qui de la classer, en dépit des éléments à charge».
La famille de Serge Egniga se demande finalement à qui profite le crime ? Au regard des discours prononcés par le président de la République sur la recherche d’une justice efficiente pour tous, elle attend donc des hommes en toge qu’ils apportent enfin de vraies réponses, sans trop se faire d’illusions toutefois.
Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 septembre 2003, le corps de Serge Egniga avait été trouvé sans vie sur la voie ferrée, broyé par un train mais portant les marques de coups de poignard. Organisées du 15 au 21 septembre de la même année, ses funérailles furent un «événement culturel» géant : La plupart des artistes gabonais, surtout ceux de sa génération, lui avaient rendu hommage émouvant qui avait culminé par la composition d’une chanson collective en sa mémoire et la réalisation d’un vidéo clip émouvant.