Lauréate du prix de la meilleure série télévisuelle à la 23e édition du Fespaco avec «L’œil de la cité», une production de l’IGIS, Samantha Biffot, une jeune réalisatrice engagée dont l’œuvre s’inscrit contre les exactions sur la personne humaine et le non-respect des droits de l’homme, s’est livrée aux questions de Gabonreview.
Samantha Biffot, lauréate du prix de la meilleure série télévisuelle à la 23e édition du Fespaco avec «L’œil de la cité» © Gabonreview
Gabonreview : Vous êtes l’un des lauréats gabonais du dernier Fespaco. Quel prix avez-vous reçu ?
Samantha Biffot: J’ai reçu le prix de la meilleure série africaine dans un panel de 9 productions nominées parmi lesquelles une burkinabè, une ghanéenne et une malienne, entre autres. La série que j’ai présentée au Fespaco s’intitule «L’œil de la cité» et j’en ai présenté trois épisodes. Pour ma première participation à ce festival, j’en sors extrêmement heureuse, d’autant plus qu’être nominée a été pour moi un grand honneur même si, au bout du compte je ne m’attendais pas à gagner le prix. Le Fespaco est quand même le plus grand festival de cinéma africain au monde. Donc je suis vraiment aux anges !
Le fait que le Gabon ait été l’invité d’honneur du festival cette année ne vous a-t-il pas favorisé pour la compétition ?
Au début, j’y ai pensé, mais après discussion avec la présidente du jury qui m’a fait comprendre que l’écriture et les qualités techniques de mon film ont joué en ma faveur, j’ai mieux apprécié la récompense. Aussi, il s’agit là d’une catégorie mineure puisque les plus importantes, souvent accusées d’avoir une connotation politique, donc mieux cotées, restent les longs métrages. Pour ce qui est d’une petite catégorie comme celle dans laquelle j’ai été nominée, je ne pense pas qu’il y est eu un aspect politique.
Y a-t-il eu d’autres femmes que vous dans votre catégorie ? Et puis, un jury féminin, le Gabon à l’honneur… on penserait à un prix téléphoné, non ?
(Rires). Je crois avoir été la seule dans ma catégorie. Depuis la remise du prix, j’ai eu droit à la même remarque ou presque. Mais pendant la première diffusion de la série, un journaliste burkinabè m’a signifié que pour lui, en termes de qualité technique et de contenu on était très bons et qu’on pourrait remporter le prix. Ce à quoi je n’ai pas cru vu que les favoris du public ne sont pas forcément ceux des professionnels. On l’a vu d’ailleurs dans la catégorie des longs métrages. Je n’ai donc pas voulu écouter les rumeurs bien que la plupart m’étaient favorables. On peut dire que dans bien de compétitions, il y a un côté lobby, un côté quoi que ce soit, mais j’ai envie de croire que pour le coup, côté qualité, comme me l’a dit la présidente du jury qui a assuré avoir été bluffée par la série, ce n’était pas le cas.
Parlant de la série, elle traite de quoi et comment s’articule-t-elle ?
La série, à la base, a été écrite pour sensibiliser la population gabonaise sur divers phénomènes de la société. Mais vu que j’ai eu carte blanche de la part de la production, au lieu de faire de simples sujets de sensibilisation qui, pour moi, auraient été assez ennuyeux, on est partis sur la création d’une série de fictions avec un personnage perçu comme un archiviste cynique et cruel qui introduit à chaque fois des histoires ayant une morale à la fin. Je me suis beaucoup inspiré des «Contes de la Crypte», dont des personnages de squelette racontaient des histoires finissant par une morale. Le but, toujours, dans le cadre de «L’œil de la cité», c’est de sensibiliser la population sur différents cas. Sur les trois sujets qui ont été proposés, le premier épisode traite du phénomène des crimes rituels, le deuxième quant à lui parle de la spoliation de la veuve et de l’orphelin et le troisième a une tonalité écologique.
Pour revenir sur cette influence, c’est quoi «Les Contes de la Crypte» ?
Cette influence se retrouve notamment dans le choix du personnage qui introduit à chaque fois les épisodes. Il est inspiré des contes de la crypte, une série américaine des années 80-90. La série «Les Contes de la Crypte» était très populaire, grâce à ses nombreuses histoires et ses personnages de squelettes dotés d’un humour noir très cruel, très cynique.
En dehors des trois épisodes présentés à Ouagadougou, en avez-vous tourné d’autres ?
Je n’en ai pas tourné d’autres, mais c’est en prévision car j’ai le projet de réaliser 12 épisodes au total.
Avec l’institut gabonais de l’image et du son (IGIS), vous êtes engagé dans un autre projet comptant pour les escales documentaires de Libreville, où en êtes-vous ?
Il s’agit d’un long-métrage documentaire de 52 minutes intitulé «L’africain qui voulait voler» pour lequel je dois me rendre, en fin de semaine, en Chine dans le but d’effectuer mes premiers repérages pour espérer tourner au mois de septembre ou octobre prochain.