Face à la montée de l’incivisme, à l’absence de respect, de loyauté et d’exemplarité dans les rangs des Forces de police nationale (FPN), le général Léon Mistoul a réuni le vendredi 8 mars 2013, sur la place d’armes du camp Miche Bigoundou de la Fopi, toutes les unités à sa charge pour, une nouvelle fois, fixer le cap et exprimer sa colère et son mécontentement.
Au début du mois de février dernier, le Commandant en chef de la police nationale, recevant les vœux de ses collaborateurs, indiquait déjà que cette police n’était pas si malade, mais qu’elle attrapait de temps en temps la fièvre. «Elle attrape la fièvre par la volonté de certains de nos collaborateurs et collaboratrices qui ne savent pas respecter la déontologie de notre métier», avait-il déclaré avant de poursuivre: «l’année 2012 est une page qui a été tournée avec ses aléas, ses hauts et ses bas.»
Ce jour-là, en invitant chaque musicien de la troupe à jouer convenablement sa partition, le général avait promis la fermeté lorsqu’il s’agira de sanctionner ceux qui ne veulent pas suivre.
Ce discours semble avoir été prononcé dans les oreilles de sourds. Les policiers semblent s’être transformés en éléments de terreur et sont désormais à l’origine d’exactions qui jettent le doute au sein de la population, notamment sur leur capacité à accomplir les missions qui leur sont assignées.
Les policiers sont en effet passés maitres dans l’art du racket, de l’infraction à la discipline, des rixes, du manque de maîtrise de soi, du non-respect d’autrui et de la hiérarchie, de l’absence de courtoisie, de l’incivisme, entre autres. Récemment, au-delà d’autres faits ayant entaché la notoriété de ce corps, on a enregistré une intervention de l’Unité spéciale d’intervention (USI) qui a conduit à la mort de l’enfant d’un policier dans la nuit du 14 au 15 février 2013, l’implication de cinq fonctionnaires de l’Office centrale de lutte anti-drogue (Oclad) dans une affaires de trafic de drogue, le meurtre d’un citoyen par un autre fonctionnaire en service à la Préfecture de police de l’hôtel de ville, des motards surpris en flagrant délit de racket. Ceci sans omettre tous les autres incidents malheureux non répertoriés et toujours à mettre à l’actif des policiers.
C’est donc dans ce contexte que le général de brigade Léon Mistoul a fustigé le «sentiment d’insécurité qui augmente auprès des populations, devenues de plus en plus exigeant et maîtrisant leur droit».
Dans le lot, la cuvée 2009-2010 des gardiens de la paix arrive certainement en tête des fauteurs de trouble. Elle se serait négativement illustrée, mettant en cause les enquêtes de moralité menées lors des recrutements.
Dès lors, c’est le chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, qui exige que l’Inspection générale des forces de police nationale reprenne ces enquêtes. Toute chose, a déclaré le général Mistoul qui doit mettre désormais à contribution les psychologues pour les entretiens de pré-incorporation. Il s’agit, a-t-dit de «reconnaître le profil psychologique des futurs fonctionnaires de police».
Le commandant en chef a également souhaité la mise en place d’un dispositif situationnel pouvant aider à comprendre l’esprit des policiers au moment des faits. De même, il préconise des formations continues in situ pour renforcer les capacités des personnels et les éloigner des dérives.