Alors qu’on pensait les choses rentrées dans l’ordre et le calme revenu en République centrafricaine (RCA), voilà que les rebelles de la Séléka remontent au front pour conquérir en deux jours deux villes du sud et de l’est du pays.
Les pourparlers de Libreville sur la crise en RCA avaient donné naissance, le vendredi 11 janvier 2013, à un énième accord qui prévoyait un cessez-le-feu et le maintien au pouvoir du président François Bozizé ainsi que la nomination d’un nouveau Premier ministre qu’il ne pourra révoquer et la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Malheureusement, ce jeudi 14 mars 2013, selon de nombreuses sources citant des militaires centrafricains, «la faction de la rébellion de la Séléka qui s’est emparée lundi (11 mars) de la ville de Bangassou, dans le sud de la Centrafrique, a entrepris une progression vers l’est, prenant la ville de Rafaï et se dirigeant vers celle de Zemio».
«Les éléments de la Séléka en provenance de Bangassou sont entrés mardi à Rafaï (entre Bangassou et Zémio) tirant de nombreux coups de feu en l’air sans rencontrer de résistance», a déclaré un responsable militaire qui ajoute qu’«ils ont pris le contrôle de la ville et se sont dirigés aussitôt vers Zémio, à quelque 160 km à l’est». Ces sources rapportent que les communications sont coupées dans la ville de Rafaï, alors que les forces de sécurité n’étaient plus présentes à quand les rebelles y sont entrés.
«Aucune présence militaire n’est effective depuis un certain temps à Rafaï (…) Les habitants se protègent des éléments de la rébellion ougandaise de l’armée de résistance du Seigneur (LRA, présente dans le secteur) au moyen des fusils de chasse ou de fabrication locale», rapportent les mêmes sources. De nombreux habitants de Bangassou ayant fui l’attaque de lundi pour se réfugier à Rafaï, à 130 km à l’est, ont repris la route pour se diriger vers Bakouma ou Nzako, deux villes situées plus au nord, a ajouté le responsable militaire.
Le gouvernement de Bangui attribue ces attaques à la Séléka mais elles auraient également pu être menées «par une bande armée venue du Soudan» avec qui la frontière est poreuse, estime une autre source militaire sous couvert d’anonymat.
Les rebelles continuent d’exiger la libération de prisonniers politiques et le départ des troupes étrangères de la Centrafrique, en particulier sud-africaines.
Coalition formée fin 2012, la Séléka est composée de deux principaux groupes rebelles et de plusieurs petits groupes armés. Ces rebelles avaient pris les armes le 10 décembre 2012 et avaient investi en peu de jours la majorité des villes du nord et du centre de la RCA. Ils reprochaient au pouvoir de Bangui, le non-respect de divers accords de paix signés entre le gouvernement et les rébellions en 2008. Il s’agit notamment de l’accord de paix global de Libreville de 2008. Avec cette remontée de tension, rien n’est plus moins sûr quant à l’application des accords obtenus à Libreville le 11 janvier 2013.