«Nous sommes vos frères et vos sœurs, vos parents et vos enfants, vos chefs et vos employés. Anonymous est partout, et nulle part en même temps. Notre force tient à notre nombre», ainsi se définissent les Anonymous, cyber-terroristes ou cyber-militants qui font trembler l’internet mondial. Ils viennent de poser leurs premières actions en faveur de la lutte contre les crimes dits rituels au Gabon. Chaud devant !
Le refus du ministère gabonais de l’Intérieur de laisser organiser une marche d’appel à la fin des crimes rituels n’aura finalement fait qu’envenimer les choses et vient plutôt renforcer l’image du Gabon comme pays cannibale, si crainte par Alain Claude Bilié Bi Nzé, porte-parole de la présidence de la République. Mondialement connu pour avoir attaqué, en février 2012, le site Internet de l’agence américaine du renseignement, la CIA, et celui de la Bank of America mais aussi d’avoir hacké le système informatique du ministère de la Défense Syrienne ou d’avoir rendu accessible gratuitement le catalogue musical de Sony, le collectif de pirates informatiques Anonymous, a décidé de s’inviter dans la lutte contre les crimes dits rituels au Gabon.
Le 11 avril dernier, soit deux jours avant la date programmée pour la marche pacifique de protestation contre les crimes rituels, Anon FiveO, résolument le pseudonyme de quelqu’un se réclamant d’Anonymous, a posté une vidéo sur Youtube intitulée «Ritual Killings in Gabon, Africa». La vidéo, essentiellement composée d’extraits du documentaire «Les organes du pouvoir», réalisé pour «l’Effet Papillon», l’émission de Canal+, est soutenue par une bande son digne d’un film de science-fiction avec une voix de cyborg clamant un texte dont la traduction française est visible sur le blog Gabonenervant.
«Une chose terrible se passe au Gabon, et en augmentation constante ces dernières années comme jamais vu avant. Cette chose est entretenue par le silence des hommes politiques du monde entier et par les médias. Les meurtres les plus horribles se produisent contre les enfants, hommes et femmes, en toute impunité, dans un pays où Ali Bongo met l’armée à chaque coin de rue tous les soirs. Ces meurtres sont appelés «crimes rituels» et ils sont exécutés d’une façon horrible, afin que les «pièces de rechange» soient recueillies: le sexe, les oreilles, la langue, les yeux, le cœur, les reins, le sang, la chair, la peau, etc. Ces parties du corps sont ensuite vendues à des gens puissants auxquels on promet jeunesse, santé, richesse, promotion, réussite et surtout l’honneur et la puissance, en échange d’organes d’un enfant, d’un albinos, d’un jeune prêtre, etc.», lit-on dans la traduction de la bande son effectuée par Gabonenervant.
«Tuez, volez, assassinez, et les promotions vous attendent», disent les gens au Gabon. Le nombre de meurtres explose quand une campagne électorale ou des nominations politiques sont proches», poursuit la voix de cyborg avant d’ajouter plus loin : «Le silence encourage la croissance exponentielle des crimes rituels. Si les gens parlent, ils courent le risque d’être eux-mêmes tués.»
Prévue le 13 avril à Libreville, la marche pacifique de protestation contre les crimes rituels n’a finalement pas eu lieu, ainsi qu’on le sait ; le gouvernement ayant adressé une «fin de non-recevoir» à cette initiative des «Gabonais du Net» et de l’association de lutte contre le crime rituel (ALCR). Anonymous demande à tous ceux qui auront vue cette vidéo buzz de rejoindre le collectif «de toute urgence pour demander justice et la fin de l’impunité dont jouissent ceux qui commettent ces horreurs et ceux qui les commanditent». Ces hackers qui font trembler l’internet mondial et espéraient que la marche aurait lieu ont, enfin, déclaré : «Si on les empêche de protester, nous allons protester pour eux. Restez donc à l’écoute» et d’indiquer qu’ils vont publier «un ensemble de tweets pour notre tempête Twitter pour #SOSGabon».
Souvent décrits comme des hackers boutonneux, une organisation secrète, des terroristes, voire comme l’équivalent d’Al Quaïda en version web, les Anonymous fascinent autant qu’ils inquiètent. Keith Alexander, patron de la NSA (services secrets américains), par exemple, a demandé d’être très vigilant à l’égard des Anonymous qui pourraient prendre pour cible les infrastructures électriques des USA. Le collectif avait déjà menacé de rayer Israël du web et est allé jusqu’à bloquer, en novembre 2012, plus de 650 sites israéliens, pour la plupart gouvernementaux et institutionnels. Anonymous qui a déclaré «la guerre immédiate et sans relâche» à la corruption et aux pourfendeurs de la liberté, vise très souvent les gouvernements et les agences gouvernementales. Que réserve-t-il au pays des «crimes rituels» ? N’était-ce qu’un buzz ou entendra-t-on parler d’eux au Gabon ? Leur vidéo est visible ici.