Suite à la disparition depuis le 8 octobre de Cirpiano Nguéma Mba, opposant équato-guinéen réfugié politique au Cameroun, Yaoundé a demandé des comptes à Malabo, soupçonnée d’avoir récupéré ce réfugié en corrompant la police camerounaise. Deux policiers camerounais ont été arrêtés le 17 octobre et inculpés pour avoir enlevé l’opposant politique et l’avoir livré aux services secrets équato-guinéens contre une importante somme d’argent. Le colonel équato-guinéen avait été condamné à mort en 2005 pour une tentative de coup d’Etat contre le président Obiang Nguema au pouvoir depuis 1979.
La tension monte entre Yaoundé et Malabo depuis la disparition le 8 octobre de l’opposant équato-guinéen Cipriano Nguéma Mba, réfugié politique au Cameroun depuis 2005.
Le ministère camerounais des Relations extérieures a invité le 20 octobre l’ambassade de Guinée Equatoriale à Yaoundé «à fournir au gouvernement (…) toutes les informations susceptibles de faire la lumière» sur la disparition de Cipriano Nguema Mba, «jouissant du statut de réfugié politique» dans ce pays et enlevé le 8 octobre dernier.
Le réfugié politique aurait été enlevé par deux policiers camerounais et «livré» à l’ambassade de son pays, une opération qui «serait une violation flagrante des usages et convention diplomatiques en vigueur», prévient Yaoundé.
«Le gouvernement du Cameroun n’est, d’aucune manière, impliqué dans cette regrettable opération, qui est une initiative propre des deux personnels de la Sûreté nationale», précise le ministère des Relations extérieures.
«Des sanctions exemplaires sont en train d’être prises à l’encontre de ces deux agents indélicats, sur la base des premiers résultats de l’enquête administrative ouverte au sujet de ces comportements qui constituent des manquements à la discipline et à l’éthique professionnelles», précise le communiqué du ministère.
Les deux policiers ont été inculpés pour «intelligence avec un service de renseignement étranger» par la justice militaire camerounaise et seront traduits devant le conseil de discipline de la Sûreté nationale.
Le 17 octobre dernier, le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, avait suspendu pour trois mois deux fonctionnaires de la police nationale, soupçonnés d’avoir livré un réfugié politique équato-guinéen à l’ambassade de son pays à Yaoundé, en dehors de toute consigne de la hiérarchie.
L’officier Ndam Ibrahim, en service à la direction de la police judiciaire à Yaoundé et le gardien de la paix Ndam Hamidou, agent des renseignements généraux officiant au commissariat central de la même ville, ont été sanctionnés «sans préjudice des poursuites judiciaires» pour «arrestation irrégulière d’un réfugié».
Le 8 octobre dernier, ils avaient interpellé monsieur Cipriano Nguema Mba, officiellement enregistré parmi les réfugiés politiques au Cameroun par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et condamné à mort dans son pays en septembre 2005 pour «tentative de putsch», à l’encontre du régime du président Obiang Nguéma, au pouvoir depuis 1979.
Les deux policiers camerounais auraient livré le réfugié politique contre une somme de 15 millions de francs CFA.
Le HCR a saisi le ministère des Relations extérieures pour solliciter l’intervention du gouvernement camerounais pour protéger la vie de l’intéressé dont on demeure toujours sans nouvelles à ce jour.