Le Gabon, comme le monde entier, célèbre le 15 mai 2013, la 20e édition de la Journée internationale de la famille. Une opportunité pour prendre davantage conscience de l’importance des questions familiales et de renforcer les institutions nationales et même internationales chargées d’adopter les politiques nécessaires à la prévention des problèmes concernant la famille.
Placée sous le thème «promouvoir l’intégration sociale et la solidarité entre les générations», cette journée vise la recherche des solutions aux facteurs déstabilisant la cohésion sociale, et surtout l’impact de la migration mondiale sur les familles. Si l’accent est mis sur la famille africaine, c’est parce qu’évidemment la notion de famille varie en fonction du contexte social et culturel.
Pour cette célébration, Gabonreview a préféré se départir du thème pour jeter un regard sur les familles monoparentales ; un phénomène grandissant au Gabon, même si de plus en plus, la fréquence de la célébration des mariages augmente dans toutes les localités du pays.
Selon l’encyclopédie participative en ligne wikipedia, «une famille monoparentale est une famille constituée d’un seul adulte et d’au moins un enfant. L’enfant a pu être conçu hors des liens du mariage sans que le géniteur soit identifié ou assume la paternité (« mère-célibataire » ou « fille-mère »), ou encore que l’un des parents soit décédé. Cette formule est aussi utilisée de manière abusive du point de vue des enfants, pour des familles où seul un parent a la résidence habituelle des enfants, le plus souvent la mère».
Fort de cette définition, un tour dans les quartiers de Libreville laisse percevoir de nombreuses familles ne comportant qu’un seul parent, le plus souvent la mère. La plupart de ces femmes ont une moyenne de quatre enfants dont elles assurent elles même l’éducation. A ce qui parait, ces femmes ont été abandonnées par leurs conjoints à un moment donné où n’ont pas accepté de se remarier après le décès de leur partenaire.
«J’ai six enfants et quatre sont majeurs. Je suis seule avec eux depuis 22 ans. Leur père qui était marié légalement avec moi a trouvé bon de partir avec une autre femme. Alors, je me suis dit à quoi bon faire des palabres au tribunal. Je suis simplement resté tranquille avec mes enfants que j’élève grâce à mon salaire de fonctionnaire», a témoigné dame Helena, cadre au ministère des Affaires sociales.
Comme elles, de nombreuses autres relèvent avoir eu les mêmes problèmes. «Lorsque j’ai connu le père de mes enfants, j’étais très jeune. On a eu des enfants rapidement dans une relation de jeunesse. Dès qu’il a atteint l’université alors que je me suis arrêtée en troisième, il a estimé que je n’étais plus de son niveau. Il m’a laissé avec trois enfants. Ma famille m’avait déjà abandonné parce que je m’entêtais à rester avec lui. Maintenant, je suis seule à élever mes enfants. C’est à peine s’il vient souvent nous voir», a expliqué une autre maman, commerçante au rond-point de Nzeng-Ayong dans le 6e arrondissement.
Ces dames ont compris qu’il «n’y a pas de sot métier, mais de sottes gens». Une bonne partie d’entre elles élèvent seules leurs enfants avec les revenus du petit commerce qu’elles exercent dans les carrefours de la ville ou au grand marché Mont Bouët de Libreville.
D’autres par contre expliquent qu’elles ont décidé de quitter le foyer parce qu’elles s’y sentaient à l’étroit et mal à l’aise. Pour elles, «ce n’est pas forcément en couple qu’on a le bonheur et la paix du cœur». Elles ont donc décidé de rester avec leurs enfants. «Tous les jours on s’engueulait, on se disputait, il n’y avait pas de paix ni pour moi, ni pour les enfants. Il rentrait saoul. La séparation nous a permis de revivre et je ne suis pas prête de retomber dans le foyer avec un homme», a expliqué une jeune dame de 36 ans qui élève seule ses trois enfants. Certaines d’entre elles ont invoqué la mémoire de leur conjoint disparu et des questions culturelles pour ne pas se remettre avec d’autres hommes.
Rares sont cependant les cas où on a des hommes s’occupant seuls de leurs enfants. Pour la majorité, s’occuper des enfants relève de la patience et de l’abnégation. Toute chose qui manque, selon eux, à beaucoup d’hommes.
«Vous pouvez avoir beaucoup d’argent, mais dès que vous êtes seuls avec les enfants, vous avez besoin de l’aide. On a toujours besoin d’une femme pour s’occuper des enfants. Voilà pourquoi, la grande partie des hommes, même s’ils disent aimer vraiment leurs enfants, dans un moment de séparation ici chez-nous, préfèrent qu’ils restent avec leur mère», a déclaré un confrère journaliste.
Ce qui est certain, c’est que la question des familles monoparentales est une réalité criarde au Gabon, ce du fait que les mariages se font et défont au gré des aléas. La conséquence, on peut se l’imaginer, est le déséquilibre que peuvent afficher certains enfants dans leurs résultats scolaires. Les revenus des familles monoparentales sont relativement faibles malgré les prestations sociales et les pensions alimentaires, dans certains cas. Elles ont en effet une situation moins favorable sur le marché du travail parce qu’il faut garder les enfants et se déclarent plus souvent au chômage. S’ajoute à cela, le problème du logement : les femmes à la tête d’une famille monoparentale sont rarement propriétaires