Révélations sur un scandale. Lors de son audition, la semaine dernière, par les députés, le ministre des Infrastructures, des Travaux Publics, des Transports, de l’Aménagement du Territoire, chargé de l’Habitat et du Tourisme, a révélé que plus de 150 milliards CFA avaient été payés pour des études dont personne n’a vu la trace ou qui ont été réalisées avec peu de professionnalisme.
Plus de 150 milliards CFA dépensés en pure perte par le contribuable. C’est ce qu’a révélé le «ministre du Ciel et de la Terre» version gabonaise («Ciel» pour les Transports aériens et «Terre» pour aménagement du territoire, travaux publics et habitat) à des députés médusés. En fait, poussé dans ses derniers retranchements par les élus de l’Assemblée nationale sur le retard pris par l’ensemble des travaux relatifs aux nouveaux ponts (échangeurs) de Libreville et sur certaines voies, Magloire Ngambia s’est vu -s’est cru ?- obligé de dire toute la vérité sur ces retards. Les conclusions des études n’ayant pas été rendues ou mal ficelées, a-t-il dit, le Gouvernement a cru bon de suspendre certains travaux avant de les relancer plus tard !
Vers des commissions d’enquête parlementaires ?
«La plupart de ces travaux se faisaient donc de manière hasardeuse, de manière artisanale, avec tous les risques d’insécurité que l’on peut imaginer pour les usagers de la route», s’est écrié un député PDG à l’issue de l’audition du ministre. Et d’ajouter que «alors que le budget de notre pays est sous les aléas de ressources exceptionnelles, le gouvernement se permet encore de dilapider autant d’argent pour rien». Trop complexe et opaque, l’attribution des marchés à certains cabinets d’études doit être revue. De toutes les façons, face à cette hausse inquiétante des études sans suite ou réalisées avec peu de professionnalisme, l’Assemblée nationale va devoir commettre des enquêtes sur ces cabinets afin de briser ces «murs d’opacité». Car toutes ces vraies-fausses études de faisabilité, toutes ces expertises erronées, tous ces «petits arrangements entre amis» -véritables gouffres à sous- constituent un vrai scandale qu’il ne suffit pas de dénoncer, mais qu’il faut combattre.
Nécessité de mettre fin à l’opacité
Bien sûr, on ne peut pas tout mettre sur le dos de Magloire Ngambia, ses prédécesseurs aux Travaux Publics ayant eux aussi dilapidé des fonds de la même manière et pour le même objet, mais la même politique a été poursuivie depuis son arrivée en février 2012 dans ce département ministériel où, peut-on croire, il dispose de quelques complicités. Pour Magloire Ngambia, c’est vraiment «une pentecôte pluvieuse», surtout qu’il était déjà peu apprécié pour avoir signé avec une entreprise turque la construction de bâtiments préfabriqués dans la zone Nord de Libreville, et pour avoir, lorsqu’il était aux commandes du ministère de l’Economie, failli causer la perte de la Banque de l’Habitat (BHG) en raison d’un emprunt de 5 milliards CFA resté sans suite. En fait, Magloire Ngambia doit à présent permettre à ce secteur trop insouciant de se mettre sous le sceau de la transparence. C’est à cela qu’on saura si ses intentions réelles sont de mettre fin à ce système !