L’hebdomadaire «Échos du Nord», incarné par son directeur de publication, Désiré Ename, est attendu à la barre le 29 mai 2013, pour «diffamation» contre le patron de la Santé, Léon Nzouba. En toile de fond, l’assassinat, en novembre 2011, de l’adjudant-chef Marcel Mayombo et la montée récente au créneau du couple présidentiel contre les crimes dits rituels.
L’édition n°177 du 29 avril 2013 du journal Échos du Nord, titrant à la une «Crimes rituels : Ikambouayat, Nzouba et Ona Ondo doivent s’expliquer», semble avoir touché l’égo de certains hommes du pouvoir. Du moins c’est ce qui ressort de la plainte pour diffamation introduite par le ministre de la Santé, Léon Nzouba, contre le patron de l’hebdomadaire et le titre.
Selon Échos du Nord, dans sa requête reçue au siège du journal en fin de semaine dernière, par l’entremise de l’étude Nicaise Edzo Obiang, Léon Nzouba reproche à l’organe d’avoir publié en première page et en grand titre «Crimes rituels : Ikambouayat, Nzouba et Ona Ondo doivent s’expliquer», et qu’en dessous de ce titre, il a présenté les photographies respectives de ces personnalités et fait la description suivante : «le président de la République vient de demander aux policiers et magistrats d’aller au bout dans toutes les procédures relatives aux crimes rituels au Gabon. Trois cas peuvent lui permettre de tester le nouvel état d’esprit de ses forces de sécurité, police et gendarmerie et de son parquet. Tous ces cas concernent des personnalités de premier plan, présumées innocentes, citées dans le cadre des investigations judiciaires au sujet des crimes rituels et qui n’ont jamais fait l’objet d’aucune audition : Rigobert Ikambouayat Ndeka, cité au tribunal de Makokou, le professeur Léon Nzouba, accusé publiquement d’assassinat par Pierre Claver Maganga Moussavou, Daniel Ona Ondo, cité au tribunal d’Oyem».
Pour le plaignant, «à ce rythme, il est évident que le feuilleton n’arrivera pas sitôt à son terme et que, vraisemblablement, d’autres épisodes apparaîtront ; que de telles allégations, lorsqu’elles sont établies, sont constitutives de diffamation par voie de presse, délit prévu et puni par les articles 125 du code de la communication et 283 et suivant du Code pénal».
«À quel niveau se situe la faute ?», s’interroge le journal qui attribue, la paternité des propos au président du Parti social démocrate (PSD), Pierre Maganga Moussavou, avant d’indiquer que, «ni l’article auquel renvoie le titre de la première page, encore moins dans le chapeau de une comme diraient les spécialistes de la presse écrite, il n’est indiqué nul part que monsieur Léon Nzouba était impliqué dans cette affaire. Ce qui est en revanche présenté ce sont des faits avérés».
On se souvient en effet qu’en mai 2012, à travers un coup de fil passé à l’hebdomadaire Le Scribouillard pour se plaindre de ce que sa femme, Albertine, y avait été maltraitée, Pierre-Claver Maganga Moussavou avait indiqué une piste au sujet du meurtre de l’adjudant-chef Marcel Mayombo, survenu cinq mois plus tôt dans la province de la Ngounié : «Il y a des vrais sujets que vous ne traitez pas. Par exemple, les militaires qu’on assassine à Mouila. Vous connaissez qui en est le commanditaire, il siège tranquillement au gouvernement», avait relayé Le Scribouillard. L’acharnement des Maganga Moussavou pour l’élucidation de cet assassinat avait amené à penser que ce commanditaire pourrait être l’un des farouches adversaires politiques du couple. Qui est donc cet originaire de Mouila qui siège au gouvernement ? Qui donc a copieusement battu le président du PSD à Mouila lors des dernières législatives ? Suivez le regard du patron du PSD. Pour sa part, le journal La Loupe avait, lui, indiqué que cette affaire pourrait déboucher sur «la mise en examen et l’inculpation d’un «gros poisson» étoilé de nos forces de sécurité sur lequel pèseraient de lourds soupçons», autrement dit sur un général d’armée. En croisant les deux indications, tout le monde avait aboutit à une autre question : quel général originaire de Mouila figure au gouvernement ? Tous les titres sus cités, ayant insinué des pistes quant l’horrible assassinat de ce militaire, n’ont jamais été inquiétés ou vont devoir l’être. La déclaration du président Ali Bongo, le 11 mai dernier au terme de la grande marche contre les crimes rituels, «Je veux dire haut et fort, que tous ceux qui ont enlevé la vie à autrui seront punis avec toute la rigueur de la loi», provoquerait-elle une certaine fébrilité ?
En attendant la même réaction de la part des deux autres personnalités dont les noms figurent également sur le titre mis en cause, l’avocat d’Échos du Nord, maître Paulette Oyane Ondo, devrait élaborer une stratégie de défense infaillible contre les arguments de ses éminents adversaires à savoir, maître Francis Nkéa, avocat au barreau du Gabon et maître Arema, avocat au barreau de Paris.