Intitulé «Équité et industries extractives en Afrique pour une gestion au service de tous», le rapport 2013 de l’Africa progress panel, présidé par l’ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Kofi Annan ? interpelle les dirigeants Africains sur la rationalisation des richesses en ressources naturelles afin de pouvoir offrir à leurs populations l’accès à une nutrition adéquate, à la santé et à l’éducation.
Absence de transparence, mauvaise gestion des ressources publiques, évasions fiscales, détournements massifs de richesses… une variété de maux recensés par l’édition 2013 du Rapport sur les progrès en Afrique. Il plaide essentiellement en faveur d’une totale transparence des comptes publics ainsi que des entreprises publiques actives dans le secteur des ressources naturelles.
«Les ressources naturelles de l’Afrique pourraient améliorer de manière spectaculaire la vie de millions de personnes. L’Afrique se trouve face à une immense opportunité et les décideurs africains doivent prendre des décisions essentielles», recommande le rapport 2013 de l’Africa progress panel.
Selon le rapport et au regard de la croissance impressionnante que connaissent les ressources naturelles en Afrique, les dirigeants de ce continent sur lequel la disparité entre pauvres et riches est vertigineuse disposent de deux choix. «Ils peuvent investir les recettes tirées des ressources naturelles dans leurs populations, pour créer des emplois et générer de nouvelles opportunités pour les millions d’individus des générations actuelles et futures. Ou ils peuvent gaspiller ces ressources en permettant une croissance sans emploi et en laissant les inégalités s’installer». Toutefois, le rapport affirme que, bien que les ressources naturelles aient aidé à alimenter une décennie de croissance économique rapide, la plupart des Africains n’en ont encore retiré aucun bénéfice.
De même, l’évasion et les exonérations fiscales à l’échelle internationale, la corruption et une faible gouvernance constituent des défis majeurs. Les pertes subies par l’Afrique sous la forme de sorties de capitaux illicites représentent une moyenne annuelle de 38,4 milliards de dollars soit deux fois plus que ce qu’elle reçoit en aide internationale, évalué à 29,5 milliards de dollars annuels.
L’Africa progress panel est convaincu que l’Afrique peut mieux gérer ses vastes richesses en ressources naturelles pour améliorer la vie de ses populations, en définissant des agendas nationaux ambitieux en faveur du renforcement de la transparence et de la responsabilité. Raison pour laquelle, elle demande avec force que des mesures soient prises d’urgence pour que cette «trop rare aubaine» soit mise à profit dès maintenant pour stimuler le progrès, réduire les inégalités à travers le continent et arracher de plus en plus d’hommes, de femmes et d’enfants de leur pauvreté.
«Si les recommandations que contient le rapport sont suivies, l’Afrique pourra accélérer ses progrès afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Davantage d’enfants iront à l’école, moins de femmes mourront en donnant naissance à leurs enfants, plus d’enfants survivront jusqu’à l’âge adulte», a indiqué Graça Machel, la présidente de la fondation pour le développement communautaire Graça Machel Trust.
Le rapport de cette année définit un agenda commun pour le changement à l’endroit des gouvernements, de la communauté internationale, les entreprises internationales, mais aussi de la société civile.
Les gouvernements africains doivent améliorer leur gouvernance et renforcer leur capacité nationale à gérer les industries extractives dans le cadre de leur stratégie économique et de développement au sens large ; ils doivent placer la transparence et la responsabilité au cœur de leurs politiques en matière de ressources naturelles, garantir à leurs citoyens une juste part des recettes issues des ressources et répartir les bénéfices tirés de ces recettes au moyen de dépenses publiques équitables.
La communauté internationale devrait se baser sur la Loi Dodd‐Frank et sur la législation comparable appliquée par l’UE pour développer une norme mondiale sur la transparence et la divulgation, mettre au point une riposte multilatérale crédible et efficace à l’évasion fiscale et lutter contre le blanchiment d’argent et contre les sociétés fictives anonymes. Les entreprises internationales doivent appliquer les meilleures pratiques en matière de transparence, aider à renforcer les capacités nationales, acheter davantage de produits et de services au niveau local et renforcer les normes dans tous les domaines de la responsabilité des entreprises. La société civile pour sa part doit renforcer ses capacités et continuer à demander aux gouvernements et aux entreprises de rendre des comptes.