Une délégation de Transparency international conduite par Chantal Uwimana, directrice de la région Afrique de cette organisation de lutte et de sensibilisation contre la corruption, a échangé, le lundi 10 juin 2013, avec les responsables de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI). La rencontre du siège de London, avait entre autres pour but d’évaluer les efforts du Gabon en matière de sensibilisation et de combat contre ces phénomènes.
Depuis sa création en 2003, c‘est la première fois que des membres de Transparency interntational foulent la terre gabonais dans le cadre d’une mission d’échanges en vue de mieux affiner la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Une opération en rapport avec les missions de cette entité qui se résument en trois mots : prévention, investigation et consultative.
Selon le président de la CNLCEI, Vincent Lebondo Le-Mali, cette délégation arrive à Libreville après le voyage, en février 2013, des membres de l’organisation dont il a la charge au siège de Transparency interntational. Elle est donc venue dans la capitale gabonaise «pour voir avec le Gabon comment mettre en place un système d’intégrité dans le cadre des activités de la commission […] Ils sont là pour voir dans quel sens agir et nous soutenir dans cette lutte».
Concernant les investigations déjà menées au Gabon, Vincent Lebondo Le Mali indique qu’il y a «102 dossiers ouverts à ce jour dont certains sont en phase de clôture et n’attendent que l’ouverture des Cours criminelles spéciales, juridictions d’exception, seules habilités à sanctionner le travail rendu par la Commission qui est un organe essentiellement technique et indépendante». Il rappelle également à cet effet que «la Cour criminelle spéciale est une juridiction d’exception qui n’a pas fonctionné depuis 2009. Les juges appelés à animer ces juridictions (il y en aura quatre) recevront les dossiers au lendemain de leur prise de service».
Répondant aux critiques dont est victime la CNLCEI, le président de cette institution précise encore que «des résultats intermédiaires sont légions notamment, les blocages des comptes bancaires, la récupération des véhicules, les amendes pour retard dans les déclarations de biens, etc.»
Au sujet des personnes ciblées et qui seraient pour la majorité d’anciens barrons de la République, le président de la CNLCEI, fait remarquer qu’elles ont tort de parler d’acharnement. «Tous les citoyens, hommes politiques de la majorité ou de l’opposition, hommes d’affaires, et simples citoyens sont égaux devant la loi. On peut, pendant l’exercice de certaines fonctions, avoir quelques privilèges (immunité des poursuites, privilège de juridiction), mais cela n’est qu’une question de temps et de procédure car, comme disait un intellectuel français : «qui du Roi ou du Duc aura mangé l’oie, rendra tôt ou tard la plume»».