Le sac d’«organes humains» découvert le 4 juin à la Zone industrielle d’Oloumi, qui compte deux établissements de services funéraires, a conduit le Parquet de la République à emprunter une nouvelle piste dans la lutte contre les crimes dits rituels. Le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Libreville a effectué, le 5 juin, une descente d’examen dans toutes les morgues privées que compte la capitale gabonaise.
La grosse livraison d’organes humains, abandonnée ou planquée, au Centre de formation professionnelle Basile Ondimba, à la Zone industrielle d’Oloumi (Libreville), et retrouvée le mardi 4 juin, n’a pas laissé indifférente la machine judiciaire gabonaise. Celle-ci s’est immédiatement mise en branle pour analyser l’abominable découverte.
A priori, ainsi qu’il en a été question durant toute la journée dans les différents débats suscités par cet évènement pandémoniaque, les organes humains découverts à la Zone industrielle d’Oloumi ne sauraient provenir d’une seule victime. En effet, un serial killer à fréquence rapprochée aurait, dans ce cas, tout de même pu être signalé ces derniers temps à Libreville. Ce qui ouvre la piste d’un trafic d’organes humains en partance des établissements de pompes funèbres. Surtout que la Zone industrielle d’Olumi où s’est effectuée la découverte de ce qui est, jusqu’ici, qualifié d’organes humains, compte deux maisons offrant des services funéraires : Gasepga et Saaf.
Dans l’après-midi du mercredi 5 juin, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville, Sidonie Flore Ouwé, qu’accompagnait le commandant en chef de la Police nationale, Léon Mistoul, et quelques agents de police, a entrepris de perquisitionner les entreprises de Pompes Funèbres de Libreville. L’inspection, qui a commencé par la plus ancienne de ces maisons, Gabosep, s’est étendue à toutes les autres de Libreville et de Mélen, à l’Est de la capitale gabonaise.
La représentante du parquet de la République a confié n’a voir rien trouvé de suspect dans ces établissements, hormis l’attitude suspecte des thanatopracteurs -agents chargés des soins de conservation, de l’habillage et de la présentation des défunts- visiblement paniqués. Le parquet de la République devrait incessamment entendre tout ce monde.
Pour l’heure rien de formel n’indique que la découverte du centre de formation Basile Ondimba concerne des organes prélevés sur des humains. Des échantillons ont, à cet effet, été envoyés aux laboratoires de l’Université des sciences de la santé à Owendo en vue d’une analyse, nécessitant quatre jours francs.
La piste des pompes funèbres fait penser à ce qui se passe, depuis 2012, à Douala où l’Association camerounaise de défense des droits des jeunes (ACDJ) a dénombré une vingtaine de corps profanés à la morgue de l’hôpital Laquintinie. Des «personnes mal intentionnées obtiennent facilement des agents véreux de cette morgue des organes humains extraits des corps qui y sont gardés, parfois aux fins de pratiques de sorcellerie», note-t-on dans un article d’Afrik.com. Phénomène nouveau et mondial, l’encyclopédie participative en ligne Wikipedia indique que le «trafic d’organes est l’exercice illégal du commerce d’organes, il comprend le prélèvement sur des personnes vivantes ou décédées, la conservation ou l’utilisation d’un organe ou d’un tissu humain.» La même encyclopédie indique qu’en 2006, un réseau de pilleurs de cadavres avait été démantelé à New York. Ses canaux étaient notamment formés d’entrepreneurs de pompes funèbres qui revendaient «des os, des tendons, des valves de cœur et d’autres tissus […] retirés sur plus de mille personnes récemment décédées.»
Si, au regard de ce qui précède, on ne saurait, tout de go, renier l’existence des crimes sacrificiels commis pour les besoins de la magie noire, on doit tout de même s’intéresser à cette nouvelle hypothèse et se demander vers quelle découverte pourrait mener la nouvelle piste empruntée le système judiciaire gabonais. Qui vivra, verra…