Le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé a annoncé, mardi à Libreville au cours d’une conférence de presse, que des poursuites judiciaires vont être engagées contre tous ceux qui ont géré les fonds alloués aux fêtes tournantes entre 2003 et 2009 et qui se seraient rendus coupables de malversation.
‘’Tous ceux qui, de près ou de loin, ont détourné les fonds destinés au développement de nos villes doivent désormais se préparer à rendre compte à la justice’’ a déclaré Mme Ouwé pour qui ‘’les auteurs connus et inconnus de cette catastrophe économique et financière doivent s’expliquer sur l’utilisation de l’argent du contribuable visant, pour l’essentiel, la réalisation des infrastructures encore attendu à ce jour’’.
Cette décision fait suite aux instructions des plus hautes autorités, en tête desquelles le Président Ali Bongo Ondimba, qui avait été saisi par la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) sur les nombreuses malversations financières durant ces évènements.
Le parquet de la République de Libreville compte ester en justice, dans les prochaines semaines, les gestionnaires des fonds investis par l’Etat durant les fêtes tournantes du 17 août initiées par feu le président Omar Bongo Ondimba dans le cadre de la célébration de l’indépendance, pour développer les villes de l’intérieur du pays, entre 2003 et 2009.
C’est face au non achèvement de certains projets et aux nombreux détournements des fonds enregistrés que le procureur de la République près le tribunal de Libreville, Sidonie Flore Ouwé, a annoncé que le parquet poursuivra les hommes et femmes chargés, à l’époque, de la gestion des fonds devant servir à la réalisation d’un certain nombre de projets de développement.
‘’Dans le cadre des priorités de la politique pénale que le parquet de la République de Libreville s’est assignées pour cette année, et en écho à l’annonce du président de la République sur les éventuelles malversations dans la conduite et le suivi des projets relatifs aux fêtes tournantes’’, a indiqué le procureur qui a dit avoir ‘’engagé un certain nombre de poursuites s’inscrivant dans le volet de la lutte contre la fraude aux finances publiques qui, pour nous, constitue non seulement un impératif de justice sociale et d’efficacité économique, mais aussi un enjeu de patriotisme à l’heure des efforts de redressement des comptes publics’’, a indiqué le procureur de Libreville.
L’évaluation du montant de la fraude, comprise entre 3 et 5 milliards de francs CFA et liée aux dossiers de ces fêtes tournantes initiées sur la période indiquée dans l’ensemble des neuf provinces du Gabon, vient ainsi d’intégrer le registre des impératifs pénaux du parquet de la République.
‘’Notre action est donc totale pour assainir- c’est un objectif ambitieux- l’utilisation de nos fonds publics. J’ai mobilisé mes meilleurs collaborateurs avec des officiers de police judiciaire ayant compétence nationale pour se consacrer exclusivement aux investigations liées à cette affaire’’, a-t-elle poursuivi.
Reposant sur la mise en place d’une stratégie générale d’enquête basée sur trois axes, dont l’objectif est de redonner confiance aux citoyens Gabonais, le procureur de la République a engagé un certain nombre de poursuites envers des entreprises.
Sur les dix premières sociétés indexées, le bouclage des enquêtes préliminaires a débouché sur la présentation de deux responsables de structures devant le juge d’instruction qui ont fini par être écroués, conformément aux articles 115 et 116 du Code de procédure pénale.
Pour Sidonie Flore Ouwé, ‘’cette action vise à assainir l’utilisation des fonds publics qui, rappelons-le, servent en définitive de portefeuille personnel à ceux et celles qui sont chargés de traduire en acte la politique sociale et de développement du pays’’.
Cette décision, qui émane de la juridiction compétente, est un début de solution et devrait conduire à mettre un terme aux crimes économiques au Gabon, où les détournements de deniers publics constituent un véritable fléau, à l’origine du non achèvement ou à la non réalisation de certains projets structurant financés par l’argent du contribuable.