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«L’Etonnante histoire des noms d’animaux» à l’Ecole d’Eté Internationale

prof-DaoudaDevant durer près de deux semaines, la première édition de l’École d’Été Internationale sur les savoirs ethnobiologiques s’est ouverte le 22 juillet 2013, à l’institut français du Gabon (IFG). A travers des enseignements théoriques et pratiques en forêt, le séminaire vise à favoriser le contact entre les apprenants, la faune et la flore sauvage gabonaise.

Conscient de l’absence de programmes interdisciplinaires, de la rareté des spécialistes formés dans un domaine où de nombreuses langues et cultures sont menacées d’extinction, et face à la nécessité d’envisager de nombreux aspects d’ethnobiologie dans un programme unifié, le directeur de cabinet du ministère de l’Enseignement supérieur, le Pr Samuel Mbadinga, a ouvert le 22 juillet 2013, devant un parterre d’invités (étudiants et enseignants-chercheurs) la première l’École d’Été Internationale sur les savoirs ethnobiologieques du Gabon.

Comment les connaissances traditionnelles permettent-elles d’organiser l’univers biologique ? Comment l’étude de classification ethnobiologie révèle-t-elle des mécanismes profonds de la pensée humaine ? Comment les noms des plantes et des animaux indiquent-ils les chemins de l’histoire ? Telles sont les principaux thèmes devant être traités, tout au long de ces échanges, par les différents spécialistes venus d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Amérique, associés au chercheurs gabonais.

«Les interdits alimentaires périodiques, les forêts sacrées, les techniques de chasse et pêche, les rites initiatiques participaient d’un système de gestion traditionnelle des écosystèmes. Malheureusement vint le temps de la destruction, celui du braconnage et de l’exploitation incontrôlée des ressources naturelles. Il est urgent de réagir avant qu’il ne soit trop tard. C’est pourquoi, j’inscris cette école d’été dans le cadre d’une stratégie de préservation de l’environnement», a déclaré le Pr Samuel Mbadinga à l’endroit des écoliers et enseignants de l’Été.

«Cette école permettra de faire le point sur ce que l’on sait aujourd’hui sur les noms d’animaux et des plantes d’une culture à une autre, sur la façon de les catégoriser, sur les théories en ethnobiologie, sur les vertus thérapeutiques des plantes, sur la façon de collecter les données, ainsi que sur les procédés de conservation aussi bien traditionnels que modernes de la faune et de la flore», a précisé le directeur du Laboratoire langue, culture et cognition, Patrick Mouguiama Daouda.

Ponctuée par deux allocutions de circonstance, l’ouverture de ses assises de Libreville et de la Lopé a également enregistré l’exposé du professeur honoraire de linguistique à l’Université de Haute-Bretagne, présidente de la société internationale de linguistique fonctionnelle, Henriette Walter, qui a porté sur «l’Étonnante histoire des noms des animaux en français».

Pour Henriette Walter, également membre du Conseil international de la langue française, qui s’est fait le plaisir de partager son étonnant travail sur les noms des animaux des différentes espèces, notamment les mammifères, les oiseaux et les poissons, «si on cherche à mieux les connaître, on s’aperçoit très vite avec surprise que les animaux sont partout dans la langue française. Souvent bien dissimulé en raison de l’évolution phonétique, on les retrouve dans les domaines là où on ne les attend pas du tout. Par exemple, dans la mythologie, la philosophie, l’astronomie, la médecine, dans des prénoms et des noms propres, dans la géographie et même dans la grammaire».

«Chez les mammifères, on sait par exemple que le nom chien, du Grec Kunos, se cache dans l’adjectif cynique, et que le nom de l’océan arctique remonte en dernière analyse à celui de l’ours en Grec Arthos. En considérant le nom de l’ours en allemand et en anglais, respectivement Bären, bears, on est conduit à imaginer que les premiers ours rencontrés par les populations Germaniques, étaient des ours bruns. Entendu que Bären et bears reposent sur la même racine braun en allemand et brown en anglais qui signifie brun et on reconnaît cette même racine dans le prénom Bernard. L’ours se retrouve aussi sur le prénom Artur, mais cette fois en breton Artic», a-t-elle tenté de démontrer.

En invitant les étudiants à s’abreuver abondamment à la source des savoirs ancestraux et des savoir-faire méthodologiques, lors de la deuxième partie de l’école qui se déroulera à la Lopé, le professeur Samuel Mbadinga s’est dit convaincu que grâce aux leçons des populations locales, ils apprendront à écouter le silence de la forêt, à reconnaitre les animaux sans les voir, à décoder le chant des oiseaux et les cris des singes, à distinguer l’odeur du léopard et celui du gorille.

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