Pendant que l’Union des forces pour l’alternance (UFA) et l’Union du peuple gabonais (UPG) invitent le gouvernement à suspendre l’opération d’enrôlement dernièrement lancée, Daniel Mengara, qui se présente comme le candidat du changement et des valeurs pour 2016, appelle les Gabonais à tirer la leçon des 46 dernières années de Bongoïsme : «le pays ne changera jamais par les urnes».
Après un an de silence visant principalement, comme il aime à le dire, à «laisser chacun aller au bout de sa logique», le président du mouvement «Bongo Doit Partir – Mouvement des Descendants de Wongo, Okweret, Akoma Mba et Mumbina (BDP-Modwoam), le Dr. Daniel Mengara a décidé de refaire surface pour partager sa vision du changement du Gabon à quatre mois des prochaines élections locales, premières de l’ère Ali Bongo Ondimba. Appelant à l’abstention lors des prochaines batailles électorales, l’activiste politique, propose à la population gabonaise ce qu’il qualifie de «troisième voie», une voie qui, d’une part, rejette sans ambages Ali Bongo et l’État PDG et, d’autre part, refuse les démarches convivialistes de l’opposition qui cautionnent l’idéologie de la «mangerie».
Brossant un tableau sombre des réalités et échecs des actions commises par l’opposition gabonaise depuis l’accession d’Ali Bongo Ondimba au pouvoir, notamment, la mise en place d’un gouvernement parallèle improvisé en 2010, le boycott improvisé des législatives 2011 et une tentative de Conférence nationale souveraine en 2012, Daniel Mengara soutient qu’«aujourd’hui, l’opposition gabonaise est à l’agonie : battue, perdue, confuse, apeurée, hésitante, désarticulée, elle ne se pose plus ni en opposition de prise de pouvoir ni en opposition d’alternance. Elle ne s’en donne même plus l’illusion, notre opposition a perdu l’envie de se battre. Elle préfère désormais se cacher derrière de faux-semblants politiques qui dissimulent très mal une simple réalité : les leaders de cette opposition fatiguée reconnaissent désormais la légalité et la légitimité d’un Ali Bongo qu’ils déclaraient encore imposteur il y a à peine quelques mois, un Ali Bongo à qui ils donnent pourtant désormais le titre de «président de la République» dans leurs déclarations».
«Notre pays ne changera jamais par les urnes. Jamais. Les Gabonais doivent désormais s’accommoder de cette réalité. Et si le flop mégalomaniaque que constitue la fameuse «Emergence» mort-née d’Ali Bongo avait encore laissé quelque doute que ce soit dans l’esprit de quelques naïfs, force est de constater aujourd’hui que la maxime «Bongo doit partir» reste d’actualité : Rien de bon ne peut se passer au Gabon tant qu’un Bongo Ondimba sera au pouvoir. Ali Bongo, comme son père, est incompétent et incapable. Les Bongo doivent, par conséquent, partir. Par tous les moyens. Un point, un trait», précise le Dr. Daniel Mengara dans son appel.
«Des élections locales comme il se prépare actuellement au Gabon dans la cacophonie et la confusion les plus totales ne peuvent donc que vouloir dire une chose : on offre au peuple une énième illusion de compétition électorale non pas pour asseoir la démocratie, mais plutôt en vue de la consolidation, puis de la continuité pure et simple du règne absolutiste de la plus que jamais république banano-dynastique des Bongo Ondimba, et ce avec la complicité d’une opposition éperdue, désemparée et désormais acculée à la piteuse attente des miettes de pouvoir que le clan des Bongo veut bien de temps en temps lui laisser, comme des os jetés à des chiens affamés», poursuit-il.
«S’il y avait encore une illusion d’opposition au Gabon, cette illusion vient certainement de s’évaporer avec cette nouvelle abdication sans conditions de notre opposition : comme d’habitude, notre opposition dite «de terrain» participera et, comme d’habitude, elle se répandra en les mêmes vieilles sempiternelles jérémiades sur la fraude électorale pourtant mille fois avérée des Bongo et affiliés», déplore Daniel Mengara.
Selon le président du BDP-Modwoam, les Gabonais doivent rester à la maison lors des prochaines élections locales. Y participer, selon lui, serait cautionner la mainmise despotique des Bongo sur le Gabon, avec la complicité des opposants électoralistes. Il faut simplement désormais s’abstenir, pas dans la passivité, mais dans le simple refus de cautionner, et ensuite se préparer, avec tous les patriotes qui, au sein du mouvement «Bongo doit partir» ou ailleurs, s’organisent désormais pour la chute pure et simple du régime des Bongo Ondimba. Le programme est littéralement décliné.