Un mois après la redéfinition de l’aide française au développement en Afrique, le tour est revenu aux Etats-Unis de réfléchir sur leurs relations avec le continent noir. Le forum d’Addis-Abeba (Ethiopie) a notamment porté, le 12 août, sur les succès, les échecs et les défis de la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) : un programme d’aide qui prendra officiellement fin en 2015.
Alors que le forum de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) s’est ouvert au début de la semaine en cours, rien ne présage la prolongation de cette loi qui, prévue pour s’étendre jusqu’en 2015, avait été adoptée par le gouvernement américain le 18 mai 2000 dans l’objectif d’offrir à des pays de l’Afrique subsaharienne n’ayant pas d’accord de libre échange avec les Etats-Unis, d’avoir néanmoins accès au marché américain par des conditions de faveur. Notamment par le biais d’un programme d’exonération de droits de douaniers aux Etats-Unis.
En effet, la loi qui sert également d’appui aux initiatives des réformes africaines cessera d’être effective dans un peu plus de deux ans. Il faudra alors se tourner vers le Congrès américain pour que celle-ci soit reconduite en tenant compte des avantages de ce programme au plan intérieur. Ce, bien sûr, après avoir examiné «dans quelle mesure les Africains rendent la pareille aux Etats-Unis en ouvrant leurs propres marchés aux investisseurs américains», a confié Florizelle Liser, représentante adjointe des Etats-Unis pour le Commerce extérieur.
Si du côté américain, le rendez-vous d’Addis-Abeba est l’occasion pour l’administration Obama de «lancer un vaste processus de consultation publique pour évaluer les succès de l’AGOA ainsi que les améliorations à apporter», pour les organismes panafricains, le programme d’aide a constitué une importante aide au développement économique de 39 pays de l’Afrique subsaharienne tels que l’Angola, le Benin ou le Burkina-Faso ; même si, nombre de pays éligibles à cette aide «n’ont pas su saisir la perche qui leur a été tendue», ainsi que le regrette un expert de l’Union africaine (UA) en charge du dossier, qui a par ailleurs rappelé qu’au cours des quinze dernières années, les échanges commerciaux entre l’Afrique et les Etats-Unis ont triplé, passant de 31 milliards de dollars US à 99 milliards de dollars. A cet effet, indiquent les milieux officiels, l’AGOA aurait permis aux pays africains éligibles d’exporter vers le marché américain des produits pour une valeur de 424 milliards de dollars US.
Au regard de ces chiffres et de l’importance de ce programme qui favorise davantage le Commerce des Etats de l’Afrique subsaharienne, la non prolongation de ladite Loi affectera considérablement les exportations de ces pays, selon la Banque mondiale (BM) et les experts de l’UA.
En effet, une récente étude publiée le 31 juillet dernier par la Commission économique des Nation unis pour l’Afrique (UN-ECA) montre qu’avec l’arrêt, en 2015, du programme AGOA, le continent (et davantage les pays éligibles) connaîtra une chute importante des exportations, la diversification économique sur le continent et l’emploi seraient fortement touchés, entraînant ainsi une croissance de la pauvreté. Mais avant la consultation du Congrès, les représentants américains ont dit travailler, dans les deux années à venir sur une autre forme d’aide basée sur «la transformation durable grâce au commerce et à la technologie», thème retenu pour ce 13e forum.