Un comportement exemplaire, un grande première, une étape importante dans la transition au Mali, un grand respect, a-t-on entendu au sujet du comportement du candidat malheureux à la présidentielle malienne, Soumaïla Cissé qui, accompagné de sa famille, s’est rendu au domicile de son concurrent, Ibrahim Boubacar Keita (IBK), le 12 août 2013, en soirée, pour le féliciter et lui souhaiter «bonne chance» comme président de la République, au terme du deuxième tour du scrutin présidentiel dans ce pays.
Ainsi que l’a déclaré un observateur de la mission européenne à Bamako, les Maliens de tous les bords ont déjoué tous les pronostics et supputations qui prévoyaient des revendications et crises à n’en pas finir. En effet, malgré la crise qui a secoué le mali pendant 18 mois, les Maliens ont donné une petite, mais très grande leçon, de démocratie à l’Afrique et au monde entier.
Alors qu’après le deuxième tour de l’élection présidentielle certains membres du camp Soumaïla Cissé dénonçaient des fraudes massives, contre toute attente, et avant même la publication des résultats officiels, Soumaïla Cissé a reconnu sa défaite. «Il a beaucoup apprécié mon geste et il me l’a dit. Il m’a remercié. […] Il a insisté sur la nécessité de faire gagner le Mali, ce que je partage avec lui comme objectif», a déclaré le candidat malheureux sur France 24.
Se tournant vers l’avenir, Soumaïla Cissé a appelé de ses vœux qu’IBK «fasse son travail», «accomplisse son programme». Face à un «Mali couché qu’il faut redresser», il faut aujourd’hui «s’atteler très vite à réconcilier et à rassembler les Maliens». «Il y aura beaucoup à faire, a-t-il reconnu. Il faut sortir de ce consensus mou qui a fait le malheur du Mali pendant très longtemps.»
Sur RFI et au sujet de cette attitude, on peut lire le commentaire suivant : «Ce qu’il faut redire, c’est qu’on a assisté à un geste politique fort, très symbolique hier soir. Soumaïla Cissé n’a pas seulement appelé son adversaire au téléphone comme cela se fait souvent, comme Abdoulaye Wade l’a fait au Sénégal par exemple pour les dernières présidentielles. Non, Soumaïla Cissé a posé un geste qui parle à beaucoup de Maliens : il est allé chez Ibrahim Boubacar Keïta qu’il a décrit comme son aîné et il y est allé avec sa famille. Ce n’est pas seulement un détail, ici au Mali. Cela veut dire beaucoup en terme de respect».
Les estimations portant sur 2/3 des bulletins dépouillés donnaient une très large une avance à Ibrahim Boubacar Keïta, ancien Premier ministre malien de 68 ans. En l’état, l’absence de contestations de la part de Soumaïla Cissé devrait conférer à Ibrahim Boubacar Keïta l’autorité suffisante pour engager des discussions indispensables sur la préservation de l’unité du Mali, pour réformer l’armée et pour s’attaquer à la corruption.
«Il faut s’atteler vite à réconcilier et à rassembler les Maliens», a déclaré Soumaïla Cissé.
IBK était le grand favori du second tour de la présidentielle. Il était arrivé largement en tête du premier tour le 28 juillet dernier, avec quasiment 40% des suffrages et 20 points d’avance sur Soumaïla Cissé. Promettant de rétablir l’autorité de l’Etat au Mali, cet homme de poigne a bénéficié du ralliement de 22 des 25 candidats éliminés au premier tour.