Depuis le lancement de l’opération d’enrôlement des populations sur le fichier électoral biométrique, des voix discordantes s’élèvent pour demander, soit l‘arrêt du processus, soit l’enrôlement massif. A l’instar du Parti gabonais du progrès (PGP) qui a appelé ses militants, comme d’autres formations, à se faire enrôler sur ces listes. Ce qui rappelle l’argument du pari de Blaise Pascal.
Entendu que les élections locales, fixées à fin nombre 2013, déboucheront forcément sur un redéploiement des forces en présence sur le terrain politique, chaque formation politique essaie de donner de la voix pour faire valoir sa vision, sinon ses objectifs. Si l’Union des forces pour l’alternance (UFA, opposition) a fini par demander à la population de se faire enregistrer sur ces fichiers biométriques, de nombreux petits partis politiques, électrons libres ou membres d’une coalition comme la Majorité Républicaine pour l’émergence ou l’Union des forces du changement (UFC), gesticulent et haussent également le ton pour se faire entendre.
D’une manière générale, tous les bords politiques du Gabon, même celui qui doutait de l’efficience du procédé ou en a constaté des défectuosités, appellent à l’enrôlement, comme par acquis de conscience. Et cela rappelle, dans une certaine mesure, l’argument du pari de Blaise Pascal, le philosophe et mathématicien français du XVIIe siècle, qui avait calculé que même si Dieu a fort peu de chances d’exister, cela coûte beaucoup plus cher si vous perdez votre pari. Il vaut mieux croire en Dieu car si vous gagnez votre pari, vous êtes bien placé pour gagner la félicité éternelle, et si vous perdez, cela ne changera absolument rien. En revanche, si vous ne croyez pas en Dieu et que vous perdez votre pari, vous y gagnez la damnation éternelle, alors que si vous perdez, cela ne changera rien. Tout compte fait, le choix est simple : il faut croire en Dieu. Dans l’argument du pari de Blaise Pascal, on pourrait, en l’occurrence, remplacer le mot «Dieu» par celui de «biométrie».
Et, le choix est simple : il faut miser sur l’enrôlement biométrique. Si ça marche, on en tirera de bons dividendes. Si ça ne marche pas, on n’aura vraiment rien perdu, c’est toujours comme ça.
Tout récemment, à la suite du Centre des Libéraux réformateurs (CLR) qui fustige le début de ce processus, les responsables du Parti gabonais du progrès (PGP) ont, à la faveur d’une série de causeries politiques entreprises à Port-Gentil durant le dernier week-end, appelé leurs militants à s’enrôler sur les listes électorales biométriques. Ainsi, le coordonnateur des activités du PGP dans le 2e arrondissement de la capitale économique, Yves Iwangou, a appelé la base de son parti à s’inscrire massivement sur les listes électorales biométriques, seule façon, pour son parti, de réaliser de bons scores lors des prochaines échéances électorales. Le PGP qui estime que «la biométrie devrait permettre l’organisation d’élections plus transparentes que par le passé», invite donc «les populations à aller massivement se faire enrôler, malgré quelques dysfonctionnements constatés dans l’organisation de cette opération, notamment de longues files d’attente».
Cependant, les responsables et militants du PGP s’étonnent, par exemple, qu’il n’y ait qu’un seul centre d’enregistrement par arrondissement dans la capitale économique ce qui occasionne les longues files devant le centre d’enregistrement.
Malgré ce constat, le PGP, de même que de nombreuses autres formations politiques, préfèrent continuer à inviter leurs membres à s’inscrire. Le non dit est clair. Le temps est ainsi propice au positionnement afin que le moment venu, nul ne soit oublié. «Il y en a qui ont vu que s’enrôler est difficile à cause des dysfonctionnements et de l’amateurisme de certains opérateurs. Mais ils ne le font même pas remarquer et ils demandent seulement à leurs militants d’aller s’inscrire. Ils pensent à l’après élection et espérant trouver une place au soleil», remarque un militant qui venait d’assister à un forum organisé par son parti.
